C'est une très petite entreprise, puisqu'elle ne compte qu'un seul employé, et pourtant, son histoire est très grande puisque son actuel patron est la cinquième génération qui s'y succède. Créée en 1862 à Nan-sous-Thil, la Tuilerie Laurent est toujours en activité et c'est même la seule tuilerie artisanale de Côte-d''Or. En 160 ans, l'entreprise tient bon et affiche même une bonne santé avec des commandes qui augmentent et un chiffre d'affaire de 120.000 euros et qui progresse également. L'entreprise est aussi désormais estampillée "100% Côte-d'Or". Entretien avec Colin Laurent, un jeune patron optimiste.
Vous faites partie des nouveaux agréés de la marque 100 % Côte d'Or. Vous en attendez des retombées particulières ou c'est juste une fierté pour vous ?
Oui, c'est une fierté. C'était quelque chose qui me tenait à cœur. On fait partie du patrimoine local puisque c'est une entreprise assez vieille, c'est la cinquième génération qui s'y succède. On produit des produits locaux issus de la Côte d'Or, et c'était important de le faire savoir aussi aux clients qui ne sont pas forcément au courant.
Vous êtes une exception française puisque la Tuilerie Laurent, c'est la dernière tuilerie artisanale en activité en France. Cette longévité vous l'attribuez à quoi ?
Les dégâts causés il y a quelques mois par les violents orages, notamment à Liernais, ça a rempli vos carnets de commandes ?
Quand même pas mais il y a eu des demandes oui, pour quelques chantiers. Pour l'instant, rien n'est encore concrétisé parce que ça va prendre un peu de temps avec les assurances. Mais oui, j'ai eu quelques appels suite à ces intempéries.
On le voit en ce moment, beaucoup d'entreprises sont touchées par des délais de livraison qui s'allongent. Est ce que c'est le cas aussi pour vous ?
Oui aussi, forcément. On a eu beaucoup de demandes et étant donné que pour le moment, je suis tout seul dans l'entreprise, quand les commandes s'enchaînent, forcément, ça crée un peu d'attente derrière. A l'heure actuelle, on est sur un délai de 6 à 7 mois d'attente pour un chantier assez conséquent à partir de 200 mètres carrés de couverture. Il y avait déjà du travail les années précédentes pour mon père, mais avoir autant de demandes, c'est quand même assez exceptionnel cette année. Apparemment, ça part un peu sur les mêmes bases pour l'année prochaine. On ne va pas s'en plaindre. Il vaut mieux avoir trop de commandes que pas assez. On verra dans l'avenir si ça perdure ou pas.
Votre clientèle justement, elle est 100 % Côte d'Or comme la marque ou vous vendez également bien au delà ?
Il y a beaucoup de Côte-d'Or forcément, notre plus gros marché est dans la région bourguignonne quand même. Après, j'ai aussi de la demande un peu en régions parisienne et lyonnaise. J'ai fait également quelques chantiers pour le sud de la France, mais là c'est plus de la brique. Les gens cherchent beaucoup sur Internet et dès qu'ils cherchent quelque chose d'un peu spécifique, ils finissent par tomber sur nous. Ils nous demandent si c'est réalisable et si on peut le faire. Évidemment, on le fait. Ça peut être un peu partout en France, mais bon, le gros du marché reste quand même très local.Rassurez-nous, on ne va pas trouver des tuiles vernissées sur les toits dans le sud de la France ?
Je ne pense pas non, pas les tuiles dans le sud, par contre, d'autres produits, oui, un petit peu. Mais pour les tuiles vernissées, on reste beaucoup ici.
Comment l'entreprise s'adapte face à l'explosion des coûts de l'énergie ?
Comme toutes les entreprises, la tuilerie Laurent est confrontée à l'envolée des prix du gaz et de l'électricité. Le gaz, pour le four qui doit monter à plus de 1.000 degrés pour cuire les briques, les tuiles et les tomettes. L'électricité, pour les grosses machines qui permettent de façonner toutes les pièces. Pour éviter de payer de des factures trop lourdes, Colin Laurent a du organiser sa production en la lissant sur l'année.
"Pour l'électricité, j'ai renégocié un contrat cette année avec un tarif intéressant durant sept mois, par contre, en heure d'hiver, son prix est multiplié par sept par par rapport au tarif en heure d'été. Du coup, durant ces cinq mois là, il faut ralentir l'activité parce que sinon, je vais me retrouver avec des factures d'électricité exorbitantes. Pendant l'été, j'essaie de produire en amont pour avoir des produits sec, un stockage pour l'hiver et pour simplement faire la rotation des cuissons et simplement faire tourner les fours. En l'occurrence, eux tournent au gaz pour lequel j'arrive aussi en fin de contrat cette année. Il va donc là aussi falloir renégocier pour l'année prochaine, mais ce sera forcément à la hausse aussi, de l'ordre d'environ 20 % par rapport à cette année. Je vais la répercuter un peu sur les produits, mais pas à un niveau qui va me permettre de récupérer la totalité de l'augmentation." calcule le jeune patron de la Tuilerie Laurent.