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07/10/2015

Les constructeurs de maisons individuelles retrouvent le sourire

Réconfortés par une embellie de leurs ventes après quatre ans de marasme, les constructeurs de maisons individuelles redoutent désormais la disparition de l'APL accession.
Quand le batiment va, tout va. Et de fait, ça va un peu mieux pour la construction de maisons en France, après quatre ans de difficultés. Sur les douze derniers mois, les ventes de maisons individuelles ont progressé de 6% comparé aux 12 mois antérieurs, selon les chiffres publiés mardi par l'Union des maisons françaises (UMF).
«Après quatre années de marasme continu, l'embellie sur la commercialisation des maisons en secteur diffus se confirme», et cette baisse continue «semble enrayée», s'est félicité l'organisation lors d'une conférence de presse conjointe avec le Crédit foncier et le groupe De Particulier à Particulier (PAP).
«Nous revenons de loin, la maison a bigrement souffert», a souligné Patrick Vandromme, président de l'UMF et PDG du leader du secteur Maisons France Confort : «Ces ventes devraient se traduire par des ouvertures de chantiers d'ici huit à neuf mois.» De fait, les ménages qui accèdent à la propriété (ou primo-accédants) modestes, semblent être de retour, comme l'atteste un prix moyen des opérations en diminution.
Les constructeurs de maisons individuelles voient là une conséquence directe de la «reconfiguration positive» d'une aide de l'État, le Prêt à taux zéro (PTZ), dont les critères d'octroi ont été assouplis depuis octobre 2014, «couplée à des taux d'intérêts historiquement bas». Pour l'UMF, «il est important de ne pas casser cette dynamique et même de la renforcer avec de nouvelles mesures».
La veille, parmi 21 mesures rendues publiques à l'issue d'un comité interministériel aux ruralités, le gouvernement a annoncé l'extension, à l'ensemble des communes de la zone C (les plus rurales, NDLR), du dispositif PTZ «rural», réservé à l'achat de logements anciens à réhabiliter, sous conditions de travaux.
Pour Dominique Duperret le secrétaire général de l'UMF, «il faudrait», dans l'immobilier neuf,«encore améliorer le PTZ pour le rendre plus solvabilisateur, par un relèvement du montant du prêt et un allongement du différé d'amortissement» (le délai de remboursement).
Un effet couperet
Mais les constructeurs de maisons s'inquiètent d'une éventuelle disparition de l'APL accession, un dispositif qui aide les ménages modestes à devenir propriétaires, pour l'heure en sursis. En mai, un rapport parlementaire a préconisé d'abroger, dans le prochain projet de loi de finances qui sera présenté le 30 septembre en conseil des ministres, l'article 93 du budget 2015, qui prévoyait de restreindre fortement l'APL accession à compter du 1er janvier 2016.
Cette aide, qui bénéficie actuellement à 500.000 ménages - soit 30.000 nouveaux par an - pour un coût annuel de 900 millions d'euros, n'irait qu'aux seuls ménages ayant vu leurs revenus chuter de plus de 30% par rapport au moment de la signature du prêt immobilier.
Pour les ménages primo-accédants, souvent modestes, qui empruntent 130.000 euros sur trente ans, l'APL accession représente une aide de 150 euros, à soustraire d'une mensualité de remboursement de crédit allant de 620 à 650 euros, a précisé Benoit Catel, directeur général délégué du Crédit foncier : «C'est simple, si l'APL accession n'est plus là, nous ne ferons pas le prêt, cela aura un effet couperet. Personne n'acceptera de financer, si le client ne peut pas payer.»
En 2013, environ un ménage primo-accédant sur quatre est devenu propriétaire grâce à l'aide apportée par le PAS (Prêt à l'accession sociale) et/ou le PTZ+, selon une étude du Crédit foncier publiée en mai 2014. Pour l'Union des maisons françaises, «la vraie question est de savoir si l'embellie actuelle est le signal d'un redressement pérenne sur une période de quinze ans à l'identique de la période 1993/2007». L'UMF en doute, du fait d'une tendance des taux qui sera «plutôt à la hausse» et du «maintien sur une longue période des contraintes budgétaires de l'Etat».
Source Le Revenu par P. Huguen

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