A cela se sont ajoutées des tensions sur l’offre qui, dans un contexte de reprise économique mondiale, ont pesé sur l’approvisionnement et le bon déroulement des chantiers du bâtiment et des travaux publics.
Pour l’heure, même si les difficultés subsistent, les entreprises du gros œuvre, dont les carnets ne désemplissent pas, fonctionnent à pleine capacité et font face aussi à un manque de main-d’œuvre.
Côté travaux publics, le rebond des carnets se fait encore attendre mais le redressement est amorcé et les professionnels restent plutôt confiants pour les prochains mois.
Pour nos matériaux (granulats et BPE), non concernés par les pénuries, l’activité devrait se solder en 2021 par des volumes en hausse de + 10 %, renouant ainsi avec les niveaux de 2019 sans trop s’en éloigner en 2022.
Contraintes d’offre dans le BTP
La dernière enquête menée par l’INSEE en novembre dans l’industrie du bâtiment confirme un climat des affaires toujours très favorable, et ce, en dépit des tensions qui continuent de peser sur l’offre.
Plus positifs sur leur activité passée, les entrepreneurs sont encore très confiants pour les prochains mois. Certes les carnets de commandes dans le gros œuvre ont un peu baissé (passant d’un pic à 10,1 mois en août à 9,5 mois en novembre, soit encore bien au-dessus du niveau moyen de longue période à 6,3 mois) mais le jugement des professionnels sur ces derniers reste à haut niveau.
Cela signifie que, compte tenu des effectifs qui ont dû s’étoffer, le stock de chantiers (traduit en mois de travail) diminue ; ce qui ne veut pas dire que les carnets se vident en raison d'une baisse des commandes. D’ailleurs, les entreprises confirment qu’elles ont beaucoup de mal à recruter. Dans le gros œuvre, les outils de production tournent à pleine capacité (93,2 % contre 88 % en moyenne de long terme) et plus de 56 % des entreprises sont dans l’impossibilité d’honorer de nouvelles commandes (contre 33,6 % en moyenne).Certaines cumulent les difficultés : à ce jour, 28 % des entreprises du bâtiment se disent incapables de produire plus et font face à un manque de personnel tandis que 15% sont confrontées à des goulots de production et des pénuries d’approvisionnement.
Cette situation, qui devrait perdurer au moins jusqu’à la fin de l’année, tend à ralentir le bon déroulement des chantiers et se solde par des tensions sur les prix des devis. Du côté de la construction, le tableau est contrasté entre les logements et les locaux d’activité. En effet, le segment du non résidentiel reste à la peine même si le redressement se poursuit. Le cumul sur douze mois des surfaces commencées a gagné + 1,1% sur un an à fin octobre mais on est encore bien loin des niveaux observés avant crise (- 9,7 % à fin octobre 2019) ; et le niveau des permis ne laisse pas espérer de fort rebond à court terme (+ 6,9 % sur un an et - 9,6 % comparé à 2019). À l’inverse, le segment résidentiel continue de se redresser rapidement : à fin octobre, et sur douze mois, 388 000 logements ont été commencés (+ 8,8 % en un an),rejoignant ainsi les niveaux d’avant crise (+ 0,3 % comparé à fin octobre 2019). Côté permis, la dynamique de rebond reste enclenchée avec 468 000 autorisations enregistrées à fin octobre (sur 12 mois), soit une hausse de + 18 % sur un an dont + 26 % pour la maison individuelle (+ 16,4 % comparé à fin octobre 2019) et de + 13 % pour le collectif (- 1,5 % à fin octobre). Le nombre des permis dans le collectif n’a donc pas retrouvé son niveau d’avant crise. Selon la Fédération des Promoteurs Immobiliers, qui déplore un repli des ventes de logements neufs au cours du troisième trimestre (- 9,8 % sur un an et - 20 % au regard de 2019), le logement collectif «reste à l’écart de la reprise économique ».
En dépit de fondamentaux de la demande bien orientés (revenu des ménages, conditions de crédit…), la reprise se fait attendre et les ventes des 9 premiers mois de 2021 sont encore - 10 % en dessous de celles d’avant crise (2019). Selon la FPI, les raisons de ce décrochage résident du côté de l’offre, trop contrainte, et non de la demande, soulignant par exemple que les municipalités accordent à ce jour 50 000 permis de moins par an, en moyenne, comparé à 2017.D’ailleurs, la dernière enquête de l’INSEE montre que les projets et les perspectives de mises en chantier des promoteurs ne décollent pas, voire se replient, en dépit d’une forte demande qui leur est adressée. Les difficultés d’offre n’épargnent pas non plus le secteur des travaux publics qui, selon la dernière enquête d’opinion menée en octobre par la FNTP, voit s’accroître ses contraintes de maind’œuvre (37 % des entreprises y sont confrontées contre 17 % en moyenne sur longue période). Cette contrainte devance désormais le manque de demande qui reste prégnant (32 % contre 37 % en moyenne) alors que le niveau des commandes peine encore à se raffermir et que les travaux réalisés n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant crise, certes élevé en fin de cycle électoral.
Pour autant, bien que confrontés à des hausses de coûts de production, les professionnels restent confiants pour l’activité des prochains mois.
Perspectives 2022
L’épaisseur des carnets dans le gros œuvre continuerait d’alimenter la demande de BPE en 2022 avec un niveau de mises en chantier (et de BPE) qui pourrait rester proche de celui de 2021. Quant aux granulats, les besoins seraient également soutenus par le réveil des investissements des collectivités locales (nouveau cycle électoral) et la montée en charge des projets du Plan de relance