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08/05/2024

Australie: Les ingénieurs ont inventé des briques économes en énergie en valorisant des déchets

Les ingénieurs ont inventé des briques économes en énergie avec des déchets, notamment du verre, qui sont normalement destinés à la mise en décharge.

L’équipe peut fabriquer des briques économes en énergie dans une gamme de couleurs. 

Les ingénieurs de l’Université RMIT ont collaboré avec Visy – la plus grande entreprise de recyclage d’Australie – pour fabriquer des briques contenant au moins 15 % de déchets de verre et 20 % de déchets solides brûlés (cendres), en remplacement de l’argile.

Les résultats des tests indiquent que l'utilisation de ces briques dans la construction d'un bâtiment à un étage pourrait réduire les factures d'énergie des ménages jusqu'à 5 % par rapport aux briques ordinaires, grâce à une meilleure isolation.

Le remplacement de l'argile par des déchets dans la production de briques a permis de réduire la température de cuisson jusqu'à 20 % par rapport aux mélanges de briques standards, offrant ainsi des économies potentielles aux fabricants.

Le professeur agrégé Dilan Robert, chef d'équipe, a déclaré qu'environ 1,4 billion de briques étaient utilisées chaque année dans des projets de construction dans le monde.

« La production de briques, comme d'habitude, produit des émissions nocives – notamment du dioxyde de carbone, du dioxyde de soufre et du chlore – et met à rude épreuve nos ressources naturelles, en particulier l'argile », a déclaré Dilan, de l'école d'ingénierie du RMIT.

Les dernières recherches de l’équipe sont publiées dans la revue internationale Construction and Building Materials.

Potentiel de rendre nos maisons et nos lieux de travail plus économes en énergie

Les recherches de l’équipe ont montré que les nouvelles briques ont amélioré l’efficacité énergétique grâce à des performances thermiques améliorées et répondent à des normes strictes en matière de structure, de durabilité et de durabilité environnementale. La technologie répond aux principales exigences de conformité des briques en terre cuite définies par Standards Australia (AS 3700).

« Les briques jouent un rôle clé dans la prévention des pertes d'énergie dans les bâtiments », a déclaré Robert.

« Nous pouvons également produire des briques légères dans une gamme de couleurs allant du blanc au rouge foncé en modifiant nos formulations. »

Le Dr Biplob Pramanik, ingénieur environnemental de l’équipe RMIT, a déclaré que les nouvelles briques pouvaient être utilisées en toute sécurité dans les projets de construction.

« Nos briques, fabriquées à partir de déchets industriels, répondent aux réglementations environnementales de l'État », a-t-il déclaré.

Une « solution d’économie circulaire » à un défi majeur en matière de déchets

À Victoria, Visy recycle les emballages en verre pour en faire de nouvelles bouteilles et pots. Toutefois, les morceaux de verre inférieurs à 3 mm – appelés fines – ne peuvent pas être recyclés en bouteilles.

"Nous nous concentrons sur l'intensification du processus de production pour faciliter la commercialisation de nos briques innovantes en collaboration avec les fabricants de briques de Melbourne", a déclaré Robert.

Paul Andrich, chef de projet innovation chez Visy, a déclaré que l'entreprise était ravie de trouver une solution pour les matériaux qui ne peuvent pas être recyclés dans les emballages alimentaires et de boissons.

« Détourner ces déchets en briques avec une isolation supplémentaire, plutôt qu'en décharge, est une autre façon dont nous alimentons l'économie circulaire », a-t-il déclaré.

L'équipe de recherche souhaite collaborer avec les industries pour explorer les applications des déchets dans d'autres produits de construction.

Source AZO CleantTech par Laura Thomson

24/01/2024

Le signal prix suffit-il pour inciter au réemploi de matériaux de construction ?

Réemployer des matériaux de construction fait aujourd'hui son chemin. Mais le prix de cette pratique est-il vraiment compétitif par rapport aux matériaux neufs ? L'ifpeb s'est penché sur la question et met en avant l'intérêt en matière d'impact carbone.

Le signal prix suffit-il pour inciter au réemploi de matériaux de construction ? 

© HildaWegesLe réemploi en France représenterait moins de 1 % du gisement des déchets du bâtiment.

Le réemploi concerne toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets, sont utilisés à nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils ont été conçus. Aujourd'hui, le réemploi en France représenterait moins de 1 % du gisement des déchets du bâtiment, selon les derniers chiffres communiqués par l'Agence de la transition écologique (Ademe).

Pourtant, la réglementation place le réemploi comme une priorité dans la prévention des déchets. La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (loi Agec) acte quatre dispositions dont la création d'une filière à responsabilité élargie du producteur pour les déchets du bâtiment (REP PMCB), dont le cahier des charges des éco-organismes prévoit d'atteindre 4 % de matériaux réemployés en 2027 et 5 % en 2028. S'ajoutent un diagnostic déchets avant démolition et réhabilitation, intégrant la dimension réemploi (diagnostic PEMD), ou encore la mise en place d'objectifs de réemploi dans les achats des collectivités. Sans oublier la sortie du statut de déchets pour les matériaux à destination du réemploi.

En vigueur depuis 2022, la réglementation environnementale RE 2020 encourage aussi l'utilisation de matériaux et produits de réemploi ou de réutilisation dans les bâtiments neufs, car ils participent à la réduction de l'empreinte carbone des projets. Un matériau réemployé « est par essence vertueux », déclare Christophe Rodriguez, directeur général de l'Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb). « Quand on fait du réemploi, on évite l'achat d'un matériau neuf qui lui est lié à une écotaxe qui peut être modulée, ou pas. » Pour autant, il reste encore à sensibiliser les acteurs du bâtiment à passer l'action et à leur prouver l'intérêt du réemploi sur le plan technique et financier. C'est l'objet de l'étude que l'Ifpeb (1) a menée avec Cycle Up, A4MT (Booster du réemploi) et Alliance Économie. Le 9 janvier, ils en ont présenté les premiers enseignements pour comprendre l'équation économique du réemploi des matériaux de construction et accélérer la pratique.

Comprendre les différences de prix entre neuf et réemploi

“ La motivation première [pour le réemploi] est souvent de limiter l'impact carbone des flux ”

Christophe Rodriguez, Ifpeb

Les partenaires ont ainsi analysé les différences de prix entre des matériaux neufs et réemployés, en distinguant les flux directs (où le repreneur est identifié avant la dépose du matériau) et indirects (matériau acheté auprès d'un fournisseur, d'une plateforme ou d'un opérateur du reconditionnement) et en analysant les coûts poste par poste. Ils se sont aussi intéressés aux coûts de garantie équivalent à ceux du matériau neuf, et ils ont estimé les coûts en euros par unité fonctionnelle, selon les flux.

Les 21 familles de matériaux retenues (2) ont été sélectionnées parmi les 29 propices au réemploi désignées par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) en juillet 2022, en éliminant certains flux déjà structurés ou ceux disposant de trop peu de données. Pour chacun des 21 flux étudiés, ont été identifiés un à trois niveaux de gammes en neuf (bas, milieu et haut de gamme). C'est-à-dire une à trois familles de prix pratiqués sur des projets de construction classiques pour des prestations à destination comparable et entraînant un coût de réemploi équivalent.


Des coûts équivalents en moyenne

Décomposition du coût du réemploi direct et indirect vs neuf en fonction des niveau de gammes.


Résultats : sur les 21 flux analysés, le réemploi coûte en moyenne « le même prix » que le neuf. Les partenaires de l'étude relèvent toutefois un coût moins cher de 5 %, « si on considère du réemploi pratiqué sur les 21 familles de matériaux en substitution de matériaux bas de gamme ou moyen de gamme ».

Le coût de reconditionnement (préparation, et requalification) pèse 40 % du coût du réemploi, ce qui n'est pas négligeable. Or, s'agissant des radiateurs étudiés, un des exemples étudiés, « il y a beaucoup de coûts de requalification, si on veut les réutiliser. Très vite, ils peuvent coûter chers par rapport à des radiateurs neufs », note Christophe Rodriguez. Idem pour la charpente à ossature bois, même si elle a des bénéfices bas carbone importants, sa requalification est aussi coûteuse par rapport au matériau neuf de milieu de gamme par exemple, soit 47 % plus cher en réemploi.

En revanche, quand il s'agit de matériaux bas de gamme, l'étude recense des flux pour lesquels le réemploi reste bien moins cher que le neuf, comme les lavabos (-30 %) ou les réglettes (-59 %).

Ainsi, pour maîtriser l'équation économique du réemploi, se pose donc la question du niveau de gamme du matériau neuf substitué. Il s'agit aussi de cibler des flux dits « faciles », c'est-à-dire ceux qui nécessitent peu de requalification technique et pour lesquels des filières de reconditionnement se structurent.

La motivation première du réemploi est l'impact carbone

« Aujourd'hui, on dresse un bilan mitigé sur le réemploi pouvant faire gagner de l'argent, et on ne voit pas encore un signal-prix intrinsèque. Or, la motivation première est souvent de limiter l'impact carbone des flux. Car quand je fais du réemploi, j'évite la fabrication d'un matériau neuf et donc des émissions carbone évitées », conclut Christophe Rodriguez. En mettant en œuvre des « flux faciles et ambitieux » de matériaux de réemploi, le Booster du réemploi a par exemple estimé un potentiel d'économies carbone totale de 45 kgeqCO2/m2 pour des projets de logements. Soit « jusqu'à 64 % de l'effort à fournir pour respecter le seuil Ic construction fixé en 2025 et 2028 de la RE 2020 », a indiqué Julie Obadia, chargée de projet. Et une économie carbone totale de 100 kgeqCO2/m2 pour des bâtiments tertiaires neufs, « soit 100 % de l'effort à fournir ».

1. Télécharger l'étude de l'Ifpeb

https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43289-etude-ifpeb-cout-economique-reemploi.pdf

2. Les matériaux de construction passés au crible sont: ardoises, blocs autonomes d'éclairage de sécurité (BAES), bardages pierre naturelle ou assimilé, briques pleines, charpentes en bois, ossatures en bois, charpentes métalliques, ossatures métalliques, chemins de câble, cloisons amovibles vitrées , cuvettes WC, dalles gravaillonées, garde-corps métalliques, lavabos, moquettes, parquets massifs, plafonds suspendus, planchers surélevés, portes intérieures (sans contrainte feu ou acoustique), radiateurs à eau fonte/acier, réglettes, robinetteries sanitaires / mitigeurs, tuiles.

Source Actu Environnement par R. Boughriet

19/04/2023

L'économie circulaire monte en puissance

Avec à peine 1% des matériaux de construction réutilisés in ou ex situ, le réemploi est encore une activité très marginale. Mais de nouvelles perspectives s'offrent aux produits de seconde main.

Le réemploi, ce sont des matériaux qui alimentent l'économie circulaire, mais aussi l'économie tout court. C'est le cas de Cycle Up qui, de trois salariés lors de sa création en 2018, a atteint les 45 collaborateurs cette année. Débutant avec la mise en ligne d'une place de marché puis l'accompagnement de projets, elle a aussi ouvert des lieux physiques afin de gérer des flux de matériaux de construction pour les reconditionner et les remettre dans le circuit. Cela concerne des faux planchers, des radiateurs, des luminaires ou encore des parquets. Mais afin de limiter la logistique et le coût du transport, des matériaux tels que les briques ne passent pas par cette étape et sont utilisés directement de chantier à chantier. L'entreprise s'adresse à toutes les familles de produits, que ce soit des cuvettes sanitaires, du chemin de câble, des groupes de froid ou encore des éléments de régulation de chaudières.

Source Les Cahiers Techniques du Batiment par Steve Carpentier