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04/11/2024

Marseille, des artisans transforment la terre crue en briques écologiques

À l’Est de Marseille, quatre artisans passionnés de construction durable ont fondé l’association Raz-de-terre. Ils transforment la terre crue issue de chantiers en briques écologiques destinées aux professionnels du bâtiment.

La terre crue, utilisée depuis onze millénaires, demeure à ce jour le matériau de construction le plus répandu à travers le monde. Un tiers de l’humanité vit dans un habitat en terre, soit plus de deux milliards de personnes. En France, celle-ci représente environ 15% du bâti, mais elle n’est que très peu intégrée dans les projets d’aménagement contemporains où le béton domine.

L’association Raz-de-Terre s’est donnée pour mission de rendre ses lettres de noblesse à cet élément ancestral, aux nombreux atouts. Léa Bouillot, Vincent Morossini, Romain Kowalczyk et Yannis Moncelon se sont rencontrés lors d’une formation en éco-construction, avant de lancer la première briqueterie artisanale marseillaise en janvier dernier.

Les quatre jeunes artisans, tous en reconversion professionnelle, ont voulu apporter leur pierre à l’édifice pour développer la construction et la rénovation durable en utilisant, comme support, cette « ressource précieuse, aussi abordable qu’accessible. Elle est littéralement partout sous nos pieds », fait valoir Vincent.

Une « recette » différente pour chaque terre

À partir de terre excavée sur les chantiers de terrassement, le collectif produit des briques (ou « adobes »), du mortier et de l’enduit thermique, destinés aux professionnels du bâtiment. « On cherche une terre solide, qui ne se fissure pas et ne s’effrite pas trop sur le long terme », ajoute Léa, qui a quitté son bureau d’architecte d’intérieur pour « mettre les mains dans le concret ».

Après la collecte, place à une série de tests pour élaborer la « recette » la mieux adaptée, car « chaque prélèvement est unique et réagit différemment ». L’équipe y ajoute donc des dosages différents d’eau, de paille hachée et, parfois, de sable.

Ce mélange est ensuite foulé aux pieds sur des bâches ou, pour de plus grandes quantités, remué dans une cuve à l’aide d’un malaxeur, le seul outil électrique utilisé par l’association. Une fois moulées, les briques sèchent pendant trois semaines, à l’aide du soleil et du vent, avant de pouvoir être utilisées en construction.

Une ressource traitée comme un déchet

Les monticules stockés sur le tiers-lieu du Grain de la vallée (11e), où est installée l’association, témoignent par leurs différents tons ocres de la diversité des terres que l’on peut trouver dans la région. « Le bassin aubagnais regorge de veines d’argile, ce qui offre une très bonne cohésion », note Romain.

Cette matière graveleuse est pourtant traitée comme un déchet à éliminer après des travaux. Pour Léa, « c’est un non-sens de voir toute cette terre partir en décharge ».

Les terres extraites du sol et du sous-sol représentent en volume le premier déchet produit en France, avec plus de 100 millions de tonnes déplacées chaque année. Pour s’économiser les frais de déchèterie, « certains terrassiers la revendent en tant que terre végétale ou de remblais ». L’association rachète le surplus directement aux entreprises, qui fixent leur propre prix.

Un savoir-faire artisanal au service de la construction durable

Les membres de Raz-de-terre estiment avoir déjà prélevé et valorisé environ 75 m3 de terre crue autour de Marseille, soit l’équivalent de 150 m2 de briques. Ils sont en capacité de produire 200 briques par jour, disponibles en plusieurs formats : pour murs porteurs, d’isolation, de cloisonnement…

« Pour l’instant, nous travaillons principalement avec des artisans et des architectes locaux intéressés par l’éco-construction », souligne Léa. Le restaurant de cuisine solaire Le Présage (13e), par exemple, a utilisé des adobes pour créer un muret thermique à base de terre excavée sur place.

Raz-de-terre travaille sans machines, à l’exception d’un crible fabriqué par les membres l’association.

Avec des propriétés d’isolation thermique, régulatrice d’humidité et réemployable à l’infini, la terre crue connaît en ce moment un regain d’intérêt pour ses qualités et son empreinte carbone quasi nulle, en-dehors du transport. Ce qui en fait une alternative écologique au béton ou même à la chaux, qui nécessite de broyer puis de chauffer du calcaire.

Cependant, sa mise en œuvre s’avère coûteuse et délicate par manque de main d’œuvre qualifiée. Son imprévisibilité « est un avantage pour nous, mais un inconvénient pour les industriels, remarque Romain. Ils ne peuvent pas normer ce produit et le produire en grandes quantités ». « Les personnes qui l’industrialisent essayent d’y ajouter du ciment, mais on perd alors tout un tas de propriétés intéressantes », renchérit Léa.

Des ateliers pour démocratiser la terre crue

De plus, ce matériau naturel fait encore l’objet de nombreux préjugés tenaces. Il est perçu comme fragile, obsolète ou pas assez fiable par les constructeurs et professionnels du bâtiment, l’un des secteurs les plus polluants mondialement avec près de 40 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre.

C’est pourquoi Raz-de-terre tient avant tout à sensibiliser pour « faire évoluer les mentalités et démocratiser l’usage de la terre crue ». Le collectif d’artisans se déplace dans les écoles d’architecture et de maçonnerie de la région. À travers des ateliers d’initiation mensuels, ils invitent aussi le grand public à découvrir cette ressource en participant à la fabrication de briques ou de mortier.

« Tout le monde redevient un peu un enfant au contact de la terre. On met les mains et les pieds dans la matière, il n’y a rien de dangereux ou de nocif », note Léa. « C’est un peu comme de la pâte à modeler », plaisante Romain.

Samedi 26 octobre de 9h à 17h, le collectif animera un grand chantier participatif, avec lequel l’association espère pouvoir terminer son abri à matériaux à temps pour la saison hivernale. Mais c’est aussi l’occasion pour les curieux de mettre la main (et les pieds) à la pâte. Et de s’informer sur les enjeux de cette ressource d’avenir.

Source Made In Marseille par Olivia Chaber


13/09/2024

Sevran : fermée faute de liquidités, la fabrique de briques en terre crue a-t-elle encore un avenir ?

La fabrique de Cycle Terre, basée à Sevran et qui réutilisait des déblais extraits de chantiers environnants pour construire des briques en terre crue pour le BTP, a fermé ses portes en avril, par manque de financements. Depuis, la société coopérative est en négociations avec de nouveaux investisseurs pour relancer l’activité.

La fabrique a été victime, selon ses dirigeants et la ville, du coup d'arrêt subi par le BTP et de délais de réalisation des projets trop longs pour sa trésorerie. 

Le projet était alléchant. Mais, malgré les soutiens politiques et les subventions, il a pris fin à peine trois ans après sa création. « On a tous été déçus », assure Paul-Emmanuel Loiret, ancien président de Cycle Terre. Cette société coopérative, spécialisée dans la construction en terre crue et adossée à des promoteurs immobiliers, des architectes et des collectivités, a mis la clé sous la porte prématurément. Le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé, le 10 avril, la liquidation judiciaire de l’usine inaugurée en 2021 à Sevran.

La fabrique s’était donné pour mission de développer la filière de la terre crue en France avec le groupe immobilier privé Quartus ou encore l’agence d’architecture Joly & Loiret. 

Source Le Parisien par Par Yanis Soul 

10/09/2024

Canicules à répétition : et si la terre crue était la solution miracle ?

Face à l'urgence climatique et à l'intensification des vagues de chaleur, la construction en terre crue s'impose comme une alternative écologique et durable dans le secteur du bâtiment. Traditionnelle et pourtant innovante, cette technique ancestrale, longtemps reléguée à l'arrière-plan, connaît aujourd'hui un regain d'intérêt en raison de ses nombreux avantages environnementaux et thermiques.

Face au réchauffement climatique, certains architectes et maçons reviennent en France depuis plusieurs années vers les techniques ancestrales du bâti en terre crue, qui présentent l'avantage de protéger des fortes chaleurs.

La construction en terre crue, solution bas carbone face aux chaleurs extrêmes

La terre crue, utilisée depuis des millénaires dans des régions du monde entier, est un matériau de construction composé de terre argileuse, de sable et parfois de fibres naturelles comme la paille. Contrairement aux matériaux modernes tels que le béton ou l'acier, la production de la terre crue nécessite peu d'énergie, ce qui en fait une solution à faible empreinte carbone. De plus, elle est disponible localement, réduisant ainsi les coûts et les impacts liés au transport.

L'un des principaux atouts de la terre crue réside dans sa capacité à réguler naturellement la température et l'humidité à l'intérieur des bâtiments. Grâce à sa masse thermique élevée, elle emmagasine la chaleur pendant la journée et la restitue lentement pendant la nuit, ce qui permet de maintenir une température intérieure stable et agréable, même lors de vagues de chaleur extrême. En été, les murs en terre crue gardent la fraîcheur, réduisant ainsi le besoin de climatisation, une pratique énergivore et coûteuse.

Un retour en force face aux défis climatiques

Alors que les épisodes de canicule se multiplient et que les préoccupations liées au réchauffement climatique augmentent, la construction en terre crue s'impose comme une réponse adaptée aux défis environnementaux actuels. En plus de ses performances thermiques, la terre crue possède des qualités isolantes qui contribuent à l'efficacité énergétique des bâtiments. Elle peut être utilisée pour la construction de murs porteurs, mais aussi sous forme de briques, de blocs de terre comprimée ou de pisé.

De plus en plus d'architectes et de constructeurs intègrent la terre crue dans leurs projets, allant des habitations individuelles aux bâtiments publics. En France, par exemple, plusieurs initiatives locales promeuvent la réintroduction de ce matériau dans les constructions modernes. Des projets novateurs émergent également dans d'autres régions du monde, où la terre crue est reconnue pour son potentiel à combiner tradition et modernité tout en réduisant l'empreinte écologique.

Malgré ses nombreux avantages, la construction en terre crue fait face à des obstacles qui freinent sa généralisation. Parmi eux, les normes de construction, souvent orientées vers des matériaux industriels, ne prennent pas toujours en compte les spécificités de la terre crue. De plus, le manque de formation et de savoir-faire dans ce domaine limite encore l'essor de cette technique.

Source ParisMatch

02/08/2024

Le premier immeuble en briques de terre crue d'Ile-de-France livré à Bagneux

Matériau biosourcé, économe en émission carbone et performant sur le plan thermique, la terre crue recueille à nouveau les faveurs des constructeurs. Exemple à Bagneux (Hauts-de-Seine) où une résidence réalisée par le Groupe Gambetta et l'agence d'architectes TOA vient d'être livrée.

En matière de construction d'immeubles, des techniques ancestrales refont surface. La terre crue, matériau largement utilisé naguère et « le plus commun dans le monde et en France », selon Pascal Thomas, cogérant de l'agence d'architectes TOA, en est un exemple. Appelée adobe, pisé, cette technique - en opposition à la terre cuite - , abrite encore quelque 30 % de l'humanité.

A Bagneux (Hauts-de-Seine) un premier bâtiment de 42 logements en briques de terre crue, a été livré il y a quelques semaines. Nommé « Terre & Ciel », ce programme a été réalisé par le Groupe Gambetta et imaginé par l'agence TOA.

Source les Echos par Catherine Bocquet

27/01/2024

Le bloc de terre crue, alternative écologique au béton

Parmi les matériaux présentés actuellement aux salons Batireno-Energie et Habitat, à Namur : les blocs de construction à base de terre crue ! Naturel et local, ce matériau présente plusieurs avantages.

Contrairement à d’autres matériaux de construction, la production de blocs de terre crue est peu énergivore. "Comme l’indique l’appellation, cette terre n’est pas cuite", souligne Nicolas Coeckelberghs, cofondateur d’une coopérative belge active dans cette filière. "La terre crue est très bas carbone. Elle est essentiellement composée de sable (environ 80%), d’argile et parfois de gravier. Il suffit d’un peu d’énergie électrique renouvelable pour la produire. Cette terre crue, on peut la trouver dans le sol belge (le sable est par exemple très présent en Région bruxelloise). D’autres filières en produisent aussi. Un autre avantage, c’est que les blocs de terre crue (ndlr : pour autant qu’ils proviennent de gisements non pollués) sont sains. Ils respirent. Ils ne contiennent pas de COV (composés organiques volatiles). Ils ne produisent pas de déchets et peuvent aussi être revalorisés".

Un peu plus cher

Le prix à l’achat est un peu plus cher (10 à 20%) par rapport à d’autres types de blocs, comme ceux en béton. "Mais il faut relativiser ce surcoût", explique Anne-Michèle Janssen, directrice du Cluster Eco-contruction, l’asbl chargée de dynamiser le secteur. "Il faut nuancer cette notion de prix par rapport aux coûts de construction. Si on compare avec la filière béton, on n’est pas dans les mêmes volumes de production. Les coûts structurels sont différents. Mais l’avantage de la terre crue, c’est que la chaleur est stockée puis libérée de manière différée. La qualité d’utilisation est plus intéressante. Au final, vous y gagnez en confort et en efficacité. Par ailleurs, il faut caractériser la composition exacte de la terre, en vue de son utilisation précise". Car il y a plusieurs applications possibles. Plusieurs couleurs aussi.

Isolant en complément

La terre cuite a l’avantage d’être perméable et d’être pratique pour assurer la respiration du mur. Le matériau, protégé par un bon enduit naturel par exemple, devient également résistant aux intempéries. Il est solide, contrairement à la croyance populaire. Mais il doit impérativement être couplé à un isolant, naturel de préférence (bois, chanvre…).   

A ce jour, il n’y a pas encore de primes pour ce type de matériau. Cela pourrait bientôt changer. Mais le citoyen, lui, se montre déjà intéressé. Le belge pourrait bientôt avoir un bloc de terre dans le ventre, même si celui-ci est un peu plus cher que la brique ou le béton.

Source RTBF par Jean-Claude Hennuy

20/01/2024

L’entreprise SFBTP dévoile une maison à deux niveaux fabriquée avec 500 briques en terre crue

Briques de Terre Compressée (BTC) : la révolution verte de la construction. 

Et si la terre crue devenait une nouvelle norme en matière de construction ? Cette hypothèse, l’entreprise SFBTP, spécialisée dans la construction en terre crue, et surtout son dirigeant, Sofiane Fakri, y croient dur comme « terre » ! En effet, grâce à des Briques de Terre Compressée (BTC), avec son équipe, il vient d’achever la construction d’une maison de deux étages s’étendant sur 250 m². Ce projet révolutionnaire et novateur, dévoilé par lemoniteur.fr, vient redéfinir les standards de la construction et de la maçonnerie traditionnelles. Découvrez cette étonnante maison, mais également les briques BTC conçues par l’entreprise Briques Technic Concept. Visite de chantier.

Le chantier des Pyrénées

Sofiane Fakri, dirigeant de l’entreprise SFBTP spécialisée dans la construction en terre crue, souligne d’abord l’avantage considérable de ce produit en termes de rendement quotidien, surpassant largement celui des briques classiques. Le processus de construction, mené avec une grue électrique de 21 m et une pince spécialement conçue, a permis la mise en place de 500 blocs sans compromettre la qualité ni la sécurité. Chaque brique, minutieusement numérotée en usine, a suivi un calepinage rigoureux sur le chantier, assurant le respect des règles de construction. Le soubassement de la maison, construit sur un terrain partiellement décaissé, repose sur quatre niveaux de parpaings, puis des coffrages en bois ont été utilisés pour façonner des talonnettes en béton. L’avancement du chantier, avec une moyenne de deux rangées de blocs par jour, a permis d’achever la structure en terre crue en quinze jours, seulement.

La brique en terre crue BTC, qu’est-ce que c’est ?

La brique de terre crue compressée, également connue sous le nom de « BTC », tire son origine de l’utilisation de terre provenant d’excavation ou du recyclage, ce qui en fait un nouveau matériau avec un très faible impact environnemental. Les principales caractéristiques de cette brique sont sa capacité à être un isolant thermique à R : 0,2, ainsi que sa fonction de régulateur hygrométrique et d’isolant phonique. De plus, elle affiche une classe MO en matière de résistance au feu. La terre, provenant du sol, est une ressource abondante et non polluante. Utilisée sous sa forme brute, elle donne naissance à des briques durables tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre.

Quels sont les bienfaits de la brique en terre crue sur la santé ?

Comme nous vous l’avons dit, son premier bienfait est peut-être pour la nature, puisqu’elle a un très faible impact carbone. La terre crue des briques BTC revêt de nombreux avantages sur la santé humaine. Tout d’abord, étant un matériau naturel, elle est non toxique et évite les risques d’allergies. De plus, la terre crue peut soigner les affections de la peau et détruire les bactéries et acariens qui s’immisceraient dans votre intérieur. Concernant la « santé de votre maison », la terre crue garantit une protection efficace contre diverses pollutions chimiques et électromagnétiques, sources de ce que l’on appelle communément les « maladies de l’habitat”.

De plus, ce matériau nécessite très peu d’entretien et aucun ajout de peinture ni de vernis. Enfin, il maintient un niveau d’hygrométrie constant, prévenant ainsi les phénomènes de condensation qui peuvent engendrer de l’humidité et des traces de moisissures. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du constructeur briquestechnicconcept.fr. Et si vous souhaitez une construction semblable, vous pouvez contacter l’entreprise SFBTP Brique Terre Pierre. Que pensez-vous de ce matériau innovant et naturel ? Donnez-nous votre avis ou partagez avec nous votre expérience. Merci de nous signaler toute erreur dans le texte, cliquez ici pour publier un commentaire .

Source NéoZone par Méline Kleczinski  


23/02/2023

Les maisons en terre écologiques font leur retour en Hongrie

Elles ont longtemps été tournées en dérision comme des symboles démodés de la pauvreté écrasante, mais les maisons en terre et en paille font leur retour en Hongrie en tant qu'alternative écologique et peu coûteuse au béton.

Le maître d'œuvre Janos Gaspar, qui rénove des maisons en terre: 

"Je suis réservé pour trois ans. L'intérêt est énorme", a déclaré à l'AFP l'homme de 48 ans, qui a construit plus de 200 maisons en terre.

Connue sous le nom de construction en pisé, la pratique remonte au néolithique.

Et il connaît un renouveau grâce à sa faible empreinte écologique et son efficacité énergétique.

Les matériaux localement accessibles sont à la base de ce que le collègue architecte de Gaspar, Adam Bihari, appelle "l'architecture naturelle".

"Les Hongrois savaient comment construire des maisons avec ce qu'ils avaient sous la main ou sous leurs pieds", a déclaré Bihari à lunettes alors qu'un mur de briques d'argile était enduit de boue dans la ville d'Acs, dans le nord-ouest de la Hongrie.

"Ce mur a été construit il y a 100 ans et devrait exister encore 100 ans", a déclaré Bihari.

"Matière du futur"

Contrairement au béton, qui représente environ 8% des émissions mondiales de CO2, "il finit par se désintégrer naturellement, ne laissant aucun déchet artificiel", a-t-il déclaré.

Avec Gaspar, Bihari enseigne ses méthodes à des dizaines de stagiaires chaque année. Dans la cour à côté des tas de terre sablonneuse et de paille, une douzaine ont regardé Gaspar montrer comment fabriquer des briques de terre.

Plus d'un Hongrois sur sept vit encore dans des maisons en terre, principalement dans des villages des régions les plus pauvres

"Ce type de sol est parfait, et on le trouve partout en Hongrie", a déclaré Gaspar alors qu'un mélangeur de ciment brassait les ingrédients pour en faire un paillis.

"Vous pouvez fabriquer une brique par minute, et environ 20 000 feront une maison", a-t-il déclaré au groupe tout en pétrissant des poignées du mélange dans un moule en bois.

Cette pratique séculaire est tombée en désuétude pendant les quatre décennies de l'ère communiste du pays.

"Les traditions folkloriques étaient officiellement mal vues et les matériaux modernes ont pris le dessus", a déclaré Bihari, 33 ans.

Les murs en briques d'argile étaient souvent cimentés, ce qui provoquait la pourriture lorsque l'humidité était piégée, a-t-il ajouté.

Les propriétés thermiques de l'argile le rendent idéal pour le climat fluctuant de la Hongrie avec des étés chauds et des hivers froids

Bihari a déclaré qu'il était difficile de contrer les associations de longue date avec l'humidité et la pauvreté.

Mais l'intérêt pour les matériaux naturels augmente parmi les promoteurs et les investisseurs, selon l'architecte.

"C'est le matériau de construction du futur", a-t-il déclaré.

"Naturellement intelligent"

Bihari a déclaré que les propriétés thermiques de l'argile la rendent idéale pour le climat fluctuant de la Hongrie avec des étés chauds et des hivers froids.

L'une des participantes au camp, Timea Kiss, qui possède déjà une maison en argile mais souhaite apprendre à la rénover, a déclaré que son bâtiment est naturellement chaud en hiver et frais en été.

"Des visiteurs émerveillés nous demandent où se trouve la climatisation, mais il n'y en a pas", a déclaré l'homme de 42 ans.

Cette pratique séculaire est tombée en désuétude pendant les quatre décennies de l'ère communiste du pays

Les maisons terrestres régulent également leur propre humidité, a déclaré Bihari, ce qui peut aider les personnes souffrant d'asthme. Ils sont également ignifuges et non toxiques.

"Vous entendez parler de maisons 'intelligentes' et même de briques intelligentes", a déclaré Bihari. "Mais pour moi, c'est un non-sens... l'argile est naturellement intelligente."

La hausse des coûts de l'énergie est un autre facteur déterminant de la popularité croissante des maisons en terre.

Plusieurs des stagiaires d'Acs ont déclaré à l'AFP qu'ils n'avaient plus les moyens de construire ou d'acheter des maisons conventionnelles.

"Ma femme et moi sommes intéressés par des solutions moins chères comme celle-ci, c'est un plus que c'est bon pour l'environnement", a déclaré le chauffeur routier Zsolt Cserepkei, 31 ans.

Source France24

10/03/2022

La terre crue à l'ère industrielle

Loué pour ses qualités environnementales, le matériau doit faire la preuve de ses performances techniques, tandis que la filière s'organise pour démocratiser son usage.

La terre crue va-t-elle redevenir un matériau courant de la construction ? Cette ambition portée depuis plusieurs années par des pionniers ne semble plus si illusoire. Disponible à profusion sur tout le territoire, souvent inscrite dans l'économie circulaire, la terre crue bénéficie de l'entrée en vigueur de la RE 2020 qui place la décarbonation au cœur de la construction. Mais, en raison de son jeune âge, la filière doit faire la preuve des qualités techniques du matériau et définir des procédés de mise en œuvre compatibles avec les pratiques actuelles des chantiers. Sur ces deux objectifs, des avancées notables ont été réalisées ces derniers mois.

Validations scientifiques. En septembre dernier, le lancement du Projet national terre crue, soutenu par le ministère de la Transition écologique, a marqué une étape majeure dans l'organisation de la filière. La démarche prolonge la publication en 2019, par un collectif d'une douzaine d'organisations professionnelles, de guides de bonnes pratiques sur six techniques constructives en terre crue. Elle vise à regrouper les efforts de recherche pour mieux caractériser les matériaux à base de terre crue et lever les freins à leur utilisation. « Nous pourrons valider scientifiquement les qualités de ce produit que nous connaissons de façon empirique par nos chantiers », espère Nicolas Meunier, dirigeant de l'entreprise de construction Le Pisé. Comportement mécanique, sécurité incendie, confort et efficacité énergétique : ces données doivent nourrir de futurs outils de dimensionnement, de conception et de mise en œuvre. Voire constituer la base de ce qui pourrait devenir, à terme, les Règles professionnelles validées par l'Agence qualité construction (AQC).

En attendant que cet effort collectif porte ses fruits, les bureaux de contrôle ont un rôle décisif à jouer via leurs avis de chantier. Le groupe Socotec a publié en juin 2021 un document de synthèse sur la construction en terre crue. Si ce dernier appelle à une « introduction raisonnée d'éléments en terre crue » en raison du caractère expérimental des opérations, il rappelle les nombreux atouts du matériau, notamment en termes d'inertie thermique, d'acoustique et de régulation naturelle de l'humidité. « Il ne faut pas minorer certains points de vigilance comme l'exposition aux intempéries ou l'entretien courant. Mais les matériaux terre crue ont toute leur pertinence sur des projets de faible hauteur, avec des descentes de charge réduites », indique Patrick Bossa, directeur technique de Socotec.

Recours aux blocs grand format. L'élaboration de référentiels techniques se double d'innovations pour faciliter la mise en œuvre de la terre crue. En 2021, deux fabricants de briques de terre compressée (BTC) ont fait aboutir des appréciations techniques d'expérimentation (Atex) pour leurs produits. C'est d'abord Cycle Terre qui a obtenu le feu vert pour l'utilisation en cloison intérieure de briques 9,5 x 31,5 cm. Briques Technic Concept a ensuite obtenu son Atex pour la mise en œuvre de ses blocs 40 x 120 cm en murs porteurs jusqu'à R + 3. « C'est une avancée importante puisqu'on pourra désormais se passer d'une ossature primaire bois ou béton pour construire avec des briques de terre compressée, pointe Guillaume Niel, directeur d'établissement du bureau d'études Terrell. Le recours aux blocs grand format, appuyé par une manutention mécanisée, doit lui aussi permettre de baisser les coûts de mise en œuvre, condition préalable à une massification des BTC. » Cet objectif de démocratisation est au cœur du projet européen CobBauge, porté en France par l'ESITC Caen. Une première phase de recherche a permis d'optimiser les mélanges terre-fibres végétales pour aboutir à deux compositions, l'une assurant la stabilité structurelle, l'autre l'isolation, appliquées en deux couches. 

Les travaux ont ensuite porté sur une approche chantier viable au plan commercial. « La bauge traditionnelle se met en œuvre par une succession de levées, suivies par un travail de rectification : c'est une méthode trop chronophage si l'on veut convaincre les artisans, relève Mohamed Boutouil, responsable de laboratoire à l'ESITC Caen. Nous avons opté pour un système de coffrage, compatible avec les pratiques actuelles de la construction. » La terre coulée offre une autre voie pour la démocratisation de la terre crue sur un usage structurel. Cette technique inspirée des voiles béton permet une approche économique, entre 200 et 300 €/m², et conforme aux habitudes des entreprises de gros œuvre. Reste la question des liants hydrauliques (chaux, ciment) qui renforcent la résistance mécanique de l'ouvrage, mais plombent son bilan carbone. Là encore, les initiatives se multiplient pour trouver de nouvelles solutions. Le centre de formation et de ressources Amàco a engagé un travail de R & D pour utiliser une matière non stabilisée par des liants, avec des premiers tests de voiles préfabriqués en atelier, où la terre serait coulée et séchée à l'horizontale afin d'optimiser le décoffrage.

Intérêt des grands groupes. En septembre dernier, le groupe Saint-Gobain a présenté une offre dédiée via sa filiale de distribution Point. P : des big bags contenant un mélange de terre excavée et de fibres végétales, destiné au remplissage d'ossatures bois. La solution utilise un malaxeur et une machine à projeter standard, ainsi qu'un liant mis au point par la société Norper à base de laitiers de hauts fourneaux et d'un cristallisant exclusif. « La fiche de déclaration environnementale et sanitaire du liant indique qu'il émet 146 kg CO eq/t, contre 600 à 700 kg pour un ciment classique », pointe Patrice Richard, président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France. Le prix global des murs s'inscrit en dessous des 200 €/m2 . Une première offre, signe de l'intérêt pour la terre crue des grands groupes du BTP.

Structure - Des murs porteurs en bloc de terre compressée

Au cœur du programme immobilier Carré Flore à Cornebarrieu, près de Toulouse (Haute-Garonne), 18 logements en R + 1 (12 appartements et 6 villas en bande) vont être construits avec les blocs de terre crue compressée conçus par la société Briques Technic Concept. Ces éléments de grande dimension (40 x 120 cm) seront utilisés en structure pour la première fois depuis l'Atex de type A obtenue par la société tarnaise fin 2021 et cofinancée par le maître d'ouvrage GreenCity Immobilier. Les blocs constitueront les murs de refend et les pignons, tandis que des briques de terre cuite seront utilisées sur les longs pans, plus ouverts et exposés aux intempéries. L'ensemble portera une prédalle béton de 20 cm.

Source Le Moniteur par Paul Falzon