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15/12/2022

2023 : le rebond post-COVID quasiment effacé par la crise énergétique ?

Alors que les craintes d’une récession économique planent sur l’année 2023, les indicateurs d’enquête, notamment dans la filière construction, montrent une résilience du climat des affaires sans effondrement des perspectives d’activité.

Pourtant, certains signaux passent à l’orange : la production de matériaux s’est contractée ces trois derniers mois pour s’inscrire dans des replis de – 5 % (BPE) à – 6 % (Granulats) sur un an et l’année 2022 devrait se solder par une contraction de – 4 %. Les mises en chantier de logements peinent à se réaliser alors que les permis plafonnent à haut niveau. 

Côté TP, l’opinion des professionnels sur les carnets et l’activité se maintient sur fond de difficultés de recrutement persistantes et d’inflation des coûts. La flambée des prix  de l’énergie tisse insidieusement la toile d’un freinage durable de l’activité, rognant graduellement le pouvoir d’achat, les carnets et les marges et plongeant les entreprises dans un climat d’incertitude inédit.

Dans ce contexte, la production de matériaux devrait à nouveau reculer en 2023 pour renouer avec les niveaux de 2020.

Bâtiment: Décrochage des permis  

Selon la dernière enquête bâtiment de l’INSEE, le climat des affaires se serait légèrement dégradé en novembre, tout en restant très au-dessus de 100 (à 113). Si le niveau des carnets de commandes affiche encore 9,4 mois de travaux, soit 3 mois de plus qu’en moyenne de long terme, le jugement que portent les chefs d’entreprise sur ces carnets se dégrade. Ces derniers se montrent plus inquiets sur leur activité à venir. Certes, les difficultés d’approvisionnement, tout en restant importantes, s’apaisent un peu mais les professionnels peinent toujours à recruter et la moitié d’entre eux voit sa production contrainte par le manque de main-d’œuvre.

Ces tensions productives contrastent avec la dégradation des indicateurs du marché constructif. En effet, les mises en chantier de logements, sur les trois derniers mois à fin octobre, reculaient de -3,4% sur un an (pour 380 800 unités sur douze mois). 

Du côté des locaux d’activité, le repli des mises en chantier atteint -11%. Quant aux permis, ils restent haussiers pour le non résidentiel (+1,7%) mais décrochent pour le logement (-8,1%) et plus particulièrement pour le segment de l’individuel où le recul atteint -25%, tandis que le collectif se maintient à +4,4%. Gonflé par l’anticipation de l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations, le stock de permis demeure très important : à plus de 500 000 unités, il pourrait constituer une caution d’activité future. Mais le décalage actuel constaté avec le rythme des mises en chantier suggère l’existence d’obstacles  pouvant gripper cet enchainement vertueux.

En effet, au-delà des tensions sur l’offre qui freinent la réalisation des chantiers, la flambée des coûts de construction, la hausse des taux d’intérêt et le durcissement des conditions d’accès au crédit bancaire (critères HCSF) peuvent remettre en cause le bouclage financier des opérations immobilières. Avec un pouvoir d’achat rogné par l’inflation, les ménages ont déjà commencé à renoncer à leurs projets immobiliers. 

Sur les trois mois d’août à octobre, les ventes de maisons individuelles ont plongé de -41% sur un an (soit 36 % en dessous de la moyenne de longue période) selon Markemétron. Sur le marché de la promotion immobilière, les réservations ont reculé de -29,3% sur un an au troisième trimestre, ce repli concernant aussi bien les ventes aux propriétaires occupants (-19,7%) que celles aux investisseurs particuliers (-24,7%). L’arrivée à échéance du dispositif Pinel actuel (fin 2022) ne semble donc pas stimuler les ventes locatives et l’offre nouvelle de logements sociaux devrait observer un net repli en 2022. Dans ce contexte perturbé, les perspectives de mises en chantier des promoteurs ont fortement reculé au troisième trimestre. 

Source Unicem