Certains en rêvaient, Jean-Luc Mélenchon l’a fait. Dimanche 18 mars, le Front de Gauche a pris la Bastille pour le premier meeting politique en plein air de la campagne 2012. Sur un air « d’insurrection civique » et de VIe République, le candidat a réitéré ses principes d’un partage des richesses ou de planification écologique, fers de lance de son programme « L’Humain d’abord ».
Crédité ces dernières heures de 11% des

intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon peut désormais se targuer de jouer dans la cour des grands. Et sa « prise de la Bastille », ce dimanche, confirme la montée en puissance de ce candidat atypique. Ses prises de position parfois radicales, son franc-parler et sa gouaille en ont fait un des personnages clés de cette campagne présidentielle.
Né en 1951 à Tanger (Maroc), d’un père télégraphiste et d’une mère institutrice, Jean-Luc Mélenchon a suivi des études de philosophie, avant de devenir tour à tour typographe, professeur, journaliste. C’est en mai 1968 que sa carrière politique s’affirme : dirigeant de l’Organisation communiste internationale à Besançon de 1972 à 1975 ; il rejoint le PS en 1977 ; Sénateur de l’Essonne en 1986 et ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans le gouvernement de Lionel Jospin de 2000 à 2002. C’est en 2008 qu’il prend définitivement ses distances avec le Parti socialiste et fonde le Parti de Gauche un an plus tard.
Jean-Luc Mélenchon propose sa candidature à l'élection présidentielle le 21 janvier 2011 et obtient successivement le soutien du Parti de gauche, de Gauche unitaire et de la Fédération pour une alternative sociale et écologique. Lors d'une consultation interne qui se tient du 16 et18 juin 2011, les militants communistes se prononcent majoritairement en faveur de sa candidature (59,12 %). Il devient ainsi le candidat officiel du Front de gauche pour l'élection présidentielle de 2012.
Jean-Luc Mélenchon et Habitat/logementDétails de ses propositions en faveur du logement, des énergies, du travail et des transports.
C’est un véritable « Plan d’urgence pour le logement et contre la spéculation immobilière » que propose Jean-Luc Mélenchon. Au programme, la construction de 200.000 logements publics sociaux par an pendant 5 ans, la réquisition des logements vacants ou encore la création d’un service public national et décentralisé du logement, de l’habitat et de la ville.
- Le logement social seul logement universel accessible à tous : le Front de Gauche entend « faire de nouveau du logement un droit et une priorité nationale ». Résultat, il souhaite abroger la loi Boutin et toutes les aides fiscales au logement spéculatif privé. Sera ainsi engagé « un plan d’urgence national pluriannuel de construction de 200.000 logements publics sociaux par an pendant cinq ans, comprenant un volet spécifique de logements étudiants et pour les jeunes ». Jean-Luc Mélenchon annonce un budget logement porté à 2% du PIB en crédits de paiement, ainsi « qu’une aide à la pierre à hauteur de 40% du coût des opérations avec des prêts publics bonifiés et de longue durée de remboursement. »
- Garantir le droit au maintien dans son logement par la mise en œuvre d’une sécurité locative mutualisée : les expulsions locatives de toute personne et famille en difficulté économique et sociale seront interdites. Une tarification sociale garantira « le droit et l’accès de toutes et tous à l’eau et à l’énergie ».
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- Suppression de la caution pour favoriser l’accès au logement dans le parc privé.
- Blocage, dans un premier temps, des loyers dans le public et encadrement de leur évolution dans le privé par le plafonnement des prix à la vente et à la location selon la tension dans les territoires. Garantir, dans un second temps, que la proportion du loyer et des charges dans le budget des familles n’excède pas 20% de leurs revenus.
- Loi de réquisition des logements vacants et plan de mobilisation des logements vides.
- Taxe sur les bureaux vides.
- Création d’un service public national et décentralisé du logement, de l’habitat et de la ville, décomposé en 4 volets :
*Pôle public financier, adossé à la CDC, pour financer le logement social
*Pôle public de la construction qui cassera le monopole des majors du BTP et permettra l’abaissement des loyers et des charges
*Agence nationale foncière et décentralisée au niveau des régions pour lutter contre la spéculation du sol par une maîtrise publique des sols via des baux emphytéotiques, et pour inciter à la construction de logements sociaux dans toutes les communes
*Outils publics ou à vocation publique pour la mise en œuvre localement du droit au logement
- Application résolue de la loi SRU élargie en remontant le seuil minimal de logements sociaux à 30% en zones tendues et à 25% sur le reste du territoire. « Dans les communes ne respectant pas la loi SRU, tout programme de construction de plus de 10 logements devra respecter le quota de 50% de logements sociaux. En cas de refus, le préfet pourra prendre d’autorité les dispositions nécessaires ».
- Pour l’ensemble du parc d’habitation public et privé, adoption de normes environnementales dans le but de réduire les factures énergétiques et les émissions de CO2, et favoriser l’émergence d’une filière de l’éco-construction.
Energie selon Jean-Luc Mélenchon« La planification écologique » est l’axe adopté par le Front de gauche pour redéfinir les modes de production, de consommation et d’échange. Objectif : enclencher une transition écologique et promouvoir un développement humain durable créateur d’emplois et facteur d’égalité sociale. Explications.
- Création d’un pôle 100% public de l’énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé. Les citoyens seraient associés à ce pôle.
- Abrogation de la loi NOME, qui contrait EDF à revendre à ses concurrents privés une partie de la production d’électricité des centrales nucléaires : cette « rente nucléaire » bénéficie au privé au nom de la concurrence, s’insurge le Front de Gauche.
- Tenue d’un grand débat national sur la politique énergétique en France : remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire, préparer le remplacement des énergies fossiles. Sans attendre, la réinternalisation de toutes les opérations de maintenance et de sûreté nucléaire sera engagée.
- Tarif social et progressif pour assurer l’accès à l’énergie de toutes et tous.
- Abrogation des lois de libéralisation de l’énergie.
- Lancement d’un réseau de géothermie profonde.
- Efforts en faveur de la recherche, des filières technologiques et industrielles, des investissements et de la formation pour le développement des énergies renouvelables et leur utilisation publique ainsi que pour le traitement des déchets issus de la filière nucléaire
- Création pour les particuliers d’une allocation sur condition de ressources pour financer la rénovation thermique des logements.
Jean-Luc Mélenchon et Economie-EntreprisesSolliciter les hauts revenus en taxant les revenus du capital comme ceux du travail. Tel est le leitmotiv du Front de Gauche qui entend « reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers ». Tour d’horizon des propositions en faveur de l’emploi et des entreprises.
- Création d’un pôle financier public par la mise en réseau des institutions financières publiques existantes (Oseo, CDC, Crédit Foncier, Banque postale), des banques et des assurances mutualistes. La gouvernance de ce pôle reposera sur des nouveaux pouvoirs exercés par les représentants de la nation, des salariés et leurs usagers. Cela devrait permettre de développer des missions spécifiques d’intérêt général en faveur du financement des PME, du logement et des collectivités territoriales.
- Mise en place d’une politique industrielle favorisant l’éco-développement, la réduction du temps de travail avec création d’emplois correspondants.
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- Révision du mandat des Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui permettent à tout porteur de projet viable - qu'il soit agricole, artisanal, de service, résidentiel ou environnemental - de s'installer en milieu rural).
- Révision du Code des marchés publics.
- Soutien à l’économie sociale et solidaire (ESS) et notamment aux coopératives : une aide financière sera accordée aux salariés qui reprennent ou créent leur entreprise sous forme de coopérative. Les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) – qui permettent d’associer salariés, usagers et collectivités territoriales dans des projets de développement local – seront également aidées.
- Reconstruire un tissu industriel diversifié.
- Abolir les pôles de compétitivité au profit de la constitution de pôles de coopération permettant de mieux lier recherche, emploi, formation et production.
- Relocaliser les activités et les circuits courts de distribution.
- Renforcer le soutien de l’Etat et des pouvoirs publics aux PME-PMI, « lesquelles sont aujourd’hui les plus créatrices d’emplois. »
- « Le CDI à plein temps sera réaffirmé comme norme du contrat de travail, le recours aux intérimaires et contrats à durée déterminée strictement encadré ». Ainsi, Le Front de gauche prévoit un quota maximal d’intérimaires et de CDD égal à 5% des effectifs dans les grandes entreprises et 10% dans les PME, sauf dérogation justifiée.
Infrastructures-transports d'après Jean-Luc MélenchonLe volet lié aux transports s’inscrit dans la politique environnementale que souhaite mettre en place le Front de Gauche. Détails.
- Lutte massive conte les émissions de gaz à effet de serre : toutes les politiques publiques devront concourir à cet objectif.
- Création d’un pôle national des transports publics favorisant le développement des transports collectifs et leur accès par toutes et tous.
- Abrogation des lois de libéralisation du rail.
- Fin des mesures de défiscalisation et exonération favorisant le transport aérien par les entreprises low-cost.
- Développement des transports ferroviaire, fluvial et maritime côtier : le ferroutage est la priorité. « Objectif : que tous les camions traversant notre pays entre la frontière belge et la frontière espagnole passent sur des trains.
- Le « versement transport » payé par les entreprises sera doublé, généralisé et modulé.
Source Batiactu