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18/02/2012

FB Refractories : recette locale, cuisson mondiale

IFB Refractories fabrique des briques pour les hauts fourneaux, les céramistes et les verriers du monde entier. Pour survivre sur ce marché, cette PMI berrichonne a revisité la recette des briques réfractaires, un procédé vieux comme le feu.

« La recette des briques réfractaires est ancestrale : de l'argile, de l'eau et des fibres végétales mélangés puis cuites au-dessus de 1000° », résume Didier Pessiot, qui cite les maisons en torchis de l'Antiquité et les fours à pain de l'époque médiévale. Cela n'empêche pas sa société, IFB Refractories (Insulating Fire Brick, nom générique pour désigner les briques réfractaires isolantes dans le monde), d'innover pour continuer à fournir ses briques résistant à de fortes chaleurs, essentielles aux aciéristes, aux verriers et aux céramistes.

Comme les hauts fourneaux déclinent en France, cette PME d'une quarantaine de salariés expédie désormais ses produits à l'étranger. D'abord en Allemagne, mais aussi en Argentine, en Australie, en Asie... 85 % de la production de la petite usine de Buzançais (Indre) voyage. « Notre dernière livraison, en Amérique du Sud, portait sur 800.000 briques acheminées par cargo », raconte Didier Pessiot.

Pour rester présent sur ce créneau de la brique réfractaire, IFB a décortiqué cette « recette » que les Ming utilisaient pour la cuisson de leurs vases. En partenariat avec l'Ecole nationale supérieure de la céramique industrielle (ENSCI) de Limoges, IFB a entamé des recherches sur la composition exacte de ses matériaux. Depuis trois ans, des études financées par OSEO et le Conseil général de l'Indre ont permis de mieux connaître la structure interne des briques et de mettre en équation le savoir-faire de cette société créée en 1929. Didier Pessiot, PDG depuis 2007, estime que la crise lui a paradoxalement permis de mener sereinement ces études. « Auparavant, tous les ingénieurs de l'ENSCI étaient recrutés avant la fin de leurs cursus par les multinationales. La crise a changé la donne à ce niveau-là. Les PME ont aussi besoin des hauts potentiels », affirme-t-il. Les argiles de quatre carrières, deux à proximité de l'usine, une en Charente et l'autre en Bretagne ont été analysées en fonction de leur densité et de la porosité des briques afin d'affiner les mélanges. En 2011, IFB Refractories a vendu pour 4,2 millions d'euros de briques, dalles, tubes... « C'est un marché qui s'ouvre à l'international, sur des projets gigantesques et ponctuels. Pour notre prochain contrat aux Emirats arabes Unis, portant sur 2,2 millions de briques, j'étudie une alliance avec un confrère japonais parce que je n'ai pas les capacités d'y répondre seul », déplore Didier Pessiot, qui a dû renoncer à des contrats plus gros, parce qu'il ne peut combattre les coûts de production plus faibles de ses concurrents de Chine, d'Inde et de Malaisie. Outre sa politique d'innovation, IFB a misé sur la réactivité : la PMI de Buzançais entretient un stock conséquent et peut sortir des petites séries. Un instinct de survie, qui, comme la « recette » de la brique réfractaire, remonte à la nuit des temps.
Source Les Echos par STEPHANE FRACHET CORRESPONDANT À TOURS

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