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20/10/2015

Les Carrelages de Saint-Samson, entre tradition et modernité

Saint-Samson-la-Poterie. Saint-Samson-la-Poterie, le 24 septembre. Thomas Alglave (à gauche) et son frère Guillaume sont les deux gérants de la fabrique. Ils avouent avoir eu «le coup de foudre» quand ils l’ont visitée pour la première fois. Thomas Alglave (à gauche) et son frère, Guillaume ont repris, en 2008, l’usine de carrelage à l’ancienne. Des fours datant de 1836 sortent les traditionnelles tomettes comme les modernes carreaux émaillés.

Le Petit Trianon, dans le parc du château de Versailles et la Cheneaudière, un hôtel-restaurant-spa 4 étoiles en Alsace, ont - au moins - un point commun : ce sont des carrelages de Saint-Samson-la-Poterie qu’y foulent leurs visiteurs.
Des carreaux chargés d’une histoire qui remonte à 1836, année de la création dans ce village, entre Picardie et Normandie, de la Manufacture de terres réfractaires, par la famille Briard. L’Oise est alors le premier exportateur de produits de terre cuite, brique et carrelage. A l’époque, la qualité des creusets réfractaires de la Manufacture asseoit sa réputation dans les industries verrière et métallurgique. Elle deviendra même le fournisseur officiel de la Monnaie de Paris.
En ce début du XXIe siècle, l’argile du pays de Bray continue à porter l’empreinte de ce savoir-faire exceptionnel grâce à deux frères passionnés.
Rien ne prédestinait pourtant Guillaume et Thomas Alglave, alors respectivement âgés de 34 et 25 ans, à reprendre les commandes de l’usine de carrelage à l’ancienne, fin 2008. L’aîné est collaborateur d’architecte. Son cadet, encore étudiant, se destine à une carrière d’avocat en droit des affaires européen. Passionnés de patrimoine, comme leur père (NDLR : Gilles Alglave est le président de l’association des Maisons paysannes de l’Oise), les deux frères éprouvent un véritable choc quand ils visitent pour la première fois l’usine. « Ça a été un coup de foudre partagé », confirme Thomas Alglave. Presque deux ans plus tard, leur détermination à préserver les murs et l’âme du lieu et à assurer la pérennité économique de la fabrique de carrelages convainc le propriétaire, prêt pour une retraite méritée, à leur transmettre les rênes.
Repères

  • 1836. Année de création de la Manufacture de terres réfractaires, à Saint-Samson-la-Poterie. Elle a compté jusqu’à 60 salariés au début du XXe siècle. Trois générations de Briard se succéderont à la tête de l’entreprise jusqu’en 1967. La production n’aura connu que trois années d’interruption, de 1972 à 1975. 2008. Année du rachat par Guillaume et Thomas Alglave.
  • 3 000 m². La superficie de l’usine.
  • Deux mois et demi. La durée du cycle de fabrication d’un carreau, de la carrière d’argile au produit fini.
  • 2 gérants, 2 salariés.
  • Entre 15 000 et 20 000 m² de carreaux fabriqués par an, disponibles en une centaine de références.
  • 60 €. C’est le prix au mètre carré, en moyenne, de la tomette en terre cuite. Il faut compter entre 150 et 200 € le m² pour les carreaux de terre cuite émaillée. Les frères Alglave revendiquent de « faire du luxe accessible ».
  • 5 %. Le taux d’exportation vers les DOM-TOM, les Etats-Unis, l’Espagne l’Allemagne et la Grande-Bretagne.

Aujourd’hui, avec leurs deux salariés, Guillaume et Thomas Alglave continuent de répéter, jour après jour, les mêmes gestes que les ouvriers du XIXe siècle : du concassage du bloc d’argile sorti de la carrière au défournement des cinquante tonnes de galettes préalablement moulées et séchées. « La seule différence, c’est qu’on ne se casse plus le dos grâce aux transpalettes ! », relativise, dans un sourire, Thomas Alglave.
Tous les carreaux sont pressés et moulés à la main, pièce par pièce. « On ne fait jamais le même, confirme le chef d’entreprise. Le fait que le produit ne soit pas standardisé permet de s’adapter à la demande des clients pour la forme et l’aspect du produit : carré ou hexagonal (NDLR : la fameuse tomette), de couleur homogène ou avec des veines d’argile...»
A Saint-Samson, la vente est directe du producteur au consommateur. Entrepreneurs du bâtiment, architectes, décorateurs, institutions et particuliers composent une clientèle amatrice de ce matériau noble que l’entreprise entend rendre « tendance » et « design ». Le développement de la gamme des carreaux de terre cuite émaillée, nouveau produit de l’année 2015 permettant toutes les fantaisies de couleurs, participe à cette volonté d’inscrire le carreau traditionnel de Saint-Samson dans la modernité.
Source Le Parisien  par Corinne Fourcin

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