Réunis jeudi à La Ricamarie, près de Saint-Etienne, les représentants de l'intersyndicale opposée à la réforme des retraites ont appelé à "une mobilisation inédite le 7 mars" pour mettre "la France à l'arrêt", sans toutefois se prononcer d'une seule voix sur la suite du mouvement.
"Massif", "inédit", "inoubliable" : l'intersyndicale, réunie jeudi 2 mars à La Ricamarie (Loire), a appelé à "casser la baraque" lors de la mobilisation du 7 mars, en mettant la France "à l'arrêt" par la grève pour s'opposer à la réforme des retraites.
Aéronautique, automobile, sidérurgie, métallurgie. Les appels à la grève pour la prochaine journée de mobilisation se multiplient. La Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) française a d’ailleurs demandé jeudi aux compagnies aériennes, en raison d'un préavis de grève national relayé par plusieurs syndicats de contrôleurs aériens, de réduire leur programme de vols, mardi 7 et mercredi 8 mars, de 20 % à Paris-Charles-de-Gaulle, et 30 % à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.
"On est uni et le 7 mars on met la France à l'arrêt", a résumé Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT. "Cela passe par une mobilisation inédite le 7 mars, je compte sur vous pour casser la baraque et que ce soit inoubliable".
"Il faut que le mouvement du 7 mars soit massif", a fait écho François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC. "Pas de grève par procuration", a enchéri le secrétaire général de FO Frédéric Souillot.
"On veut la généralisation des grèves et non la grève générale"
Les ténors de l'intersyndicale avaient fait le déplacement à La Ricamarie, haut lieu historique de la lutte sociale des mineurs, en périphérie de Saint-Étienne, pour un débat devant des centaines de personnes.
Et après cette date, quelle suite pour le mouvement ? demandaient déjà quelques personnes dans l'audience.
"On prendra la décision en fonction de ce qui se passera le 7 mars", a répondu Marylise Léon. "Avant de se dire ‘c'est quoi la prochaine date ?’, c'est quoi la réponse du gouvernement ?", a-t-elle temporisé.
La CGT et Solidaires ont déjà appelé à une grève reconductible. "Nous, on pense qu'il faut continuer après le 7", a tranché le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. "On veut la généralisation des grèves et non la grève générale", a-t-il expliqué . "Il faut qu’il y ait un maximum de monde qui ne travaille pas le 7 mars… Mais il faut aussi qu'il y ait des commerçants qui soutiennent, des artisans, des petits patrons", a-t-il ajouté.
L'appel à la mobilisation a été accompagnée d'une mise en garde de Marylise Léon. "On sait qu’à un moment le gouvernement fera tout pour retourner l’opinion publique et nous faire passer pour les râleurs qui veulent bloquer la France", a-t-elle prévenu. "C'est à eux de prendre leurs responsabilités et de nous répondre en retirant la réforme".
"Depuis le 01 Mars , on sait que les sept plaies d'Égypte c'est nous"
Pendant 2 h 30, les syndicats ont fustigé une réforme des retraites "idéologique" et incompréhensible, devant un public acquis à la cause.
Déjà largement commentés, les propos du porte-parole du gouvernement Olivier Véran, selon lesquels mettre "la France à l'arrêt" serait "prendre le risque d'une catastrophe écologique, agricole ou sanitaire", n'ont pas manqué de faire réagir.
"C'est fort de café qu'un ministre de la République accuse les syndicats, donc vous, de la pandémie, de la sécheresse… Quand on en arrive à ça, alors qu’on a démarré en disant ‘c'est une réforme de justice sociale’, c'est qu’ils rament", a lancé Philippe Martinez, provoquant l'hilarité du public.
"Depuis les déclarations d'Olivier Véran, on sait que les sept plaies d'Égypte c'est nous", a, quant à lui, observé pince-sans-rire Frédéric Souillot, le patron de Force Ouvrière.