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20/05/2025

Pourquoi l'argile dans l'Allier, briques, tuiles, faïence, porcelaine, garde encore ses secrets

Les organisateurs des Journées Nature à Avermes, jusqu'au jeudi 15 mai à la salle Isléa, se sont heurtés au manque de ressources livresques concernant l’argile en Bourbonnais, alors même que le département a été - est encore ? - un grand producteur.

Marc Breton, à droite, le concepteur de l’exposition sur l’argile en Bourbonnais, donnera une visite guidée avec projections de photos supplémentaires, ce dimanche à 16 heures. Entrée libre

« Les anciennes faïenceries de Moulins ont laissé peu de traces dans les archives. Et elles n’en ont pas laissé beaucoup plus dans les mémoires. » Cette sentence de 1922 a été émise à peine soixante ans après la fermeture des ateliers concernés, par Roger de Quirielle, alors président de la Société d’émulation. Cent ans plus tard, elle pourrait être reprise par Marc Breton qui a cherché à travailler sur l’argile en Bourbonnais, pour les Journées Nature 2025, de l’AVCA.

À Isléa, depuis ce samedi 10 mai et jusqu’à jeudi, l’association pour la vie culturelle avermoise (AVCA) s’intéresse à toutes les facettes de l’argile, aussi bien dans la construction que dans la cosmétique, depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à aujourd’hui, avec six expositions et des conférences tous les soirs.

« Nous voulions qu’une des expositions propose une vue d’ensemble des productions à base d’argile dans l’Allier, mais ce fut moins facile qu’espéré », raconte ainsi Marc Breton, membre actif de l’AVCA. « J’avais pour point de départ le livre édité par l’association des Musées Bourbonnais, en 2007, sous l’égide du conseil départemental, Terres en Bourbonnais, et c’est à peu près tout ! »

12 tuileries à Yzeure

Concernant les tuileries d’Yzeure, le bénévole n’a trouvé aucun livre ni texte. Pourtant, il y avait une douzaine de tuileries au XIXe siècle ! Heureusement, chaque brique indiquait le nom du hameau où était situé le four. La collection du musée du bâtiment (exposée à Isléa) a permis de dresser une carte des emplacements. Il reste un four, au lieu-dit Marcelange, entre la route de Chevagnes et la RN 7, sur un terrain privé. Une photo le montre enseveli sous la végétation, mais témoigne de l’importance qu’il eut.

Pour les tuileries de Lenax, Bomplein (Couzon) et Doyet (qui fonctionne toujours, mais difficilement), Marc Breton a multiplié les coups de fil.

Pour présenter deux styles architecturaux typiques, il a aussi fallu manger à tous les râteliers. Mais, l’exposition peut ainsi présenter quantité de photos soulignant la variété des croisillons bourbonnais et réhabilitant un patrimoine longtemps délaissé : la maison à pans de bois et briques, courante en Sologne jusqu’au XIXe et devenue rare.

Grâce au musée de Gannat, deux panneaux présentent les grès Météniers. Une saga courte, mais couronnée de succès, au début du XXe siècle. En juin 1940, la famille Météniers a détruit ses moules pour ne pas que les Allemands les prennent. Leur cote est aujourd’hui folle. Comptez plus de mille euros pour un pichet.

Rare et donc... cher !

Concernant la porcelainerie, l’exposition nous apprend qu’elle n’a pas toujours été à Couleuvre. Elle a été créée au château de Lévis au XVIIIe siècle, puis transférée au hameau de Champroux avant d’être installée dans ses locaux actuels. Les productions de Champroux sont tellement rares qu’elles valent très chères : Marc Breton cite une vente aux enchères, l’an dernier, au cours de laquelle un ensemble de dix assiettes s’est vendu 4.000 €. 

Source La Montagne par Stéphanie Mena