Basée à Arques, Astradec, spécialisée dans la collecte et le traitement de déchets, inaugure ce 28 juin son centre de décharge de classe 3 pour produits inertes, sur le site des anciennes tuileries Wœstelandt à Nieurlet, dont elle est propriétaire depuis un an. Le dépôt de déchets inertes débute cet été.
L’arrivée des produits inertes sur l’ancien site Wœstelandt est soumise à un protocole propre à tous les centres de stockage.
Elle voulait s’intégrer « sans heurts ». L’entreprise Astradec, spécialisée dans la gestion des déchets, s’installe sur le site des anciens établissements Wœstelandt. Par la voix de son directeur général, Vincent Joosten, elle a tenu à rassurer quant à l’encadrement de l’activité qu’elle exercera sur le site dont elle est propriétaire depuis un an, rue de Booneghem.
Celle-ci s’établit en deux parties. L’exploitation de la carrière par l’extraction d’argile sera réalisée par une société spécialisée. « Nous sous-traitons cette partie car ce n’est pas le métier d’Astradec », explique le directeur général. La société intervient dans un second temps, en assurant la partie remblaiement par des déchets inertes issus de ses clients industriels. Une procédure au protocole précis. « Il ne faut pas confondre décharge et carrière. Le site est un centre de stockage de déchets inertes. Sous la couverte de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, nous sommes tenus de justifier la provenance et la quantité des inertes, reprend Vincent Joosten. Il y a une traçabilité de tout ce qui entre sur le site. Les zones où seront stockés les inertes seront identifiées. Le suivi est imposé pendant une durée de dix ans. Tout sera consigné informatiquement. Nous sommes obligés de respecter une qualité physique et chimique, des distances et des profondeurs. Ce n’est pas typique de la carrière de Nieurlet, c’est l’encadrement exigé pour tous les centres. »
Selon ces codes, Astradec va évacuer une partie des déchets stockés sur son site d’Arques pour procéder au remblaiement progressif de la carrière nieurletoise. « 15 000 tonnes ne vont pas arriver d’un coup, précise le directeur. Le gisement à Arques est composé de 5 000 à 6 000 tonnes. Des matières que nous ne réussirons pas à valoriser. » Ces produits sont issus de travaux de démolition, de travaux publics ou de voirie, de séparation mécanique. Par lots de 500 tonnes, ils seront analysés afin de vérifier s’ils correspondent à la nomenclature.
Priorité à la sécurisation du site
Le démarrage de l’activité d’Astradec suit un calendrier de travaux. Un an après la prise de possession du site, la société peaufine son plan d’actions en commençant par sécuriser les lieux. Le diagnostic terminé, une première phase a permis l’évacuation des produits chimiques et ceux considérés comme dangereux, restés sur place. « Nous avons nettoyé et dégazé les cuves de carburant, et démonté un mur qui s’effondrait. »
Il n’y a rien à sauver des bâtiments qui abritaient l’ancienne tuilerie. Ils seront rasés pour permettre d’accueillir un projet immobilier. Photo archives Marc Demeure.
La prochaine étape sera consacrée au démantèlement de l’outil. À l’abandon depuis quelques années, les bâtiments qui abritaient la fabrication de tuiles s’effondrent. le vent s’y engouffre et les toits s’effritent. « Il n’y a rien à sauver, avance Vincent Joosten, on ne peut rien faire de ces bâtiments. Après le démantèlement, tout sera démoli puis rasé. » Cela libérera un espace foncier. Un projet immobilier devrait s’installer en lieu et place des anciennes tuileries. Astradec, qui a pour objectif de vendre cette parcelle, n’en sera pas le promoteur.
Tant qu’ils ne sont pas démontés, ces locaux permettront d’abriter, dans les anciens bureaux, les deux géants nieurletois, selon un accord convenu entre l’entreprise et la municipalité.
« Le moins de nuisances possibles »
Passages fréquents de camions, envol de particules dans un secteur où circulent les enfants de l’école et dévaluation des habitations : lors de la dernière manifestation, les craintes des riverains étaient multiples. « Nous allons travailler pour faire le moins de nuisance possible », assure Vincent Joosten, le directeur général d’Astradec. Ce dernier s’est entretenu avec la municipalité pour s’accorder sur la vitesse et les horaires de passage des véhicules qui emprunteront la rue de la Mairie pour se rendre sur le site, route de Booneghem. Des créneaux ont été fixés pour éviter que des camions ne circulent lors des entrées et sorties d’élèves aux abords de l’école. Quant à la vitesse, elle est dans cette rue limitée à 30 km/h.
Le nombre de camions a également été évoqué. « Il n’y aura pas d’évacuation régulière tous les jours mais, selon les besoins d’un chantier, il peut y avoir un pic d’activité sur une période restreinte, prévient le directeur, cela augmentera la rotation des véhicules. Dans ce cas, nous préférons communiquer et nous informerons la population. »
Un comité de suivi
Sur recommandation du médiateur nommé par le sous-préfet, un comité de suivi sera tenu une à deux fois par an afin d’effectuer un contrôle ponctuel de l’activité, « vérifier le respect des engagements ». Il est composé de Dominique Marquis, maire de Nieurlet, accompagné des premier et quatrième adjoints, du président de la communauté de communes des Hauts de Flandre, du député Jean-Pierre Decool et de Vincent Joosten d’Astradec.
L’association NPN, détractrice du projet, « vigilante »
Amers, les membres de l’asssociation Nieurlet patrimoine nature espèrent obtenir des informations sur «
les process d’exploitation
».
Face au projet industriel avancé par Astradec, plusieurs Nieurletois, dénonçant les nuisances en plein cœur du village, s’étaient rassemblés pour réfléchir à un projet de substitution. Les plans étaient bien avancés. Il s’agissait de créer un site d’éducation à l’environnement mettant en valeur le passé industriel de la commune et son potentiel touristique. Pour que cette alternative puisse voir le jour, ils avaient sollicité l’aide de l’Établissement public foncier. La procédure engagée, il ne restait qu’une signature à obtenir, celle du maire Dominique Marquis. « Je n’ai pas signé la convention car il était impossible de chiffrer le projet, explique ce dernier, je ne peux pas signer et risquer de mettre en faillite la commune. »
Depuis la signature de rachat du site par Astradec, l’association Nieurlet patrimoine nature (NPN), qui rassemblait 69 adhérents en 2015-2016, a dû abandonner ce projet de remplacement. « Ce n’était pourtant pas irréaliste », regrette Sylvianne Wignacourt, chargée de communication de NPN. Aujourd’hui, ses membres restent vigilants. « Nous attendons d’Astradec la plus grande transparence sur ses process d’exploitation, ainsi que sa prise en compte de la biodiversité dans la gestion du site. » Composé de personnes « qui ont des compétences techniques », le bureau de l’association souhaite avoir accès aux contrôles qui seront effectués sur les déchets inertes. « De la municipalité, nous attendons qu’elle engage une discussion avec le nouvel exploitant sur les modalités de traitement de l’immobilier de l’ancienne tuilerie, en élaborant une démarche respectueusement de l’environnement, du cadre de vie et des habitants. » Enfin, inquiète vis-à-vis de la valeur des habitations, la NPN entend poursuivre ses actions « pour préserver la sécurité et la santé de la population ».
De son côté, Dominique Marquis continue de défendre le potentiel touristique de la commune. « Nieurlet est toujours autant attractif. Des randonneurs dunkerquois sont d’ailleurs venus récemment découvrir le village et son marais. »
Source La Voix du Nord PAR GIULIA DE MEULEMEESTER