Outre ses vergers luxuriants à perte de vue, la province de Vinh Long est aussi et surtout réputée pour les briqueteries et poteries séculaires de Mang Thit. Un patrimoine qu’il est nécessaire de préserver.
La terre fertile de Vinh Long est entourée par les fleuves Tiên et Hâu, les deux bras du Mékong. C’est grâce à des conditions naturelles favorables que la localité est surnommée "le grenier de fruits" du pays. Quand on parle de Vinh Long, on pense immédiatement aux villages d’artisanat tels que tricotage, production de tofu, confection de bonbons… Sans oublier la fabrication de briques et céramiques dans le district de Mang Thit.
Structures originales
En se rendant pour la première fois à Mang Thit, difficile de ne pas s’émerveiller devant ces fours de forme ovoïde en briques tout le long de la rivière Cô Chiên. Au loin, ces ouvrages de couleur ocre, à l’image de ruches d’abeille géantes, se démarquent et contrastent avec le bleu du ciel de cette région ensoleillée. On l’appelle le "Royaume des briqueteries" ou plus littérairement le "Royaume rouge".
Les briqueteries et poteries sont apparues il y a plus d’un siècle. La construction d’un four haut de plus de 10 m nécessite plusieurs dizaines de milliers de briques. Comme les abeilles, les ouvriers travaillent en continu et avec diligence. La structure particulière du four est construite à partir d’un mélange de terre, de sable et d’eau.
Dans le "royaume des briqueteries" de Mang Thit a Vinh Long hinh anh 2
À l’intérieur d’une briqueterie. Photo : CVN
Pourtant, le tourbillon de la vie moderne a peu à peu éteint la flamme qui brûlait alors dans ces briqueteries et ces architectures ne restent plus que l’image emblématique d’un temps passé. Autrefois, Mang Thit était considéré comme le lieu de production de briques rouges et de céramiques le plus animé du delta du Mékong.
Pour obtenir une brique rouge, le processus de fabrication dure un mois et doit passer plusieurs étapes avant la cuisson, sans parler des techniques complexes et de la dextérité des artisans. Une fois que les briques sont introduites dans le four, la fermeture s’effectue au sommet avant d’allumer le foyer. Les produits ne s’écoulaient pas uniquement dans le pays mais s’exportaient également vers d’autres marchés étrangers.
Relance de l’artisanat
Selon les habitants, c’est dans les années 1980 que Mang Thit connaît son apogée. Tout le district disposait de près de 1.000 ateliers de production et de 3.000 fours. Au début du XXe siècle, les briques et tuiles de la région étaient hautement appréciées grâce aux sources abondantes d’argile naturelle qu’offre la rivière Cô Chiên, aux techniques de cuisson exigeantes et à l’attention particulière prêtée par les artisans au processus de production.
La vie des autochtones était alors étroitement liée aux fours et aux briques. Ce métier a en effet su leur rapporter des revenus stables pendant de nombreuses années. On raconte que pendant l’âge d’or du métier, le feu brûlait jour et nuit dans les briqueteries, sans interruption. Nombreuses étaient les barques et les pirogues qui s’affairaient sur la rivière pour transporter matières premières et marchandises. Marchandises qui étaient d’ailleurs exportées vers le Cambodge, la Thaïlande ou la République de Corée.
C’est à partir des années 2000 que le "Royaume des briqueteries" connaît son déclin. Le rythme effréné de la vie moderne et la modification du goût des consommateurs ont fait de ce métier un artisanat de plus en plus délaissé, au grand dam des passionnés. En cause notamment les frais élevés de production et la baisse continue des commandes qui ont poussé de nombreux ateliers à mettre la clef sous la porte. À présent, Mang Thit ne compte plus que 1.000 fours et des ruines…
Récemment, dans le but de préserver et de développer les valeurs culturelles et historiques des briqueteries, le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme, en collaboration avec des architectes et investisseurs, a lancé le projet intitulé "Patrimoine contemporain de Mang Thit".
Le Docteur et architecte Ngô Anh Dào, membre du groupe des experts-auteurs du projet, affirme que le réseau des briqueteries est censé être un “trésor” de grande valeur qui a été établi il y a plus de 100 ans avant de tomber dans le déclin il y a à peu près 20 ans. Il s’agit de merveilles architecturales inspirées de la culture et de l’art des Kinh, des Khmers et des Chinois.
Cet endroit possède des conditions favorables pour devenir une destination touristique attrayante, capable de rapporter des ressources financières notables à la localité. Mais en vue de réaliser ce projet, il importe que les autorités locales et les habitants travaillent main dans la main.
La province de Vinh Long pourrait par exemple transformer la chaîne de four-atelier-maison des habitants en établissements de séjour ou homestay, ouvrir un musée de céramique ou encore déployer des activités de confection de briques pour les touristes…
Source Vietnamplus
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