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05/06/2008

La Briqueterie Lamour perpétue le même savoir-faire qu'en 1929

Devant le four long de 50 m, Patrick Lamour, petit-fils de Louis, fondateur de la briqueterie de Waziers au début du XXe
La briqueterie Lamour à Waziers est l'une des trois dernières entreprises de la région à avoir conservé des méthodes de fabrication aussi artisanales. Un savoir-faire qui fait de la brique de Waziers un produit unique.
Une brique pleine, de couleur « rouge pays », cuite au four continu. Soignée comme un bon pain de vrai boulanger. C'est la brique de Waziers.
Depuis près de quatre-vingts ans, la briqueterie Lamour a gardé la même recette de fabrication. Ici, pas de « popote » pour colorer les briques en surface. Ni de séchoir artificiel. On joue la carte du naturel et de l'artisanal. De la haute qualité. Tout commence par la matière première, une terre extrêmement pure. « Jusque dans les années 1990, elle était extraite ici même », explique Patrick Lamour, directeur du site. Lorsque la terre est venue à manquer, il a fallu trouver une solution. « En allant en Belgique et en Hollande, je me suis aperçu que beaucoup de camions amenaient la terre dans les briqueteries. On a décidé d'ouvrir une carrière à Roucourt. Et on amène ici 1 000 à 1 200 tonnes de terre sur une journée. » Patrick Lamour en attrape une poignée : « Regardez, c'est de l'argile pure. La couleur de la brique rouge est 100 % naturelle. On n'utilise pas de colorant. » Seule méthode employée pour obtenir une variation de couleur : l'ajout de calcaire. « On mêle une poudre très fine à l'argile, et on obtient ainsi des briques jaunes. » La terre utilisée ici a un autre avantage : « Elle est très plastique, se découpe facilement. Avec la glaise c'est différent, on est obligé de perforer les briques. »
Chaque étape de la production réclame un réel savoir-faire. Patrick Lamour montre le coup de main d'Ahmed et Christophe, en train d'entreposer des briques fraîchement découpées sous un abri de séchage. « Il faut savoir les placer en quinconce, c'est de la dentelle ! » Lors de l'étape de la cuisson, les ouvriers reproduisent les mêmes gestes qu'effectuaient leurs aînés, il y a des décennies. « Nous avons conservé et utilisons toujours le four Hoffman, qui avait été installé en 1929. Le four, c'est l'âme de la briqueterie ! Les briques ne sont pas saisies comme dans un micro-onde, elles cuisent à l'ancienne et restent quinze jours dans le four. » « On suit la tendance inverse des entreprises qui s'industrialisent et réduisent leur personnel, explique encore Patrick Lamour.
Nous, ces dernières années, on a embauché ! » Il y a vingt ans, le site employait dix-huit salariés. Aujourd'hui, du fait notamment du passage aux 35 heures, ils sont passés à trente-deux (dont huit intérimaires). « Tout est fait pour avoir un produit noble », résume Patrick Lamour, qui reconnaît : « Si nous avons survécu, c'est grâce au style de fabrication à l'ancienne. » •

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