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17/01/2021

Ruffec : ​la tuilerie de la Lorne

La seule tuilerie du département de l’Indre, créée en 1774, a su résister au temps. Un moment menacée, elle a été reprise en 2019 par un couple jeune et dynamique.

Les usagers de la départementale 151 ne se doutent pas qu’ils frôlent un dinosaure. Située à l’entrée est de la commune de Ruffec-le-Château, la tuilerie de la Lorne se fait discrète mais n’en est pas moins chargée d’histoire. Au 18e siècle, le village brennou possédait deux tuileries : la Petite Lorne, qui a cessé de fonctionner en 1930, et la Grande Lorne, toujours en activité.

Cette vieille dame, née en 1774, a su résister au temps malgré quelques vicissitudes. En 1808, le rapport du préfet de l’Indre évoquait « des fours à briques, à tuiles et à chaux, isolés sur les bords de la Creuse, qui ne présentent aucun danger ».

À l’époque, il existait en Brenne une quarantaine de tuileries-briqueteries, mais leur nombre s’est étiolé. Il n’y en avait plus que douze en 1920, et un siècle plus tard, celle de la Lorne est la seule en activité. En 1774, cette dernière était louée par Pierre d’Arnac à François et Marguerite Nicaud, moyennant « une rente de cinq livres, un millier de tuiles, une pipe de chaux, cinq sols, sept deniers et une poule ».

Une liquidation judiciaire la menace en 2017

Le site a longtemps été exploité par deux familles, les Téiton, de 1836 à 1902, puis les Vaucelle, jusqu’en 1998. Il possède actuellement deux fours, dont le plus ancien, ouvert en 1980, a été construit par Jacques et Philippe Vaucelle. Cet ouvrage a une surface au sol de 50 m2, avec une profondeur de terrassement de trois mètres. Les murs sont en pierre, doublés d’une chemise intérieure en briques réfractaires. Sa fabrication, qui a duré quatre ans, a nécessité 85 m3 de pierres liées au mortier de chaux et 48.000 briques.

En 2001, la réalisation d’un second four à bois et 426.000 € de travaux projetaient la tuilerie de la Lorne dans le troisième millénaire, mais seize ans plus tard, une liquidation judiciaire stoppait net cet élan. Les élus du Parc de la Brenne et de la communauté de communes Brenne - Val de Creuse se sont alors mis en quête d’un repreneur et, par miracle, un jeune couple qui exploitait jusqu’ici une briqueterie dans le Cher a répondu favorablement.

Depuis l’été 2019, Céline et Cyril Demoulières fabriquent quinze tonnes de briques, briquettes, parements et tomettes à chaque cuisson, et ne manquent pas de projets pour développer l’entreprise artisanale. Si la tuilerie de la Lorne est devenue la briqueterie du Pic, ils perpétuent une tradition vieille de deux cent cinquante ans.

Source La Nouvelle République par Jean-Michel Bonnin