Comment s'annonce la fin de l'année pour
les entreprises de gros œuvre ?Nos entreprises vivent actuellement sur leurs carnets de commandes qui sont extrêmement variables d'une entreprise à l'autre. Un grand nombre d'entre elles ont un volume de travail d'environ 2 à 4 mois, mais certaines ont beaucoup plus. Et grâce à la petite bouffée d'oxygène due à un regain de travaux avant l'été, nous allons, dans l'ensemble, finir l'année correctement. Mais le plus inquiétant est le manque de visibilité sur les prochains mois.
Vous pensez que 2012 sera encore difficile pour vos entreprises ?
On peut se demander si on ne va pas encore rentrer dans une crise en 2012. Si nous regardons en arrière, en juin/juillet 2008, l'activité était plutôt bien orientée, mais s'est effondrée en septembre. Cette année, le phénomène est moins fort même si nous avons le sentiment d'un tassement de l'activité. A ce ralentissement de projets structurants s'ajoute bien évidemment la période électorale qui gèle de façon assez traditionnelle les décisions de projets. Le temps que tout se remette en ordre de marche, il ne devrait pas y avoir de reprise avant l'automne 2012. Pour ne pas licencier pendant ces années de crise, nous avons puisé dans nos bas de laine qui sont vides aujourd'hui. Nous devons pourtant reconstituer nos trésoreries, mises à mal, sinon nos entreprises seront en danger, surtout celles qui ont entre 30 et 60 salariés qui souffrent le plus actuellement.
Ce danger ne vient-il pas non plus des prix bas pratiqués ?
En effet, la pression sur les prix ne faiblit pas. Elle aurait même tendance à s'accélérer. Par exemple, là où il y a 3 ans, nous étions trois à quatre maçons à répondre à un marché de réhabilitation, nous sommes aujourd'hui 15, parmi lesquels des entreprises structurées de 30 à 40 salariés dont l'activité porte normalement sur le secteur du neuf. Ce glissement est d'autant plus dangereux que les investissements consentis en matériels par ces entreprises sont plus importants pour la construction neuve que ceux pour la réhabilitation et souvent inadaptés. Il est vrai qu'en temps de crise, les entreprises ont tendance à aller sur des marchés qu'elles maîtrisent moins que leur marché habituel.
La montée en puissance de la RT 2012 devrait avoir lieu fin 2011 début 2012. Quels seront ses effets sur vos activités ?
Nous ne sommes pas les premiers concernés par l'application de la RT 2012. Cependant, nos métiers de maçonnerie-gros œuvre peuvent légitimement s'octroyer 15 % de ce marché. Notamment en ce qui concerne l'étanchéité à l'air. Et s'il y a un message à faire passer auprès de nos entreprises qui s'inquiètent de cette étape essentielle de la réglementation thermique, c'est bien de les rassurer. Car l'étanchéité à l'air nécessite simplement l'application de quelques bonnes règles de construction, que certaines entreprises ont peut-être oubliées. Cette obligation considérée comme une contrainte a le mérite de souligner la qualité du travail tout en apprenant à mieux se coordonner avec les autres corps d'état et à développer nos relations avec la maîtrise d'œuvre. Quoiqu'il en soit, les chantiers issus des réglementations, thermique, mais aussi sismique, sont à plus forte valeur ajoutée et donc intéressants pour nos entreprises.
Avec la mise en place du Grenelle de l'Environnement, la filière maçonnerie a donné l'impression d'être suiveuse par rapport à celle du bois. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Nous avons souffert en effet d'un déficit d'image, mais c'est beaucoup moins le cas actuellement. Il n'est pas question de nous lancer dans une guerre avec le bois. Notre filière sait faire des bâtiments BBC. Ce que nous demandons par contre, c'est que le choix du matériau soit basé sur des critères objectifs et non pas par effet de mode. En attendant, nous espérons que le Grenelle démarre très vite pour en ressentir les effets.
Source LE MONITEUR.FR propos recueillis par Frédérique Vergne et Florent Lacas






































