Crise sanitaire, guerre en Ukraine et crise énergétique… Ces dernières années, les nerfs des acteurs du secteur de la construction sont mis à rude épreuve. En cause, les prix des matériaux qui ne cessent de fluctuer, mais surtout d’augmenter. Si certains compteurs sont au rouge, il reste quelques notes d’optimisme.
"On n’en voit plus le bout", se désole pourtant Patricia Delépine, présidente de la Fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme. "La violente crise de l’énergie de la seconde moitié de 2022 fait sentir ses effets sur le début 2023, avec une forte reprise des prix des matériaux énergivores comme le ciment, le verre, les produits céramiques, les tuiles, etc."
Spéculation sur l’acier
Patricia Delépine pointe certaines "progressions exceptionnelles" entre décembre 2020 et janvier 2023 : + 41,1 % sur les ossatures et charpentes métalliques ; + 31 % sur les fermetures de baies en aluminium ; + 27 % pour les couvertures et bardages en tôles d’acier nervurés avec revêtement d’étanchéité.
Christophe Dagois, responsable des achats chez BigMat, basé au Brézet Clermont-Ferrand, évoque lui aussi des hausses les premiers mois de 2023, mais plus contenues. "Tous matériaux compris, nous sommes sur + 7 % d’augmentation."
La chute récente des prix de l’énergie donne quelques espoirs de stabilisation et d’amélioration, que constate notamment Christophe Dagois avec le bois de charpente par exemple.
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Sur l’acier qui a connu une folle envolée l’année passée en raison du conflit en Europe de l’est, la tendance est à la baisse. "Entre 8 et 10 % depuis le début d’année", chiffre-t-il. Pas de quoi fanfaronner pour la présidente de la Fédération française du bâtiment du Puy-de-Dôme : "La hausse a été de 143,6 % entre mai 2020 et mai 2022 tout de même".
"Il n’existe que deux ou trois fabricants d’acier en Europe. Arcelor, un leader, a tendance à produire moins si le cours de l’acier baisse trop", pointe le responsable des achats. En d’autres termes, le fournisseur ne joue pas le jeu et spécule pour limiter la baisse.
Les pénuries semblent quant à elles de l’histoire ancienne, mais ils s’accordent quasiment tous sur un point, on ne retrouvera jamais les prix d’avant crise.