Avec la tuile mécanique, nos toitures ont fini par devenir plates comme des limandes. Mais l'offre s'élargit et la tuile irrégulière, nuancée, écornée est dans l'air du temps.
A droite) Proposée en trois formats et quatre nuances, la tuile "Patrimoine" (Aléonard) donne du caractère à toutes les toitures, y compris les plus récentes.
Inventée en 1841, la tuile mécanique a été une véritable révolution. En assurant l'étanchéité non par recouvrement d'une tuile sur l'autre, comme font les traditionnelles plates et canal, mais grâce à un jeu de chicanes emboîtées, elle a permis de réduire la quantité nécessaire pour recouvrir une toiture. En outre, moins coûteuse car fabriquée mécaniquement, elle a rapidement conquis le marché et couvert, dès la fin du XIXe siècle, les écoles, gares et pavillons ouvriers des faubourgs de Paris.
Désormais inscrite dans notre patrimoine, la tuile mécanique a d'ailleurs réintégré les catalogues des fabricants. À losange ou à côte, elle présentait à l'origine des dimensions raisonnables mais, petit à petit, elle s'est agrandie, aplanie, et les toitures sont devenues lisses comme des tablettes de chocolat et aussi esthétiques que de banales tôles ondulées. Triste pour nos belles maisons anciennes !
Envie d'authenticité
Forcément, la lassitude a fini par gagner, et avec elle le désir de préserver le cachet des maisons de pays (c'est obligatoire dans le périmètre d'un bâtiment classé). Pourtant, il y a encore peu, rénover une toiture ancienne à l'identique n'était pas chose aisée : il fallait se mettre en quête de tuiles de récupération, rares et coûteuses (et pas toutes de bonne qualité), ou d'un fabricant de tuiles artisanales, tout aussi rare, mais - il faut le noter - souvent moins cher que prévu. Aujourd'hui, on peut compter avec les industriels qui, répondant à la demande, proposent non pas des tuiles artisanales, mais "à l'ancienne". À présent, celles-ci représentent 20 à 25 % des ventes.
Deux familles de tuiles à l'ancienne
Même neuves, les couvertures en tuiles canal offrent (presque) toujours un beau rendu, y compris avec certaines tuiles mécaniques. Le caractère authentique est plus difficile à obtenir avec des tuiles plates. Deux familles sont proposées : les tuiles "monuments historiques" et les modèles "à l'ancienne". Les premières offrent une variété de nuances, de formats... ce qui permet de produire des toitures aussi belles qu'avant la rénovation. Mais leur épaisseur (au moins 15 mm) les réserve aux charpentes capables d'en supporter le poids. Les tuiles "à l'ancienne", marquées, nuancées, écornées, salies... offrent un joli cachet et présentent des épaisseurs de 10 à 12 mm adaptées aux charpentes modernes. Elles sont vendues par des industriels comme Aléonard, Imérys, Koramic, Monier, Terreal, mais aussi par des fabriques artisanales.
Pour autant, ne cherchez pas de tuiles artisanales chez les revendeurs traditionnels. Les tuileries vendent en direct. Perpétuant un savoir-faire à la fois familial et régional, elles utilisent des argiles locales, garantes d'une couverture intégrée dans sa région. Il resterait à peu près 150 fabriques artisanales en France (tuileries Aupeix, de Prony, de Puycheny, Lambert, Laurent...). Comment les trouver ? Sur Internet ou en interrogeant les Architectes des bâtiments de France (Services départementaux de l'architecture et du patrimoine, Sdap).
A savoir
- La tuile canal alterne une tuile de courant formant gouttière et une tuile de couvert, qui la recouvre. Elle n'est pas fixée et a tendance à glisser: elle convient aux toits faiblement pentus.
- La tuile plate est un rectangle muni ou non d'une ergot et de trous pour une fixation par clouage, ce qui autorise une pose sur des toits pentus (40° à 60°).
- En rénovation, ce n'est pas la tuile qui pèse sur le budget, mais la main d'oeuvre, l'échafaudage...Le surcoût d'une tuile" à l'ancienne " est faible.
À étudier donc.
Source Coté Maison par Marianne Tournier - Paru dans Maison Magazine de Mars-Avril 2012
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