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13/08/2018

Imerys vend ses tuiles pour un milliard d’euros, ses salariés réclament leur part

La vente doit être signée au dernier trimestre 2018. Imerys Toiture, le spécialiste des tuiles en terre cuite, l’une des branches d’Imerys, leader des minéraux industriels, sera cédé à un fonds d’investissement américain, Lone Star, pour un milliard d’euros. Les mille salariés réclament leur part.

70 000 tonnes de tuiles sortent de l’usine de Racquinghem chaque année.

 
Le contexte
En 2017, Imerys, leader des minéraux industriels, rachète Kerneos, pour se renforcer dans la chimie du bâtiment. Fin 2018, Imerys vend à l’Américain Lone Star, un fonds d’investissement, Imerys Toiture, sa branche terre cuite, leader sur le marché hexagonal, pour un milliard d’euros, pour se recentrer sur son cœur de métier. Imerys Toiture, c’est 300 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel – dans un marché en baisse –, soit 6,5 % du chiffre du groupe. Ce sont aussi un millier de salariés dans quatorze usines en France. L’une d’elles, la tuilerie de Wardrecques, se trouve à Racquinghem, elle emploie une cinquantaine de salariés.

La prime
«  Au moment du rachat de Kerneos, les salariés ont bénéficié d’une prime de 3 000 €, indique Antonio Pereira, responsable maintenance de la partie mécanique chez Imerys, délégué syndical (CFTC) du site, délégué central d’Imerys Toiture et membre du comité européen de l’entreprise. Pourquoi pas nous ?  » Pour lui, «  ça fait vingt-cinq ans qu’on renfloue les caisses d’Imerys. Si le groupe en est là aujourd’hui, c’est grâce au cash libéré par Imerys Toiture. On est en droit de demander une prime  ». Comme lors du rachat de Kerneos, le millier de salariés pourrait toucher 3 000 €. À l’époque, ce serait le fonds d’investissement auquel Imerys a racheté Kerneos qui aurait versé la prime.

L’inquiétude
«  J’ai rencontré les futurs acquéreurs, ils sont là pour quatre à cinq ans maximum, assure Antonio Pereira. La transaction la plus courte avec un industriel, c’était deux ans et demi.  » Si aujourd’hui «  on garde tout le monde, l’entreprise fait des bénéfices, on peut se retrouver dans la même situation d’ici quatre ans. On est dans une vision à court terme  ».

La grogne
Le comité central d’entreprise, réuni le 19 juillet, a émis un avis défavorable à l’encontre de la cession. «  L’intersyndicale est prête à organiser un mouvement, juste avant la transaction. On fera quelque chose qui restera dans les annales  », précise Antonio Pereira. À la tuilerie de Wardrecques, il n’y a jamais eu de grève. «  Les gens sont prêts.  »

L’histoire
1901 : le site sort sa première tuile en terre cuite. Avant cela, il s’agissait d’une sucrerie-distillerie, mise en service dès 1868. La SA la Tuilerie de Wardrecques est créée en 1905.

1940-44 : l’usine est pillée par les nazis, réquisitionnée, elle sert de dépôt d’armes et de logement. Sa reconstruction sera lancée de 1944 à 1950.

1983 : les Comptoirs Tuiliers du Nord (CTN) déposent le bilan, puis sont repris par Huguenot Fenal.

1987 : Imérys Toiture rachète et lance une vague d’automatisation.

2009 : l’usine est rénovée et modernisée à 80 % puis lance de nouveaux produits à partir de 2011 après s’être recentrée sur les tuiles. 70 000 tonnes de tuiles sont produites chaque année. Le site confectionne sept modèles de tuiles.

Source La Voix du Nord par Jennifer-Laure Djian 

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