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25/04/2013

La tension monte dans les entreprises sous LBO

La Saur, spécialiste des services aux collectivités qui emploie 12 000 salariés, a connu début avril la première grève de son histoire. Motif : une politique salariale jugée minimaliste par les syndicats.
De son côté, le groupe dirigé par Olivier Brousse justifie sa parcimonie – 1 % d’augmentation générale – par les difficultés financières du moment. De fait, le malaise tient à la situation périlleuse de la Saur. Vendue par Bouygues au fonds d’investissement PAI Partners en 2005, l’entreprise avait été cédée deux ans plus tard par LBO à un consortium associant la Caisse des dépôts, le groupe Séché, Axa et le fonds belge Cube.
L’endettement colossal contracté pour payer le prix de cession de 2,4Mds€ plombe les comptes. À tel point que le comité central d’entreprise, craignant que les salaires de fin avril ne puissent être versés, a déposé un droit d’alerte. « c’est la descente aux enfers », constate Frédéric Buenafortuna, délégué central FO. Les LBO, qui supposent un taux de rentabilité hors du commmun, sont mis à rude épreuve, à l’image de TDF Group. Fin mars, une grève dure a ponctué les négociations annuelles obligatoires, supervisées par Patrick Puy, directeur de la performance opérationnelle, en première ligne pour cause de turnover répété à la DRH (la dernière titulaire du poste au niveau groupe, Ewa Brandt, a quitté son poste il y a quelques semaines).
Imperturbable, il a maintenu le gel des salaires. La CFDT et la CGT affirment que l’issue des NAO n’est que le révélateur d’un « ras-lebol général » face aux réorganisations incessantes et à l’érosion de l’emploi. En cause, selon eux : l’endettement dû au LBO, responsable d’une charge de 230 M€. Les syndicats estiment que les salariés en paient les conséquences. Les effectifs ont dégringolé de 2 400 à 1 750 personnes. La direction promet qu’il n’y aura pas de PSE en 2013, ni en 2014. Pourtant « les départs individuels se succèdent, surtout parmi les quinquas », croit savoir le délégué central CGT.
Lequel subodore une prochaine revente du groupe. Même tension chez But qui serre les boulons, malgré une nette remontée du business depuis 2010. Le spécialiste du meuble et de l’équipement de la maison traîne une dette d’une centaine de millions d’euros liée au rachat opéré en 2007 par DecoMeuble Partners, coentreprise de Goldman Sachs et de Colony Capital. « cela accroît nos difficultés et dégrade les retombées des efforts fournis par le personnel », pointe un membre du CCE, déçu des dernières NAO et de la baisse constante de l’intéressement. L’artisan de l’après-LBO, Régis Shultz, a d’ailleurs quitté le navire pour prendre les manettes de Darty. La grogne monte aussi chez Parkeon et Picard Surgelés. Dans cette dernière entreprise, la CGT, FO et la CFDT grondent : « alors que le bénéfice a pour la première fois dépassé les 100 M€, les salaires et l’emploi stagnent, les conditions de travail se dégradent. »

Source WK RH

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