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06/03/2023

Immobilier : les constructeurs de maisons en crise

Les ventes dans le diffus ont plongé de près d'un tiers entre 2021 et 2022. Toutes les régions sont durement impactées.

Les constructeurs de maisons individuelles touchent la crise du doigt. « Nous alertions depuis de nombreux mois. Nos prévisions étaient malheureusement justes », déplore Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, qui réunit majoritairement ces constructeurs. En 2022, 96 000 maisons individuelles dans le diffus (la majorité des ventes brutes) ont été actées. Loin, très loin derrière la moyenne annuelle de long terme (2007-2022) qui se fixe à 122 242 unités. « Pourtant, la demande est toujours là : les constructeurs ont des contacts avec les ménages, mais ils sont rattrapés par les contraintes sur l'octroi de crédit immobilier et par la hausse des prix de sortie », indique Christophe Boucaux, délégué général du Pôle Habitat de la FFB.

Près de 200 000 € pour une maison. En 2022, il fallait débourser en moyenne 198 900 € pour faire construire sa maison, hors prix d'acquisition du terrain. Une somme en forte progression par rapport à 2020, où cette opération revenait en moyenne à 174 600 €. En deux ans, le tarif progresse de 13,9 % mais la surface ne gagne qu'un petit mètre carré ! « La RE 2020 a fait augmenter les prix de 7,4 % en moyenne, avec de fortes disparités selon l'orientation, la zone climatique… Au total, le surcoût oscille entre 3 et 14 % », détaille Christophe Boucaux. La hausse du prix des matériaux a également plombé l'équilibre économique des projets.

Enfin, certains constructeurs de maisons montent en gamme. Ils proposent des projets plus qualitatifs, vendus plus cher, pour cibler des ménages plus aisés, indépendants des aides publiques comme le prêt à taux zéro (PTZ). « Cela passe par une offre différente : de meilleures prestations - nous aménageons par exemple des ateliers dans les maisons -, des artisans aux compétences plus fines, des conducteurs de travaux mieux formés, l'intégration d'architectes dans nos équipes afin d'avoir notre propre signature architecturale et de proposer des produits distinctifs », explique le francilien David Lacroix, président de Maisons Berval et Maisons Evolution, marques du groupe Hexaom (lire « Le Moniteur » du 18 novembre 2022, p. 14).

Préserver l'outil de production. Si le Pôle Habitat de la FFB ne déplore ni vague de défaillances ni licenciements massifs, l'heure est au pragmatisme chez les constructeurs de maison. « Ils veulent préserver l'outil de production, mais les départs ne sont plus remplacés, constate Grégory Monod. Enfin, certains décident de fermer des agences, notamment dans les territoires hyperconcurrentiels. » Pour faire redémarrer la machine à construire, la FFB demande que le montant maximum pris en compte par le PTZ (le prix total de l'opération, donc) soit révisé à la hausse. « Il n'a pas bougé depuis 2014 ! », regrette Grégory Monod.

Ce dernier attend « beaucoup de transparence de la part des fournisseurs » dans le cadre de l'observatoire gouvernemental sur les prix des matériaux de construction lancé fin janvier. Rappelons que cet outil d'analyse vise à donner plus de visibilité aux entreprises de BTP sur l'évolution des coûts. Le Pôle Habitat espère également une refonte de l'indice BT 01 (annexé au contrat de construction de maison individuelle), ce qui leur permettrait de réviser le prix de vente, « afin qu'il soit mieux corrélé à la réalité de marché », poursuit son président. Ce dernier propose aussi la mise en place d'un crédit d'impôt sur les cinq premières annuités de crédit immobilier.

Source Le Moniteur par Barbara Kiraly