76 millions d’euros. C’est le montant que le groupe de BTP Bouyer Leroux (solutions éco-performantes pour l’habitat), dans le Maine-et-Loire, va injecter dans son outil de production à horizon 2027. D’ici là, la trajectoire est claire : atteindre 90% d’énergie décarbonée sur ses 7 sites de production dédiés à la fabrication de briques en terre cuite.
La Scop vise un objectif : 90% d'énergie décarbonée à horizon 2027 sur ses sept sites de production.
40 ans se sont écoulés depuis que le Groupe Bouyer Leroux (La Séguinière) a lancé sa démarche de transition énergétique initiée, en 1983, avec l'investissement du premier foyer bois à Saint-Martin-des-Fontaines (Vendée). Depuis, quelques grandes dates ont marqué sa politique en faveur de l'environnement. Retenons, par exemple, 2010 avec l'alimentation en biogaz de l'usine de La Séguinière (Maine-et-Loire) et 2018 avec la présentation de sa stratégie énergétique.
Aujourd'hui, l'industriel s'inscrit dans la continuité avec plusieurs objectifs : gérer de manière responsable la ressource, l'argile, maîtriser ses consommations et favoriser le recours aux énergies décarbonées, produire de l'électricité verte pour couvrir les consommations électriques de ses sites ou encore proposer des solutions constructives performantes qui contribuent à limiter les émissions de gaz à effet de serre conformément aux exigences carbone de la RE2020 et aux abaissements des seuils de l'IC construction en 2025 (-17%), 2028 (-10% complémentaire) et 2031 (-13% en plus).
Pour y parvenir, la Scop Bouyer Leroux, qui s'affiche comme le leader français des briques de mur et briques de cloison en terre cuite à travers sa marque bio'bric (550 salaries), a engagé un plan d'investissement de plus de 76 millions d'euros à l'horizon 2027. « Initialement, ce plan était étalé jusqu'à 2025 mais la crise sanitaire a décalé le calendrier de deux ans. Et l'inflation a fait grimper l'enveloppe de 16 millions d'euros », précise Pierre-Alexandre Cheminel, le directeur général adjoint.
Objectif : 90% d'énergie décarbonée
Dans le cadre de cette stratégie, la Scop vise un objectif : 90% d'énergie décarbonée à horizon 2027 sur ses sept sites de production dédiés aux solutions constructives en terre cuite. À fin 2022, 5 de ses usines -La Séguinière, Mably (Loire), Colomiers (Haute-Garonne), Gironde-sur-Dropt (Gironde), Saint-Martin-des-Fontaines- affichaient un taux moyen de décarbonation de 45%.
Un premier chantier va concerner La Séguinière qui est le plus grand site de production de briques en France (100 personnes). Il fournit chaque année 300.000 tonnes de briques, soit l'équivalent de 18.000 maisons. Pour chauffer ses fours, Bouyer Leroux utilise du gaz (50%), du biogaz (10%) et des bio-combustibles, comme de la sciure de bois (40%). Le foyer bois d'une puissance de 10MW, en cours de construction, sera mis en service au cours du premier trimestre 2024. Cet investissement, chiffré à 13,2 millions d'euros (dont 1,83 million d'euros subventionné par l'Ademe), permettra au site de passer de 50% à plus de 85% d'énergie décarbonée (15% gaz - 10% biogaz - 40% sciure de bois et 35% bois éco-mobilier) d'ici à 2024.
Bouyer Leroux souhaite s'appuyer sur ce site pour intégrer dans ses briques des bio-combustibles à horizon 2026, moyennant 5 millions d'euros d'investissement. « L'intégration de biocombustibles au mélange d'argile permet de cuire les briques en avant feu du four. Les biocombustibles s'auto-enflamment au contact de l'air chaud, libérant de l'énergie de cuisson, et rendant la brique plus légère et isolante », explique le groupe.
Sur le site de Gironde-sur-Dropt (52 personnes), qui fournit 150.000 tonnes de briques (soit l'équivalent de 9.000 maisons), la modernisation de la ligne de production va elle aussi permettre de gagner en efficacité énergétique. Les travaux (13 millions d'euros) commenceront en août 2024 pour une mise en service « au 1er trimestre 2025 », indique Pierre-Alexandre Cheminel. La consommation énergétique totale du site diminuera alors de 15% et sera décarbonée à hauteur de 85% après travaux.
Au final, ces deux projets permettront d'augmenter de 12% la part d'énergie décarbonée utilisée pour la production des briques bio'Bric en France.
Produire de l'électricité verte
La Scop prévoit aussi de construire une usine à biomasse sur le site de Mably pour une mise en service prévue en 2025. Le budget est estimé à 9,2 millions d'euros. Ici, l'objectif de décarbonation est de 75%. Le projet consiste à installer une usine de préparation de biomasse, issue d'un sourcing local, avec broyage et séchage, et à équiper le four de brûleurs adaptés pour son utilisation pour la cuisson des briques.
Concernant le site vendéen de Saint-Martin-des- Fontaines, qui utilise déjà de la sciure de bois, la Scop Bouyer Leroux mène actuellement un projet de recherche et développement pour l'utilisation du gaz de synthèse qui est, selon le groupe, une technologie intéressante à explorer pour décarboner son process. Des études seraient en cours.
Autre projet à l'étude : l'installation de panneaux photovoltaïques sur des ombrières au sol sur les parcs ou sur d'anciens gisements d'argile. Pour l'heure, les trois projets les plus avancés (les permis de construire sont lancés) concernent les sites de La Boissière du Doré (Loire-Atlantique) et Mably qui tournent en flux continu sept jours sur sept et 24 heures sur 24, et celui de Saint-Marcellin-en-Forez (42), pour une puissance respective de 6,9 MWc, 4,6 MWc et 5,3 MWc. « La production sera supérieure à notre consommation. Une partie de l'énergie produite permettra de couvrir une partie de nos besoins électriques à horizon 2027. Le reste sera injecté dans le réseau », conclut Pierre-Alexandre Cheminel.
Domicilié à la Séguignière (Maine-et-Loire), le groupe Bouyer Leroux compte, aujourd'hui, 2.000 collaborateurs dont 875 en Pays de la Loire. Il dispose de 30 sites industriels (28 en France et 2 en Belgique) et réalise un chiffre d'affaires de 540 millions d'euros (x 7 en 10 ans), clos fin septembre 2023. Son ambition est de porter la part de la rénovation à 60% de son chiffre d'affaires qui devrait atteindre 750 millions d'euros d'ici à 2030.
Source La Tribune.fr par Florence Falvy