Le secteur immobilier se porte mal. Très mal même. Le ministère du Logement a annoncé, mardi 25 septembre, les chiffres pour la construction de logements neufs. Ils sont mauvais. Certains tombent même sous leur niveau d'il y a vingt ans, au moment de la plus grave crise immobilière.
Ces indicateurs économiques tombent au moment où le Premier ministre ouvre, mardi, le congrès annuel des HLM à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Lundi, les députés ont entamé l'examen du projet de loi jugé prioritaire par le gouvernement. Il prévoit la cession à bas prix, et parfois gratuite, de terrains de l'Etat pour le logement social, ainsi que l'augmentation à 25% de la proportion obligatoire de logements sociaux, contre 20% actuellement.
Du jamais-vu depuis 1997
"Jamais depuis un quart de siècle et la création de l'outil statistique mensuel un mois d'août n'avait enregistré un aussi petit nombre (7 896) de mises en chantier de logements neufs collectifs", souligne Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-Ouest et spécialiste du secteur, interrogé par l'AFP.
Le total des mises en chantier de logements neufs a baissé de 10,3% pour la période allant de juin à août 2012, comparé à la même période en 2011, selon le ministère du Logement. Depuis 1997, jamais un mois d'août n'avait été aussi mauvais pour le total des mises en chantier. "Entre décembre 2011 et août 2012, le nombre de logements commencés a été divisé par deux et demi. C'est du jamais vu", constate Michel Mouillart.
Sur les douze derniers mois (de septembre 2011 à août 2012), avec 341 838 logements commencés, les mises en chantier tombent, pour la première fois depuis longtemps, dans le rouge. La baisse est de 2,6% par rapport aux douze mois précédents.
Mais la situation est très variable selon les régions.
De fortes disparités régionales
Les raisons de ces mauvais chiffres restent inchangées : montée du chômage, interrogations sur le pouvoir d'achat et baisse des crédits et des aides publiques au secteur. Cependant, ce constat revêt des disparités régionales.
Le plongeon pour les constructions (y compris sur bâtiment existant) est très fort dans le Languedoc-Roussillon (-25,2%), en Champagne-Ardenne (-20,9%), en Aquitaine (-18,8%), dans les Pays de la Loire (-18,7%) et dans le Centre (-17,6%).
Par contre, certaines régions sont en plein essor : Corse (+64,1%), Ile-de-France (+22,4%) et surtout Provence-Alpes-Côte d'Azur (près de 100% de hausse).
Une lueur d'espoir... pour 2014
Sur l'ensemble de l'année 2012, et même en 2013, le nombre de logements commencés devrait être de 310 000, selon Michel Mouillart, soit une chute de 19% par rapport à 2011 (378 600), très loin de l'objectif de 500 000 logements neuf par an, dont 150 000 sociaux, fixé par François Hollande.
Le dispositif annoncé récemment par la ministre du Logement, Cécile Duflot, pour remplacer l'an prochain le "Scellier" pour les investisseurs achetant des logements neufs pour les louer devrait, selon le professeur d'économie, permettre la vente de 20 000 à 25 000 logements, contre 30 000 cette année, alors que le gouvernement table sur 40 000. "Les décisions prises aujourd'hui n'auront pas d'effet avant la mi-2014", souligne le professeur d'économie.
Seule lueur d'espoir : les permis de construire décrochent doucement, mais ne dévissent pas, avec une baisse de 1,2% pour la période de juin à août. "Cela signifie que la chute est terminée et qu'on a atteint un palier bas", conclut Michel Mouillart.
Source FTVi avec AFP
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