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29/06/2020

Le gouvernement appelé à revoir sa politique «anti-maisons»

Le confinement a fait naître chez beaucoup de Français, l'envie de vivre dans une maison au vert et de télétravailler

L'été dernier, le ministre chargé du Logement assumait la chute des ventes de maisons. Avec le Covid-19, devra-t-il revoir sa copie?

«J'ai fait un choix politique». C'était en août 2019: le ministre chargé de la Ville et du logement assumait, sur BFM Business, d'avoir encouragé, avec son programme Action Cœur de ville, la relance des centres-villes au détriment de la construction des maisons en périphérie. Pour inciter les particuliers à investir dans un logement ancien (qui nécessite des travaux), le ministre avait même lancé un dispositif fiscal qui concerne aujourd'hui 300 villes. «Si demain, le rebond se fait par les villes moyennes, j'en suis le plus grand fervent», a affirmé au Figaro immobilier Julien Denormandie, à la fin du mois de mai (voir ci-dessous).

Mais le confinement, qui a fait naître chez beaucoup de Français, l'envie de vivre dans une maison au vert et de télétravailler, nécessite aussi de relancer la construction de maisons individuelles. «Le Covid-19 a rebattu les cartes en faveur des maisons avec jardins, terrasses ou balcons. Le gouvernement ne pourra pas longtemps ignorer cette nouvelle réalité», affirme Damien Héreng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFCMI).

En France, ce sont quelque 400.000 logements neufs (commencés, voir ci-dessous) qui sont construits, selon les derniers chiffres publiés par le gouvernement (cumulés sur douze mois). Parmi eux, environ 180.000 sont des maisons individuelles. «Entre le 11 et le 31 mai, nous avons signé autant de contrats que sur tout le mois de mai l'an passé», souligne Damien Héreng.

Pour illustrer cet engouement, la FFC prend l'exemple de Français qui avaient abandonné, avant le confinement, l'idée d'acheter une maison en raison de l'éloignement et qui ont changé d'avis. «Quitte à s'éloigner un peu plus de leur travail, ils recherchent une ville avec une meilleure qualité de vie et des prix moins élevés», explique le président de cette fédération qui regroupe 330 adhérents.

Et les mouvements de l'Ile-de-France vers la province semblent se confirmer. Le courtier en crédit immobilier Meilleurtaux a comparé les demandes de ses clients de mai 2019 à celles de mai 2020. Bien qu'il s'agisse pour l'heure de frémissements, ils sont limpides: les demandes ont baissé en Ile-de-France (-0,7 point) qui reste en tête, et ont augmenté en Auvergne-Rhône-Alpes (+0,6 point), en Provence-Alpes-Côte d'Azur (+0,5 point) et en Normandie (+0,4 point).

Mais, comme le rappelle Damien Héreng, le marché des maisons individuelles est «à 90% un marché d'accédants qui l'utilisent comme résidence principale». Des populations qui risquent d'être fragilisées par le resserrement du crédit opéré par les banques et pourraient ainsi devoir abandonner leur projet de vivre au vert. «Le resserrement du crédit immobilier n'empêchera pas les ménages d'acheter une maison mais les obligera à arbitrer différemment les caractéristiques de lieu ou de configuration du logement», affirme Damien Héreng.

Source Boursorama

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