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04/09/2015

Carrières d’argile dans le pays de Bray : une nouvelle associations d’opposants de Sommery

Environnement. Une association s’est constituée, à Sommery, contre le projet de carrières et de briqueterie de la société Bouyer-Leroux. C’est la troisième du genre en pays de Bray.
L’association a déposé ses statuts fin juillet et organise une réunion publique le 10 septembre
Il y avait Notre terre à Mésangueville, Anti carrières en Bray à Sainte-Geneviève-en-Bray, voilà maintenant Non aux carrières en Bray à Sommery... Une troisième association d’opposants au projet d’extraction d’argile et de briqueterie de la société Bouyer-Leroux a déposé ses statuts, fin juillet.
Les deux premières associations ne font plus vraiment parler d’elles, leur dirigeant ayant même adouci leur discours au fur et à mesure des discussions avec le promoteur. Lequel poursuit méthodiquement ses prospections et ses acquisitions foncières en pays de Bray, via la Safer .
Après Hodeng-Hodenger, La Ferté Saint-Samson, Sainte-Geneviève-en-Bray, l’entreprise coopérative, dont le siège social est dans le Maine-et-Loire, numéro un français de la brique en terre cuite, a trouvé un nouveau filon d’argile verte à Sommery. Et elle étudie l’implantation de son usine de briques sur le territoire de la commune.
UN DANGER POUR LE TOURISME ?
Le sujet a été débattu lors d’un conseil municipal extraordinaire en juillet. « Nous avons fait le point sur les éléments à notre connaissance. Pour l’instant, la commune n’a aucune décision à prendre », commentait le maire, Colette Bertrand (lire notre édition du 23 juillet).
Comme elle le fait toujours, la société a fait visiter son site de la Séguinières, près de Cholet, aux conseillers municipaux. « Cholet, ce n’est pas le pays de Bray », tempête Christophe Marsille, le président de la nouvelle association : Non aux carrières en Bray. « Nous y sommes allés aussi, mais pas dans le cadre d’une visite organisée, nous avons rencontré des riverains, les propos sont moins idylliques... L’environnement chez nous est différent, il y a en pays de Bray une activité touristique qui à tout à perdre avec ce projet. »
Le patron de la pépinière jardinerie le Vallonchêne redoute de voir transformer les terrains entre la D 915, la route de Saint-Saire et le chemin d’Atteville en une vaste carrière, avec son va-et-vient de camions. « Il y aura les nuisances sonores inévitables, la poussière, la destruction des paysages et de la flore », souligne Patricia Van Poulle, la secrétaire de l’association. « Le risque est grand de voir la valeur des maisons se déprécier, poursuit Jürg Buchmann, le trésorier-adjoint. Concernant le bilan en matière d’emplois, il pourrait être au final négatif pour le tourisme et l’agriculture... »
L’association veut se donner les moyens d’agir. Elle a ainsi fixé un niveau de cotisation assez élevé, de 10 € par mois : « La communication sur Internet, les panneaux au bord des routes, les tracts, ça coûte cher... » Elle a même reçu un soutien artistique, en la personne de Léo Koupper, l’illustrateur et affichiste, connu pour avoir réalisé les affiches des adaptations françaises des films de Charlie Chaplin dans les années 70 et l’affiche d’Emmanuelle... Depuis sa maison secondaire à Sommery, il a dessiné la première affiche militante de l’association : une benne de tractopelle dévorant un morceau de pays de Bray.
Dans l’espoir que ce dessin ne devienne jamais une réalité, les opposants aux carrières organisent une réunion publique jeudi 10 septembre, à 19 h 30, à la salle des fêtes de Sommery. Ils pourront alors compter leurs forces...
« Nous avançons pas à pas » 
Depuis les premiers sondages en 2008, la société Bouyer-Leroux poursuit avec constance son projet d’implantation d’une usine de briques, et des carrières qui vont avec, en pays de Bray. « Nous avançons pas à pas, confirme Roland Besnard, le PDG de la société coopérative et participative (Scop).
Nous savons que nous pouvons fabriquer avec le mélange que nous avons trouvé ici. » Pas moins de 60 ha à La Ferté-Saint-Samson et à Hodeng-Hodenger, ont déjà été acquis à l’amiable par le biais de la Safer.
Une trentaine d’hectares sont en cours d’acquisition à Sainte-Geneviève-en-Bray.

Pour Sommery, la société ne veut pas donner de superficie pour le moment : « Nous avons besoin de ces nouvelles terres afin de compléter le gisement et notre mélange d’argile verte », précise Benoît Tuzelet, le responsable du Pôle carrières chez Bouyer-Leroux.

Concernant l’usine, la société précise ne pas avoir abandonné son projet d’implantation à proximité du rond-point de Roncherolles-en-Bray : « C’est une option qui est toujours d’actualité, même si le site nécessite des fondations spéciales, en raison de la présence d’une zone humide.

Dans le même temps, nous travaillons sur une deuxième option, à Sommery, c’est un processus normal de conduite d’un projet. » Bouyer-Leroux précise que des études d’impact sur la faune et la flore sont menées.
Mais pour le moment, aucun document n’a été rendu public.
Le projet est en effet encore loin d’entrer dans le cadre d’une enquête publique, avec son processus de consultation des populations et des conseils municipaux, nécessaire pour l’obtention des autorisations de l’État.

Christophe Marsille, le président de l’association Non aux carrières en Bray, prévient : « Nous n’attendrons pas l’enquête publique pour nous opposer à ce projet, car ce sera déjà trop tard ! »

Les responsables de Bouyer-Leroux avouent ne pas être pressés par le temps : « C’est un projet à moyen terme, explique Roland Besnard. Nous travaillons sans précipitation, en concertation pour les acquisitions amiables, dans l’esprit qui est le nôtre, celui d’une entreprise coopérative. »
Le P.-D.G. poursuit : « Le contexte ne justifie pas de se précipiter, le marché de la construction a ralenti, il n’y a pas de caractère d’urgence, nous ne prenons pas de risques inconsidérés. Pour autant, nous sommes dans une dynamique de projet, nous avons investi de l’argent.
C’est un projet important au niveau économique et social localement. Nous sommes sereins sur son évolution. » Roland Besnard annonce qu’il entend bien, comme il l’avait fait en décembre 2013 à Roncherolles-en-Bray, rencontrer les habitants de Sommery d’ici la fin de l’année.

Source Paris Normandie par FRANCK WEBER

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