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02/02/2016

SUISSE: La tuile écolo qui fabrique de l’énergie en catimini

Intérieur-extérieurLa start-up suisse Panotron produit une tuile photovoltaïque. Performante, discrète, mais pas donnée.
Roberto Ricciuti, conseiller technique pour Panotron, et Nicolas Schlaeppi, qui a posé les tuiles sur le toit du siège de Cosvegaz, à Cossonay.
Le phénomène s’amplifie d’année en année. Politique énergétique oblige, les toitures des maisons, des immeubles et des fermes se coiffent les unes après les autres de panneaux solaires photovoltaïques. L’objectif? Produire du courant vert «maison» – économies substantielles à la clé. Seule ombre au tableau: ces plaques rectangulaires imposantes et massives confèrent une allure disgracieuse aux bâtisses, en particulier aux édifices anciens.
Pour remédier à ce point noir esthétique, la start-up Panotron, filiale de l’entreprise alémanique Gasser Ceramics, basée à Rapperswil, a conçu une tuile solaire photovoltaïque. Une invention exclusivement suisse. Epousant parfaitement les contours des toits, la discrète tuile a séduit la direction de l’entreprise Cosvegaz, filiale de Holdigaz, à Cossonay. Les deux pans de la toiture de ce distributeur de gaz naturel en ont été recouverts. Le résultat? Imperceptible à l’œil nu. Le ferblantier-couvreur Nicolas Schlaeppi, directeur de l’entreprise éponyme, artisan de ce travail minutieux, raconte: «Lorsque les personnes à qui j’en ai parlé sont venues le voir, elles m’ont dit: «Elles sont où, tes fameuses tuiles?»
Commercialisé depuis quatre ans, ce produit séduit tant les entreprises que les particuliers. A l’heure actuelle, une centaine de toitures en Suisse ont déjà revêtu ces coiffes écologiques. Le principe commence même à séduire les collectivités publiques: la Ville de Rolle a sauté le pas l’été dernier pour deux pans du toit de sa Cure. «Cette démarche s’inscrit dans le concept énergétique de la Commune, explique Josephine Byrne Garelli, municipale des Bâtiments. Ce système permet de couvrir la plupart des charges électriques du bâtiment.»
Cellules réduites
Imbriquées dans la toiture, les plaques photovoltaïques estampillées Panotron présentent-elles réellement la même efficacité qu’un panneau solaire «traditionnel»? «Le principe est exactement le même, affirme Roberto Ricciuti, conseiller technique et responsable des ventes pour la société spécialisée dans la tuilerie et la briqueterie. Nous avons simplement réduit les cellules afin qu’elles soient intégrées à la tuile en terre cuite, matériau que nous maîtrisons.»
Alors que le prototype a fait ses preuves, le produit est amené à se décliner sous d’autres formes. «Pour l’heure, les tuiles ont un format unique, mais cela va se développer», assure Roberto Ricciuti. Les ingénieurs travaillent également sur la teinte des plaques. «Leur couleur est bleu foncé pour des raisons techniques. En résumé, cela permet de garantir une meilleure rentabilité en termes de production. Mais notre but est d’élargir notre offre pour que les plaques correspondent le plus possible à la teinte de chaque toiture.» Au plan technique, la tuile ne permet, pour l’heure, de ne créer que de l’électricité. Mais, à plus long terme, la société ambitionne de concevoir un produit hybride, capable de produire également de l’eau chaude sanitaire.
Discrète et performante, la tuile Panotron offre d’autres avantages. «Elle garantit plus d’étanchéité que les panneaux solaires traditionnels, observe Nicolas Schlaeppi. En outre, les plaques sont faciles à démonter; il n’est pas nécessaire d’effectuer de travaux sur la couverture.»
Deux fois plus chère
Forte de toutes ces qualités, la tuile solaire Panotron n’éclipsera pas le panneau photovoltaïque pour autant. Car elle présente elle aussi son lot d’inconvénients, à commencer par son prix. A 350 francs le mètre carré environ (pour la fourniture et la pose), le produit coûte deux fois plus cher qu’un panneau «standard».
Pour l’heure, les cellules sont fabriquées en Chine – sur mandat de Panotron. A terme, la société entend créer une seconde variante «Swiss made». Encore plus onéreux, ce produit s’adressera aux clients les plus soucieux du développement durable.
Outre l’aspect financier, la tuile alémanique pâtit d’un inconvénient technique: de par leur imbrication dans une tuile de terre cuite, les cellules ne recouvrent pas l’entier de la toiture. La surface de couverture est dès lors de 30% plus faible. «Le système est fait pour suivre au mieux les contours et les particularités d’une toiture mais n’offre pas la possibilité d’en couvrir l’ensemble, confirme Steeves Bacher, sous-directeur d’Agena, société spécialisée dans l’énergie solaire à Moudon – également filiale de Holdigaz. Ces plaques ne sont donc pas rentables sur une grande ferme dont le toit est parfaitement rectangulaire.» (TDG)

Source La Tribune de Genève 

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