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03/09/2012

Les Royer donnent dans la tuile nouvelle « à l'ancienne » …


« On fait du neuf qui fait vieux », s'esclaffe Édith Royer. Avec son mari, à la tête de l'emblématique tuilerie de Soulaines-Dhuys, ils s'emploient à façonner, créer, couper, tailler et cuire tuiles, carreaux et briques. À la mode d'autrefois. Autrefois, quand la tuilerie fonctionnait déjà à plein régime. À l'époque, il y a un siècle, la région ne comptait pas moins de 110 tuileries. Aujourd'hui, les Royer se partagent le marché avec la poterie Drouilly d'Armance. Pour les Royer, propriétaires et exploitants de la tuilerie depuis cinq générations, le marché couvre un large panel de clients. Du particulier à l'architecte en passant par le couvreur et les Monuments historiques. Parce que faire du neuf qui fait vieux, ça peut rapporter gros. En termes de notoriété plus qu'en termes d'espèces sonnantes et trébuchantes.

Cuisson à 1 000 °C

Leur palmarès compte déjà, entre autres, les antéfixes gallo-romaines du baptistère Saint-Joseph de Poitiers, les pots creux du pavillon des filtres à Versailles, les carreaux médiévaux vendus à l'abbaye de Fontenay et bientôt la faîtière de la future Maison du tourisme à Troyes.
Véritables garants de la méthode traditionnelle de fabrication, les Royer exposent ainsi les derniers vestiges d'un art bientôt perdu. S'ils possèdent l'un des derniers fours à bois encore en activité, ils ne l'utilisent que tous les deux mois. Et pour cause : d'une capacité de 80 t, soit 100 m3 de tuiles, carreaux, briques et autres poteries, le four nécessite plusieurs jours de remplissage.
Une fois les deux ouvertures scellées, avec des briques, un feu est allumé quotidiennement, pendant quatre jours, pour commencer la cuisson et finir le séchage des produits. Au bout des quatre jours, un autre feu prend le relais, celui-ci veillé nuit et jour pendant cinq jours. Une fois la température de 1 000 °C atteinte, la terre devient solide et les produits prennent une couleur rouge, due à l'oxyde de fer.
Mais avant la cuisson, c'est lors de la fabrication que les méthodes ancestrales sont également employées. Après l'extraction des 400 t d'argile de leur propre carrière, non loin de Soulaines-Dhuys, la terre est placée dans l'entonnoir de la mouleuse et donc moulée à la forme désirée.
Les machines, tout comme les ateliers, semblent tout droit sortis du début du siècle dernier. Le séchoir donne la même impression : pénombre et poussière au milieu desquelles s'entassent, face contre face, afin que les sels minéraux ne remontent pas à la surface, des milliers de tuiles. Plates, kanales, faîtières : toutes les tuiles passent ensuite à la presse ou sont rebattues à la main. Débute alors le long cycle du séchage. « Pour respecter le cycle naturel de la terre », s'émeut l'épouse Royer.
Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis le 21 mars 2008, la tuilerie-poterie Royer n'exclut pas de se montrer sous un nouveau jour et d'élargir sa gamme le temps d'une collaboration originale. Contactés par des jeunes designers, c'est naturellement attirés par le challenge et l'opportunité d'offrir une tribune et une vitrine à de jeunes artistes que les époux Royer ont accepté leur proposition.
Objectif : détourner des poteries et en faire des objets du quotidien. Résultat : une brique transformée en pot à crayons ou encore un mur transformé en graff géant avec la caricature de Jean-Louis Royer ! Tous les coups sont permis !
Bio : S'ils se sont rencontrés sur les bancs de l'école de céramique, les Royer se sont séparés (géographiquement) momentanément le temps pour Jean-Louis de revenir travailler avec son père. Quelques mois plus tard, sa femme le rejoint, ils reprennent l'activité, la pérennisent et aménagent une salle d'exposition et un atelier poterie en 1999. De stages pour particuliers en centres aérés, les visiteurs peuvent ainsi découvrir les tenants et les aboutissants de l'art de la poterie.

Pratique
Tuilerie-poterie Royer
8 route de Joinville, Soulaines-Dhuys
Tél. 03 25 92 75 06/ 06 88 71 92 94
Source L’Est Eclair

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