Le leader mondial de la valorisation des minéraux poursuit sa stratégie offensive dans un environnement économique mondial contrasté. Par ailleurs, le groupe accentue la réduction des coûts.
Les réponses de Monsieur Gilles Michel
Vous venez de publier vos résultats du premier trimestre; comment les qualifiez-vous ?
Dans un contexte devenu difficile dans plusieurs grandes régions du monde, à commencer par l’Europe, en période récessive, ces résultats sont satisfaisants et font preuve d’une grande résistance. Si notre chiffre d’affaires se tasse un peu, notre marge opérationnelle est stable par rapport à 2012, à un niveau élevé. Notre politique de réduction des coûts et de gestion de notre cash, qui a été renforcée dès la fin du premier semestre de 2012, a donné sa pleine mesure. Sa contribution au résultat a été de l’ordre de 15 millions d’euros au premier trimestre 2013.
Quelles sont les disparités régionales auxquelles le groupe a été confronté ?
En Europe, l’économie souffre et Imerys le ressent, notamment dans les métiers de la construction. Dans le neuf, le recul du premier trimestre est équivalent à celui constaté au second semestre de 2012. La rénovation résiste mieux, sans pour autant être en croissance. Aux Etats-Unis, la situation est exactement inverse. Après cinq années épouvantables, où les mises en chantier ont été divisées par quatre, on a assisté, l’an dernier, à un rebond du marché qui s’amplifie cette année. Après un plus haut niveau de 2,2 millions de mises en chantier avant la crise, le niveau était tombé à 550.000. En 2013, le nombre de 900.000 pourrait être dépassé, et les indicateurs avancés laissent penser que l’amélioration devrait se poursuivre car la moyenne annuelle sur longue période est de l’ordre de 1,5 million. Dans les autres domaines, l’économie américaine va mieux aussi. Dans les pays émergents, la croissance est moindre, même s’il est vrai qu’elle reste élevée.
Les contrastes géographiques et sectoriels s’accentuent, mais notre diversification nous permet de maintenir nos marges en ce début d’année 2013.
Par exemple ?
Désormais, Imerys réalise moins de la moitié de son chiffre d’affaires en Europe. La part réalisée en Amérique (22 %) et dans les pays émergents (25 %) progressent régulièrement. Sur le plan des métiers, nous avons acquis Talc de Luzenac, en 2011, et l’avons intégré plus rapidement que nous ne l’avions imaginé. Son apport positif sur le bénéfice par action a été constaté dès la première année. En outre, ce leader mondial poursuit son développement de façon très satisfaisante. Nous avons annoncé ce mois-ci l’acquisition, aux Etats-Unis, de PyraMax Ceramics LLC, spécialisé dans la fabrication de proppants céramiques, utilisés dans le domaine de l’exploitation pétrolière. Avec cette opération, le groupe se donne les moyens d’accélérer son développement sur un secteur porteur.
Etes-vous ailleurs qu’aux Etats-Unis en ce qui concerne les proppants ?
Ce métier est totalement nouveau pour le groupe, qui y est entré en 2011 en créant une ligne de production au sein de son usine américaine d’Andersonville. L’unité de production de PyraMax va nous permettre de tripler nos capacités. Nous allons très vite, mais nous ne voulons pas brûler les étapes. Les Etats-Unis offrent de très bonnes perspectives. L’implantation mondiale d’Imerys nous permettra, en temps utile, de nous développer ailleurs. Notre dispostif actuel nous permet de cibler 150 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2016.
LA QUESTION INTERNAUTE DE LA SEMAINE de Bouthi1
Seriez-vous en joint-venture ou toute autre forme de présence avec les entreprises chinoises, qui comptent bien exploiter les nombreux gisements et terres rares de leur pays ?
Nous avons, pour l’essentiel, bâti notre présence en Chine sans partenaire. Surtout, nous ne sommes pas du tout présents sur les terres rares. Cela ne correspond pas à notre logique économique. La valeur des terres rares réside justement dans leur seule rareté. Or nos minéraux ont une valeur ajoutée technique et industrielle.
C’est-à-dire ?
Nous ne vendons pas de commodités en vrac. Notre métier consiste à élaborer des produits dont les applications sont spécifiques aux besoins des clients. Nous pouvons les répertorier selon trois types d’usage : les additifs fonctionnels (modifier les propriétés des produits, les peintures pour sécher plus vite, par exemple) ; les matières de compositions (les minéraux sont la base des produits fabriqués, comme les céramiques) ; enfin, des produits utilisés dans les procédés de fabrication de nos clients tels que la filtration de la bière. A ces usages viennent s’ajouter les produits finis, avec, en particulier, la tuile en terre cuite, qui représente aujourd’hui 10 % de notre chiffre d’affaires.
Quels sont les grands axes de votre plan stratégique 2012-2016 ?
Ce programme consiste à accélérer la croissance du groupe. Il est organisé autour de deux axes. Tout d’abord, l’accroissement de la diversification géographique, avec en point de mire les pays émergents. Si les priorités sont, avec la Chine, dont nous avons parlé, le Brésil et l’Inde, où nous sommes déjà fortement implantés, nous sommes très attentifs à l’Indonésie, la Thaïlande, la Turquie, le Mexique, voire la Russie. Le second axe est celui de la recherche et du développement. Il s’agit de sans cesse trouver de nouvelles applications pour nos minéraux. C’est le cas avec les proppants, pour l’exploitation pétrolière et gazière, des batteries Lithium-Ion, dont les débouchés dans l’automobile ou ailleurs croissent très vite, ou encore le talc, de plus en plus utilisé dans les automobiles pour les alléger. Les minéraux du groupe entrent dans le champ de toutes les applications industrielles.
Quelle est votre situation financière ? Vous permet-elle de poursuivre une politique active de croissance externe ?
Elle est très saine, avec une dette nette consolidée qui s’élevait, à la fin de l’an dernier, à 875 millions d’euros, soit 1,3 fois notre excédent brut d’exploitation, et un taux d’endettement qui ne représente que 38 % de nos fonds propres. L’acquisition de PyraMax a nécessité 180 millions d’euros. C’est tout à fait compatible avec notre situation. D’ailleurs, notre note de crédit long terme, Baa2, avec une perspective stable, postérieurement à cette opération, a été confirmée.
Source Bourse les Echos propos recueillis par Jean-Laurent Maurel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire