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25/06/2024

Logement : le Nouveau Front Populaire en fait une priorité

Le programme du Front Populaire rompt avec sept années de politiques macronistes marquées par des attaques sans précédents sur le secteur HLM et une idéologie libérale qui a mis à bas la construction.

De manière symbolique, la première mesure concernant le logement qui figure dans le programme de la gauche unie est une revalorisation de 10 % des APL.

Les associations de défense du droit au logement et des locataires ne cachent pas leur satisfaction. « Sur ce sujet, le programme du nouveau Front populaire reprend 80 % de nos revendications les plus fortes » salue Eddie Jacquemart, président de la Confédération générale du Logement (CNL).

Ces propositions portées par la coalition de gauche en matière de logement « ne renversent pas la table, mais reviennent sur les mesures négatives prises par les différents gouvernements Macron » résume Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation abbé Pierre (FAP). Une ambition nécessaire après sept ans d’une politique dont l’unique ambition a été de réaliser des économies budgétaires et qui a abouti à une explosion du nombre de sans-abri, une hausse des prix des loyers, la stagnation de l’accession à la propriété et une construction en chute libre. Malgré des flous, le Front populaire s’engage à soutenir de nouveau ce secteur qui constitue un droit essentiel et qui grève comme aucun autre le niveau de vie en étant devenu le premier poste de dépense de ménages.

Des coups de pied aux coups de rabot

De manière symbolique, la première mesure concernant le logement qui figure dans le programme de la gauche unie est une revalorisation de 10 % des APL, dès les quinze premiers jours de son arrivée au pouvoir. Une sorte de pied de nez au macronisme, dont une des décisions les plus controversées a été, dès l’été 2017, la baisse de cette aide destinée aux locataires les plus pauvres.

Il s’agit aussi d’une vraie bouffée d’air pour les ménages confrontés à la hausse des loyers. Bienvenue aussi est la promesse de l’interdiction des coupures d’électricité, qui va soulager tous ceux qui ne parviennent plus à faire face à l’augmentation des charges. La mesure est saluée par la FAP qui la demande depuis longtemps, mais regrette qu’une hausse des chèques énergie ne soit pas également au programme.

Au-delà de ces aides d’urgence, le programme vise à « garantir le droit au logement ».

Pour y arriver, il promet la relance le secteur HLM, grâce à la suppression de la ponction de 1,4 milliard d’euros par an mise en place depuis 2018. « Un élément très positif », juge Jean Batiste Eyraud, porte-parole de Droit au Logement (DAL) comme l’ensemble des acteurs du secteur. L’objectif de 200 000 logements publics par an « est un peu maximaliste, alors qu’on en est à 80 000, mais cela donne une direction et c’est très bien » tempère Manuel Domergue.

Le privé aussi concerné

Il s’agit aussi de s’attaquer à la hausse des prix dans le privé. Pour cela l’encadrement des loyers déjà en vigueur dans certaines collectivités territoriales deviendrait obligatoire dans toutes les zones tendues, où la demande excède l’offre. « C’est une mesure positive mais on sait qu’elle ne permet pas de faire baisser les prix alors qu’ils sont beaucoup trop élevés » nuance le porte-parole du DAL. La baisse du prix du foncier, qui dans certaines localités correspond à plus de 50 % du prix de construction, est aussi une bonne nouvelle, même si les modalités de mises en œuvre restent à discuter.

En matière de protection des locataires, l’abrogation de la loi Kasbarian, qui criminalise l’occupation de locaux vides et facilite l’expulsion des locataires en situation d’impayés est au programme. Y figure aussi l’interdiction d’expulsions sans propositions de relogement ou d’hébergement.

Là encore, des décisions saluées par le secteur associatif, même les modalités d’applications de certaines restent à préciser. « L’interdiction d’expulsion sans relogement, est-ce un objectif ou bien une contrainte législative ? » s’interroge ainsi Manuel Domergue. Autre nouvel outil proposé par le Front populaire, une garantie universelle des loyers, qui facilite l’accès à un logement de ceux qui ne disposent pas de garants. « Ce sont des avancées indéniables, mais on aurait aimé voir figurer dans ces propositions la question de la protection des locataires, par rapport à la fraude, aux marchands de sommeil, etc. » regrette néanmoins Jean Batiste Eyraud, qui prône « la stabilisation du statut des locataires, qui a eu tendance à devenir de plus en plus précaire ».

Au-delà, des mesures spécifiques concernant le logement, c’est la cohérence de l’ensemble du programme qui permet d’entrevoir une véritable amélioration de la vie quotidienne. « Si d’un côté on augmente les salaires, et que de l’autre on gèle le prix des fluides et la hausse des loyers, on redonne une véritable bouffée d’air aux gens », observe Eddie Jacquemart. Reste que pour le secteur associatif, satisfaction ne vaut pas blanc-seing. « Nous saluons un programme qui fait avancer les choses, résume Jean Baptiste Eyraud. Mais dans tous les cas, la lutte continue ».

Source L'Humanité par Camille Bauer