Une ancienne carrière, à cheval entre le Val-Saint-Germain et Angervilliers, doit être aménagée avec les déblais du Grand Paris pour accueillir le futur parc solaire. Riverains et associations s’inquiètent des nuisances engendrées par le passage des camions durant plusieurs années.
« L’Hurepoix est-il destiné à devenir la poubelle du Grand Paris ? » L’inquiétude grandit parmi les membres des associations de défense de l’environnement autour de cette région naturelle de l’Essonne. Après une première bataille remportée autour du hameau d’Arpenty, à Bruyères-le-Châtel, ils s’apprêtent à repartir au combat contre ECT. Le groupe s’est spécialisé dans « la valorisation des terres de chantiers du BTP ».
Le projet qui sera présenté en réunion publique ce mardi 11 avril* porte sur les anciennes carrières d’exploitation d’argile de l’entreprise Wienerberger. Soit 19 ha, à cheval sur les communes du Val-Saint-Germain et d’Angervilliers.
Les services d’ECT sont déjà intervenus sur place à partir d’août 2021 pour reboucher trois imposants trous d’extraction, dont l’un était devenu au fil des années un lieu de baignade sauvage très prisé pendant l’été. À la place, une centrale photovoltaïque doit voir le jour. Un « aménagement sans coût pour la collectivité », promet ECT qui met en avant le « développement d’une énergie durable et bas carbone. » Le parking de l’ancienne usine devrait être transformé en dépôt pour une compagnie de transports de la vallée de Chevreuse.
100 camions par jour
Si, sur le papier, ce projet écologique peut séduire, les associations, elles, tirent la sonnette d’alarme. « Pour installer ces panneaux, ECT prévoit la création de trois collines, de 10 à 20 m de hauteur, détaille Danielle Albert, la présidente de l’association Vivre au Val. Pour cela, ils comptent sur les terres inertes provenant des travaux du Grand Paris. Autrement dit, des débris de démolition comme des parpaings, des briques ou encore des rochers. Ce projet de ferme solaire, c’est juste pour mieux faire passer la pilule. »
Selon les associations, 100 camions feraient l’aller-retour chaque jour de la semaine durant cinq ans pour apporter 1,3 million de m3 de terre. « Cela correspond à un camion toutes les 3 minutes entre 7 heures et 17 heures qui s’ajouteront au trafic actuel sur cette départementale, chiffre Danielle Albert. Sans oublier le futur parking pour la compagnie de transports qui ajoutera forcément de la circulation. »
ECT rappelle que depuis 2021, ses services ont régulièrement échangé avec les communes concernées et les associations locales. « Le site réalisé en réutilisant des terres excavées inertes des chantiers du BTP est conçu en pente douce avec différents paliers afin de favoriser une excellente insertion paysagère du nouvel aménagement qui ne sera visible ni du hameau du Marais, ni du sentier de grande randonnée GR 11D. Pendant le temps des apports de terres inertes, d’une durée inférieure à 4 ans, le projet prévoit, pour les camions, un contournement du hameau du Marais, à l’aller comme au retour. »
« Un non-sens environnemental »
Ce contournement longera les paddocks des chevaux des écuries du Marais, évitant ainsi des nuisances aux riverains. « Une butte de 4 m sera érigée d’un côté. Un mur de chanvre verra le jour de l’autre pour réduire les nuisances », indique Emmanuel Désert, le président de Breuillet nature. Un bail de 30 ans devrait être signé avec la propriétaire des lieux, également propriétaire du terrain concerné par la future ferme solaire.
Cette déviation, c’est la seule bonne nouvelle pour les riverains du hameau qui sont régulièrement impactés par le passage des véhicules le long de leur maison. La route y est très étroite. Le 14 juillet dernier, une voiture s’est ainsi encastrée dans un des garages.
« Mais même avec cette déviation, notre cadre de vie va être radicalement transformé. C’est un non-sens environnemental. Nous n’avons pas besoin de rehausser le terrain pour accueillir des panneaux photovoltaïques », alerte Danielle Albert. Les associations comptent notamment s’appuyer sur le projet d’exploitation de l’entreprise Wienerberger présenté en 2006 à la préfecture de l’Essonne. Celui-ci précisait que l’exploitant « prévoit dans son projet de remise en état de la carrière un reboisement de 19,44 ha » ainsi que « la création d’une vaste prairie avec trois étangs paysagers ». « Aucun apport de remblais extérieurs » n’était alors prévu.
Contacté, Serge Deloges, le maire (sans étiquette) du Val-Saint-Germain rappelle que ce projet est entre les mains de la propriétaire des lieux et de la société ECT. « Je me serais bien passé des nuisances, glisse-t-il. Mais cette friche doit être réhabilitée. » Dany Boyer, la maire (sans étiquette) d’Angervilliers, n’a pas souhaité s’exprimer.
*Réunion publique ce mardi 11 avril à partir de 18h30 à salle municipale, 93 bis rue du village au Val-Saint-Germain.
Source Le Parisien par Nolwenn Cosson