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17/07/2016

Lyon accueille TERRA Award et Congrès mondial sur les architectures de terre

Le XIIe Congrès mondial sur les constructions en terre et TERRA Award – prix mondial des architectures contemporaines en terre – viennent de marquer le point d’orgue de la très riche série de manifestations tenues à Lyon, autour de ce matériau aux potentialités multipliées par les recherches actuelles.
Pour accueillir la première édition du TERRA Award et le XIIe Congrès mondial sur les architectures de terre, quelle cité plus appropriée que Lyon, forte avec ses environs d’un patrimoine multiséculaire bâti en pisé ? A L’Isle-d’Abeau toute proche, l’opération de logements sociaux « Domaine de la terre » suscita, voici trente ans, de fécondes expérimentations, tels les blocs de terre comprimée, la terre armée ou allégée.
Patrimoine et expérimentation constructive, de même, étaient les deux pôles du congrès organisé du 11 au 14 juillet. Point d’antagonisme entre eux : ainsi le TERRA Award, logiquement tourné vers la prospective, a consacré dans sa catégorie Aménagement intérieur la restauration d’un édifice historique, le fort Al Jahili à Abou Dhabi, à l’intérieur duquel les 22° obtenus résultent non seulement des 90 cm d’épaisseur des murs en adobe – briques de terre crue – mais aussi de 12 km de serpentins diffusant de l’eau froide dans leur enduit à l’argile.
Lever les freins à la construction en terre
C’est le maniement sommaire d’ancestrales techniques d’adobe qui causa l’écroulement des constructions lors du tremblement de terre ayant frappé le Pérou, a expliqué Marcial Blondet, de l’université catholique nationale. Depuis, lui et son équipe parcourent le pays pour montrer comment rebâtir en disposant autour des murs d’adobe une maille en géotextile ou nylon, peu coûteuse et à effet anti-sismique établi. Multiples de par le monde sont les initiatives locales ou les actions de coopération internationale visant à relancer des savoir-faire constructifs en terre, pour leurs considérables atouts économiques – matériau disponible gratuitement sur place, chantier n’exigeant pas d’équipements techniques sophistiqués, relocalisation de la main-d’oeuvre – et fonctionnels, principalement de régulation thermique.
Le TERRA Award, catégorie Bâtiment d’activité, récompense le marché central de Koudougou au Burkina Faso : une construction de 27 750 m2 où les traditions locales sont réactivées au travers de la technique des blocs en terre comprimée, appareillés en murs, voûtes et coupoles.
Les freins à l’essor de la construction en terre sont identiques dans les pays développés ou ceux en développement : techniques parfois inappropriées, manque de coordination entre professionnels et de soutien institutionnel, carence en référentiels techniques. A quoi s’ajoute, dans nos pays, un coût supposé supérieur, en raison du peu de rationalisation et d’industrialisation de la filière. En plus de la préfabrication, comme pour les blocs de pisé qu’Herzog et de Meuron ont utilisé pour les façades du Ricola Kraüterzentrum de Laufen en Suisse, nominé au TERRA Award, quatre pistes principales se présentent afin de diminuer les coûts, en termes de chantier global : utiliser la terre au maximum de ses capacités de régulation thermique naturelle, améliorer son ouvrabilité, aller vers des entreprises qui conçoivent en plus de réaliser, récupérer les terres de déblais.
Béton d’argile et mur chauffant
Perfectionner et rationaliser l’ouvrabilité du matériau est au centre des recherches. Des enseignants-chercheurs de l’ETH de Zürich étudient comment le sodium silicate et le sodium hexametaphosphate, par défloculation, lui permettent d’être coulé avec très peu d’eau : il agit alors comme un béton d’argile auto-plaçant.
Quant au procédé du mur chauffant Hélioterre présenté par des chercheurs toulousains (CNRS, IRIT, Centre de Terre) et bénéficiant d’un agrément ATEX du CSTB, il pousse le potentiel thermique du matériau au-delà de sa seule capacité de régulation. Hélioterre consiste en un double mur de façade : paroi interne en briques de terre crue et parcouru d’un serpentin en polyéthylène réticulé, paroi externe en blocs chaux-chanvre avec entrée d’air en partie basse et extraction en partie haute, pour créer une lame d’air dans le vide entre les deux parois. La paroi interne, avec son simple enduit en terre crue, absorbe la vapeur d’eau ambiante (respiration, transpiration des occupants…) du fait de l’effet de tension généré par la différence entre températures extérieure et intérieure. Cette vapeur se condense dans le mur, et y diffuse sa chaleur latente. Le mur agit tel un chauffage par le sol.
LE MONITEUR.FR par Gabriel Ehret 

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