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03/09/2015

À Pontigny, les tuiles chargées d'histoire d'Aléonard

Spécialisée dans la fabrication de tuiles pour la restauration du patrimoine, la tuilerie Aléonard, à Pontigny, a connu quelques difficultés. Pour rebondir, elle a su diversifier sa production et s’ouvrir à une clientèle plus large.
Quel est le point commun entre la cathédrale de Sens, la halle aux poissons de Trouville, le centre mondial de la Paix à Verdun et la saline royale d’Arc-et-Senans?? Ces édifices ont tous été en partie restaurés grâce à un savoir-faire de l’Yonne.
Sur ces trois sites, en levant le nez, les visiteurs peuvent retrouver des tuiles fabriquées tout près d’Auxerre, chez Aléonard. La tuilerie est installée à Pontigny, depuis 1872.
Une argile de qualité issue de deux carrières locales
La matière première est à portée de main. L’usine exploite deux carrières, situées dans le périmètre de la commune. « C’est un riche filon géologique. C’est une argile de qualité pour la fabrique de nos tuiles. Il permet des produits d’une grande longévité », explique Gilles Wuthrich, directeur de projets et marketing.
Dans son histoire, l’entreprise a connu une étape importante dans la période de l’après-guerre. « Il fallait alors refaire la toiture de l’abbaye de Pontigny, explique le directeur du site, Cyril Brissaud. Il y avait un besoin précis : celui d’une tuile épaisse. Elle a été fabriquée dans l’usine, identique à celle originellement en place. »
C’est à cette période qu’est née la tuile dite monuments historiques. Sûrement la plus prestigieuse et renommée des tuiles fabriquées par la tuilerie icaunaise. Depuis, Aléonard est reconnu dans le secteur de la restauration du patrimoine. « Dans l’ensemble du groupe Koramic, la tuilerie Aléonard est à part. Nous ne voulons pas qu’elle perde son âme », poursuit Gilles Wuthrich.
Actuellement, un projet identique à celui de l’abbaye est mené à l’église de Saint-Fargeau. « Deux mois de travail intensif ont été nécessaires pour développer une tuile, indique Cyril Brissaud. L’idée était de retrouver les couleurs de la tuile d’origine. » La seconde tranche de travaux devrait débuter à l’automne, et se terminer début 2016.
Le succès de la gamme Saint-Vincent
En plus du patrimoine, la tuilerie s’est positionnée sur le haut de gamme. Quelques exportations sont effectuées aux États-Unis et en Belgique. Ce sont des opportunités sur le très haut de gamme, notamment pour des maisons prestigieuses.
L’année 2013 ayant été difficile, notamment à cause de la conjoncture compliquée dans le secteur du bâtiment, la politique de la maison a été redéfinie.
« Nous avons été attaqués par la concurrence sur nos marchés historiques. Nous avons élargi nos ventes aux particuliers, explique Gilles Wuthrich. Nous nous sommes repositionnés en rendant la tuile plus accessible car moins épaisse, tout en conservant sa qualité de résistance. »
La tuile Saint-Vincent, du nom du patron des couvreurs, a été un succès. Cette gamme représente près de 40 % de la production. « Le carnet de commandes se porte désormais mieux. Nous savons que nous aurons assez d’activité pour toute l’année. »
Source Lyonne Républicaine par Marc Charasson

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