Pages

03/04/2021

Combles perdues ou aménagées, en rénovation ou en neuf, plusieurs familles de solutions isolantes permettent de répondre à la variété des situations sur le terrain.

En 2020, malgré les mesures sanitaires et l’arrêt brutal de l'économie lors du premier confinement, le marché du bâtiment et de l’isolation s’est bien maintenu. Le marché de l'isolation thermique de l'enveloppe ne fait pas exception.

« Pour cette nouvelle année, le premier semestre montre la même dynamique, avec une demande accrue. En revanche, il existe davantage d’incertitudes sur la seconde moitié de l’année… Un gros coup d’accélérateur est à noter sur la rénovation avec notamment la mise en place du dispositif MaPrimeRenov’ ouvert à tous dans le cadre du plan de relance », présente Sylvie Mercier, Directrice Marketing et Communication chez Unilin.

En rénovation, le marché est fortement subventionné par les aides fiscales. « De plus avec la pandémie, les consommateurs sont à la recherche de confort et isoler les combles fait gagner en espace habitable. Côté produit, nos solutions de sarking sont demandées essentiellement pour la rénovation et dans les régions de France où les toitures sont à forte pente », précise Olivier Lafore, Directeur Marketing et Communication d'Edilians. Pour la construction neuve, le marché a davantage souffert en 2020 mais devrait être stimulé par l'arrivée de la RE 2020.

Sarking, panneau sandwich ou caisson chevronné ?

En rénovation et en fonction de la nature de la charpente, les combles vont être aménageables ou perdues ce qui détermine les familles d'isolants utilisables. Le soufflage d'isolant est la solution préférée pour les combles perdues tandis que pour celles aménageables, le recours à l'ITE (Isolation thermique par l’extérieur), permet de conserver tout l'espace disponible.

Le choix parmi les solutions en ITE, c’est à dire système auto-portant (caissons chevronnés) ou non (sarking ou panneaux sandwich), va dépendre de l'état de la charpente.

Avec l'ITE, la couverture est surélévée d'une dizaine de cm, ce qui nécessite de déposer un permis de construire ou une déclaration préalable de travaux. Outre leur résistance thermique, les isolants se distinguent par leur performance acoustique et leur caractère ignifugé ou biosourcé.

Créé il y a dix ans en Normandie, le groupe « Les ECO-Isolateurs » est spécialisé en rénovation énergétique globale des bâtiments. Son référent technique, Olivier Martel, confie : « Les industriels ont optimisé ces dernières années la composition de leurs produits. La laine de verre est devenue moins abrasive et moins irritante. Le goudron qui était présent dans les papiers kraft a été supprimé. Ces améliorations ont rendu la pose des isolants moins pénible. Par ailleurs, nous constatons une progression de la demande en matériaux plus naturels. Sur les chantiers, ces matériaux sont globalement plus agréables à poser que la laine de verre ou de roche ».

Quels objectifs de performance énergétique ?

Que ce soit pour les bâtiments tertiaires ou résidentiels, l’isolation de l'enveloppe des bâtiments neufs et résidentiels relève encore de la RT 2012 qui fixe des objectifs de performance énergétique niveau BBC en fonction de la zone d’habitation. Dans les combles, les résistances thermiques R mises en œuvre en parois opaques doivent être supérieures ou égales à 8 m².K/W et l'étanchéité doit être performante.

Le marché principal, celui de la rénovation, est piloté par les aides financières. À compter du 1er janvier 2021, le bénéfice de MaPrimeRénov' est étendu à tous les ménages et le CITE disparaît définitivement. Les conditions pour bénéficier de cette prime demeurent dans la même veine. Les travaux doivent être effectués par un professionnel labellisé RGE et le matériau isolant utilisé doit avoir une valeur de résistance thermique R supérieure ou égale à 7 m² K/W pour les combles perdus et de 6 m² K/W pour les combles aménagés en pose sur rampant de toiture.         

Deux nouveaux DTU pour l'isolation des combles

La principale nouveauté réglementaire vient des prescriptions apportées par la parution l'année dernière de deux nouveaux DTU pour les travaux d'isolation des combles, aussi bien dans le neuf qu'en rénovation. Paru en mars 2020, le DTU 45.11 est relatif à l’isolation thermique de combles perdus par soufflage d’isolant en vrac, de type laines minérales ou ouate de cellulose papier. En particulier un déflecteur est obligatoire et sa hauteur doit dépasser de 10 cm celle de l’isolant afin de ventiler correctement la toiture.

Ce premier DTU a été suivi de la parution en juillet du DTU 45.10 pour l’isolation des combles perdus ou aménagés en panneaux et rouleaux de laines minérales manufacturées, qui vient remplacer le CPT n°3560-v2 de juin 2009. Ces travaux étant désormais reconnus comme une technique traditionnelle, le DTU remplace les DTA Isolation des combles publiés par les divers fabricants d'isolants en laine minérale. En revanche sur un plafond existant en plaques de plâtre, l'isolant est mis en œuvre dans le respect du DTU 25.41 notamment l'entraxe des montants des plaques doit être resserré pour toute pose d'isolant avec une densité supérieure à 6 kg/m2.

Solution 1 : Le Sarking

« Appréciée en haute montagne et de plus en plus en plaine, pour la rénovation de toiture traditionnelle à forte pente, la technique du sarking demande un savoir-faire dans la pose »

Quelles sont les caractéristiques du système ?

Le sarking est un procédé d'ITE de la toiture, qui consiste à rehausser le toit afin d'insérer une couche d'isolant. Sur la charpente mise à nue, est posé un platelage hydrofuge en bois ou en plaques de plâtre sur lequel sont assemblés et fixés les panneaux d'isolants préalablement découpés, qui peuvent être rigides, semi-rigides ou souples, dans des dimensions habituelles de un à deux mètres. L'Avis technique de certains panneaux rigides autorise leur pose directe sur les chevrons ou fermettes.

Dans quelle configuration peut-on mettre en œuvre la solution ?

Solution d'isolation continue de toiture, en pose sur une charpente en bon état, le marché du sarking est essentiellement celui de la rénovation. Plus cher qu'une isolation classique sous rampants par l'intérieur, le procédé est apprécié en climat montagneux car il conjugue performance thermique, étanchéité et couverture ventilée.

Quelles particularités de la mise en œuvre ?

Sa mise en oeuvre demande de poser avec soin couche après couche. Sur le voligeage et le pare-vapeur, l'isolant est posé généralement en deux couches en décalé au niveau des jointures. Le tout est recouvert d'un écran de sous-toiture, faisant pare-pluie. Des tasseaux (contre-lattage) sont vissés ou cloués au travers de l'isolant à la charpente puis les chevrons support de la nouvelle couverture sont fixés. « Le sarking demande un savoir-faire. Avec la rehausse de 8 à 12 cm de la toiture, il faut réhabiller les rives et refaire le débord de toiture vers les chéneaux. Les règles de pose sont à respecter comme la hauteur de ventilation de la sous-face qui doit être de 24 mm », précise Olivier Lafore chez Edilians. 

Avantages : Assure une isolation thermique extérieure continue sans pont thermique ; toiture ventilée ;

Limites : Mise en œuvre plus longue que les solutions traditionnelles ou que les caissons (ou panneaux sandwich) ;

Solution 2 : Le panneau sandwich

Cette solution de bardage en panneaux tri-couches, emboîtables les uns aux autres, facilite la pose et assure l’absence de ponts thermiques.

Quelles sont les caractéristiques du système ?

Le panneau sandwich est un matériau tri-couches avec une sous-face décorative (généralement en bois ou plaques de plâtre), une âme isolante et une face de protection. Le parement extérieur, qui est en bois, PVC, béton ou en métal, comporte des contre-liteaux sur lesquels viennent se fixer les liteaux, support de la couverture. Rainurés latéralement, les panneaux sont emboîtables les uns aux autres, assurant l’absence de ponts thermiques. Ces panneaux sont commercialisés en éléments rigides de 2 m à plus de 5 m de longueur et une épaisseur d'isolant pouvant aller jusqu'à 200 mm. Certains modèles de panneaux munis de raidisseurs sont auto-portants.

Dans quelle configuration peut-on mettre en œuvre la solution ?

Ce système d'isolation extérieure continue convient aussi bien en neuf qu'en rénovation où comme pour le sarking, ce procédé demande de mettre à nu la toiture, d'isoler puis de poser la couverture. Le volume habitable des combles est conservé au prix d'une rehausse de toiture, il faut donc traiter les rives et les débords de couverture vers les chéneaux. Enfin, si la charpente existante n'est pas en assez bon état, il faut préférer des panneaux auto-portants avec une rigidité accrue apportée par des raidisseurs latéraux ou un contre-lattage intégré.

Quelles sont les particularités de la mise en œuvre ?

Les dimensions et la masse des panneaux demandent l'usage d'un système de levage adapté pour leur installation. Assemblés latéralement par leur rainurage, les panneaux sandwich donnent une isolation continue sans pont thermique. Pour assurer la continuité thermique, les point singuliers doivent être traités, notamment avec des compléments d’isolation et d’étanchéité à l’air aux jonctions de la couverture avec d’autres parois de l’enveloppe. Pour les couvertures acier voir en particulier les Recommandation professionnelle RAGE sur les couvertures en panneaux sandwich à deux parements en acier et à âme polyuréthane.

Avantages : isolation continue sans pont thermique ; sous-face décorative servant de finition par exemple en lame de bois type lambris ;

Limites : utilisation d'un système de levage pour la pose ; évaluation de la capacité de la structure existante à pouvoir accueillir les panneaux.

Solution 3 : Le caisson chevronné

« Solution auto-portante d'ITE, le caisson chevronné est pré-usiné, ce qui en simplifie la pose, mais les raccords doivent être soigneusement traités afin d'éviter les ponts thermiques »

Quelles sont les caractéristiques du système ?

Le caisson est un panneau structurel bordé par un cadre et intégrant des chevrons raidisseurs porteurs qui assurent une grande portée entre pannes. Sa sous-face décorative comporte une finition qui sert de plafond aux combles. L’isolant ne remplit pas toute la hauteur entre les chevrons afin de ménager une lame d’air pour ventiler la toiture. Sur ces chevrons sont fixés les liteaux et la couverture. Ces caissons sont typiquement commercialisés en éléments rigides d'une longueur allant jusqu'à 8 m et avec une épaisseur d'isolant allant jusqu'à 200 mm.

Dans quelle configuration peut-on mettre en œuvre la solution ?

Du fait d'être auto-portant, le caisson vient reposer directement sur les pannes de la charpente. Il est principalement utilisé en neuf ou pour des rénovations où les chevrons existants ne sont pas conservés. Une différence par rapport au panneau sandwich est que la toiture est ventilée.

Quelles sont les particularités de la mise en œuvre ?

À la commande il faut préciser au fabricant un angle de coupe en tête et en pied des panneaux, en fonction de la pente de la toiture. Un système de levage est nécessaire pour manipuler sur chantier les caissons, dont la masse avoisine 200 kg, et les poser directement avec un minimum de manipulation. La jonction des caissons doit être particulièrement soignée afin de ne pas créer de ponts thermiques. L'usinage des panneaux doit être très précis afin de garantir leur raccord bord à bord lors de leur assemblage. Une mousse est appliquée entre les panneaux pour l'isolation. Sur le dessus des panneaux vient se raccorder le pare-pluie à recouvrement intégré. Autre point de vigilance, la hauteur de la lame d'air ventilée doit être suffisante.

Avantages : Simplifie la pose ; caisson structurel reposant directement sur les pannes ; sous-face décorative servant de finition ;

Limites : demande un système de levage pour les manipuler et installer ; veiller aux raccords antre caissons afin d'éviter les ponts thermiques ;

Source : batirama.com par  François Ploye