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24/02/2022

Et la question sociale revient dans la campagne…

En septembre dernier, l’élection présidentielle était jouée d’avance, espérait-on du côté de l’Élysée. Les questions sociale et écologique étaient masquées par l’origine des prénoms et la question sécuritaire, portées par le discours nauséabond des extrêmes droites. Le président pouvait se frotter les mains. Tant que ce climat putride perdurait, il pouvait éviter de faire le bilan de son quinquennat au service de la finance et des nantis du pays. Pris en étau entre le libéralisme autoritaire de Macron et les extrêmes droites en pleine recomposition politique, le débat politique était confisqué aux classes populaires, aux travailleuses et travailleurs des première et seconde lignes.

Puis, au fur et à mesure des semaines, les salaires et le pouvoir d’achat sont revenus sur le devant de la scène.

Évidemment, c’est la situation du pays qui l’exige. La hausse inquiétante de certains produits de base, dont l’alimentaire à près de 3 %, l’explosion des tarifs de l’énergie à 19,7 %, dans un pays où le salaire médian est de 1 400 euros et où 8 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire, a accéléré le retour des problématiques sociales. La mal-vie est partout et une colère sourde résonne dans le pays.

Toutefois, personne ne peut nier que l’irruption dans le débat public du candidat communiste Fabien Roussel y a participé. Alors que les droites et les extrêmes droites promettent du sang et des larmes, une cure d’austérité, la retraite à 64, voire 65 ans, ou encore le détricotage de la Sécurité sociale, Fabien Roussel prend le contre-pied de tout le monde avec son slogan « les Jours heureux ».

Alors que la crise a accentué les inégalités comme jamais, que 358 000 familles ont cumulé 1 028 milliards de patrimoine grâce à la suppression de l’ISF, que TotalEnergies a dégagé un résultat net de 15 milliards, que les actionnaires du CAC 40 ont engrangé 69 milliards de dividendes en 2021, et que le seul geste du gouvernement est de donner un chèque – c’est-à-dire payé avec nos impôts – énergie ou inflation, le candidat communiste parle d’augmenter les salaires.

Quand le gouvernement a encore fermé 5 000 lits pendant la crise du Covid-19 et que les extrêmes droites et les droites promettent des réductions drastiques du nombre de fonctionnaires, Fabien Roussel s’engage à embaucher des fonctionnaires dans l’éducation, la police, la justice. Il s’agit de rétablir les services publics comme condition de l’égalité et d’en faire une réalité partout sur le territoire.

Quand le même gouvernement veut détricoter EDF et l’ampute de 8 milliards d’euros, le candidat communiste parle de nucléaire comme d’une énergie décarbonée dans un mix énergétique aux côtés des énergies renouvelables. Surtout, il promet de renationaliser EDF et Engie et de reconnaître l’énergie comme un bien commun – donc de la sortir des griffes du marché.

Il reste quelques semaines avant le premier tour mais, indéniablement, la candidature de Fabien Roussel bouscule la campagne. À coups de phrases bien senties, de passages médiatiques réussis et de salles de meetings remplies, il a réussi son premier pari : remettre dans le débat la question sociale. Avec son discours franc et sincère, il est en train de réussir le deuxième : redonner envie aux classes populaires de s’intéresser au débat public et politique. L’abstention et la résignation ne sont pas une fatalité. Que l’espoir revienne et que « les Jours heureux » deviennent réalité !

Source L'Humanité par Fabien Gay