En 2024, cela fera vingt ans que le Musée de la tuile a pris ses quartiers dans la chapelle Sainte-Thérèse, à Pargny-sur-Saulx. Tout un symbole en sachant que l’édifice a été construit à base de terre cuite.
La commune du Triangle, située dans le sud de la Marne, est une terre historique de la tuile depuis des lustres : « On y dénombrait 16 ateliers de fabrication en 1861. Il y a eu les guerres ensuite, mais trois tuileries étaient toujours opérationnelles en 1945 », retrace Gérard Olivier, membre de l’association des Amis de la Tuile, en charge notamment des visites au public.
Naissance
Les trois entreprises en question sont Huguenot, Simonnet et Gilardoni, créées respectivement en 1811, 1817 et 1835. A l’intérieur du musée, une carte permet de les resituer dans le paysage local. Car aujourd’hui, seule l’entité Huguenot perdure, sous le nom Edilians (après avoir été Imetal puis Imerys). Elle appartient à un fonds américain et emploie une centaine de personnes. C’est dans cette dernière que notre guide a travaillé, de 1969 à 2007, terminant sa carrière comme responsable des ventes en Haute-Marne, en Meuse et dans l’Aube. « Quand je suis arrivé, on produisait environ 100 000 tonnes de tuiles à l’année. Quand je suis parti, nous étions à 1 100 000 tonnes. » Le genre d’anecdote que Gérard Olivier glisse volontiers au cours des visites guidées du musée.
Musée où les clins d’œil envers Gilardoni sont nombreux. « Avant au Bois du Roi, il n’y avait rien. Gilardoni a tout construit : une usine, des habitations, une coopérative… Ce sont les ouvriers qui ont édifié en 1931 la chapelle Sainte-Thérèse durant leur temps libre. Il y avait les petits commerces, c’était comme une ville dans la ville de Pargny-sur-Saulx », parcourt Gérard Olivier. La tuilerie ferme ses portes en 1986, onze ans après celle définitive de Simonnet qu’elle avait tenté de redresser. Imetal (Huguenot) reprend alors les biens de la première nommée. « En 1994, dans l’ancienne entrée de Gilardoni, une exposition de tuiles était organisée avec la collection de Bernard Parisse. » C’est la naissance des Amis de la Tuile.
Visite
Dix ans plus tard, l’association installe son musée dans la chapelle Sainte-Thérèse (qui demeure un lieu cultuel). Le moindre recoin de l’édifice est exploité. « On commence la visite par des tuiles gallo-romaines, datant du Ier ou du IIe siècle, découvertes après des fouilles archéologiques. » Gérard Olivier détaille l’histoire, la fabrication, les utilisations des différents types de tuiles exposées : à emboîtement, canal, plate, tegule, émaillée, biberschwanz, tubulaire, violon, boulet… Le temps de vingt minutes, le bâtiment se transforme en salle de cinéma avec la diffusion d’un film dédié à la tuile. Avant de repartir de plus belle pour voir les frontons, faitières, chéneaux, pavés, entre deux pièces incroyables comme une partie du clocher de l’église de Buhl. « Hormis un lot de tuiles de lauze, toutes nos pièces proviennent de dons ou de découvertes », souligne le passionné.
Ces dernières semaines, le musée a accueilli des visiteurs de Reims, Châlons, des marcheurs de la Meuse, une confrérie de la Marne, et prochainement un groupe de véhicules anciens de Vitry-le-François. Pour le grand public, il faudra patienter jusqu’au dimanche 27 août.
Source JHM par Louis Vanthournout