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01/07/2023

Terreal- Vitrac: Le hameau ne veut plus faire carrière

Les membres de l’association « Non à la Terréalité » attendent l’audience du tribunal administratif.

Une carrière Terreal bientôt en exploitation à Vitrac-Saint-Vincent provoque la fronde d’habitants. L’association « Non à la Terréalité » attaque l’autorisation d’exploiter en justice.

L’association « Non à la Terréalité », regroupant une quinzaine d’habitants du hameau du Breuil et de lieux-dits voisins à Vitrac-Saint-Vincent et de « nombreux sympathisants », a déposé un recours devant le tribunal administratif de Poitiers contre l’autorisation d’exploiter accordée par la préfecture de la Charente le 10 janvier 2021 à Terreal, leader européen de la tuile en terre cuite.

L’argile extraite de cette carrière de 15 hectares doit alimenter l’usine de Roumazières-Loubert.

L’audience du tribunal administratif n’est pas encore programmée. Cette procédure n’étant pas suspensive de l’arrêté préfectoral, Terreal poursuit ses travaux. 

Ce n’est plus un projet, c’est une carrière. Nous avons reçu une autorisation d’exploiter définitive. Nous avons mené les fouilles archéologiques et certains travaux de clôture et plantations. On devrait lancer l’exploitation bientôt », souligne Bruno Hocdé, le directeur de l’usine de Roumazières qui explique que Terreal « a pris en compte » les demandes des riverains .<

L’opposition à la carrière des habitants de ce hameau d’une douzaine de maisons et une quarantaine d’habitants date de l’enquête publique (mars à mai 2021). « On a découvert le projet de carrière à ce moment-là. Nous n’avions pas été informés », indique Betty Dagnas, membre de l’association. La maison qu’elle occupe avec son mari, Michel, trésorier de l’association, est la plus éloignée du projet : « À 200 mètres du futur trou. Certaines maisons sont bien plus proches. »

« Risques sur la nappe phréatique »

L’association qui avait réuni plus de 400 signatures d’une pétition avait introduit un premier recours en référé (procédure d’urgence), rejeté par le tribunal, a choisi le cabinet de l’avocate Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997). 

« Un géologue est venu sur place pour réaliser des constatations. Nous allons réfuter l’expertise de Terreal » indique Vanessa Viseux, la présidente de « Non à la Terréalité ». L’association ne veut pas avancer tous ses atouts mais pointe notamment les risques sur la nappe phréatique, des mouvements d’argile qui pourraient fragiliser les maisons » , en plus des inconvénients liés à l’exploitation : « Des poussières, le va-et-vient des camions (NDLR, entre 18 et 36 rotations de camions par jour), le bruit… »

L’exploitation de la carrière pourrait durer 30 ans et le trou atteindre 22 m de profondeur. « Terreal va aménager un merlon de plusieurs mètres de haut pour cacher la carrière, une sorte de remblais qui va modifier le paysage et surtout bloquer la vue », avance Vanessa Viseux qui s’étonne de la « stratégie » de Terreal :  « Ils ont acheté la maison la plus proche de la carrière, sans doute pour être plus tranquilles, mais ils vont empoisonner la vie des autres habitants. Terreal n’a pas proposé de racheter les autres maisons ni de payer des compensations. » 

Les membres de « Non à la Terréalité » avancent un dernier argument : « Terreal a exploité une carrière à Etamenat à 400 mètres d’ici pendant quinze ans, on n’a rien dit. Puis ils ont exploité entre 2020 et 2022 une autre carrière à La Faurie, un peu plus loin qui a été abandonnée parce que la qualité n’était pas au rendez-vous. Notre secteur a assez donné. »

Terreal a « Toutes les autorisations »

Pour Terreal, la carrière de Breuil n’est plus un projet. « Nous avons obtenu toutes les autorisations et toutes les réponses techniques sont dans le dossier. Nous avons également tenu compte des demandes et inquiétudes des riverains en acceptant de reculer les limites de la carrière à 50 mètres des habitations, un geste fort. Et ce n’est pas parce que nous avons acheté une maison proche de la carrière que nous allons changer ça » , détaille Bruno Hocdé, directeur de l’usine de Roumazières qui annonce la poursuite des travaux cette semaine : « Les engins arrivent pour mettre en place les merlons périphériques et finir les accès. Le début de l’extraction se fera dans la foulée. » Terreal est propriétaire du site depuis plusieurs années. Bruno Hocdé dit « l’importance » de ce gisement : « Pour fabriquer nos tuiles, nous mélangeons des argiles. Ce que nous allons extraire au Breuil est une ressource très importante. Nous avons réalisé des forages et des sondages électriques pour nous assurer de la présence de l’argile. »  Le directeur ajoute l’enjeu à moyen terme :  « Nous avons trois autres carrières d’argile, deux à Roumazières et une à Abzac. La ressource est primordiale et nous poursuivons nos prospections ailleurs. »

Source La Charente Libre apr Frédéric Berg