Pages

28/12/2023

Du ciment à base d'argile : la start-up landaise Materrup prouve que le bâtiment peut être moins polluant

Le secteur du bâtiment fait partie des plus polluants. Une entreprise landaise a décidé d'implanter une usine à proximité d'une carrière d'argile. Elle fournit ainsi en ciment les entreprises aux alentours pour un circuit ultracourt. 

Le secteur du bâtiment fait partie des plus polluants. Une entreprise landaise a décidé d'implanter une usine à proximité d'une carrière d'argile. Elle fournit ainsi en ciment les entreprises aux alentours. Le circuit est ultracourt.

C'est ce que certains appelleraient "un cercle vertueux". Du ciment fabriqué à base d'argile qui trouve son utilité à seulement quelques dizaines de kilomètres de là où il est extrait. La start-up landaise Materrup a réussi à concevoir du ciment dit "bas-carbone" qui serait selon elle deux fois moins énergivore et polluant que celui fabriqué traditionnellement. Une recette protégée par une quarantaine de brevets internationaux. Testé dans des conditions extrêmes, le matériau serait tout aussi solide et durable selon ses créateurs.

"On va venir la "processer" pour la transformer physiquement et chimiquement en un ciment qui va avoir les mêmes propriétés mécaniques qu'un ciment conventionnel", analyse Julie Neuville, cofondatrice de Materrup.

Il est donc substituable pour fabriquer des bétons utilisés dans tous les usages quotidiens de la vie courante.

Tout est parti d'une envie commune. Celle de deux frères, Mathieu et Charles Neuville. L'un est ingénieur, l'autre banquier. Le premier s'intéresse rapidement aux bienfaits de l'argile crue. Le second est attaché à une finance durable. En 2018, ils fondent Materrup avec pour mot d'ordre : "agir immédiatement pour une construction à impact". Leur usine voit le jour à Saint-Geours-de-Maremne dans les Landes.

À une cinquantaine de kilomètres de l'usine, la collectivité de Souprosse a décidé de se fournir en "ciment vert". Sur la place de l'Église, il s'écoule sur la dalle. Des ouvriers s'attachent à l'étaler, le lisser, taloche à la main. Le maire de la commune y a vu une solution plus écologique, mais pas plus chère qu'un ciment classique. "C'est un produit de qualité vertueux", explique Christian Ducos. "Il est plutôt respectueux de l'environnement avec une production qui se fait en dépensant moins d'énergie. Cela nous a séduits aussi parce que budgétairement cela "passait".

Parce que l'innovation c'est bien, mais on est une commune rurale et cela n'est pas toujours facile de boucler les budgets.

Grande consommatrice d'énergies fossiles, la fabrication de ciment traditionnel polluerait trois fois plus que le trafic aérien mondial. C'est la raison pour laquelle la société cherche à travailler avec des clients situés au plus près de l'usine de fabrication. 

"De l'extraction de l'argile jusqu'à la production de ciment, la production du béton, le déploiement sur les chantiers dans les communes rurales des Landes, on voit une cohérence en circuit ultracourt", poursuit Julie Neuville. "On a aussi une circularité en utilisant du déchet local". Pour rester au plus près des chantiers, l'entreprise s'apprête à construire de nouvelles usines en France et en Europe. Une vingtaine de sites de production pourraient voir le jour dans les années à venir.

Source France 3 par Candice Olivari et Thibault Grouhel