Le pôle Céramique valide ses premiers projets le 04/05/2006
Limoges a décroché le seul label pôle de compétitivité en France, dans les céramiques et matériaux. La Conférence internationale Shaping3, prévue mi-mai dans la ville, en sera la vitrine. Une centaine de chercheurs, universitaires et industriels sont attendus à la 3e Conférence internationale sur les principes fondamentaux et les innovations dans le façonnage de la céramique, qui aura lieu à Limoges du 10 au 12 mai. Organisée pour la première fois en France, cette manifestation a pour objectif de faire se rencontrer des spécialistes du monde entier, afin d'échanger sur les dernières avancées technologiques du secteur. Soit « compren-dre les méthodes de travail de chacun, diversifier les applications et produire des objets avec des propriétés nouvelles ou améliorées », précise Thierry Chartier, organisateur de la conférence pour le compte du laboratoire limougeaud SPCTS (Science des procédés céramiques et de traitements de surface).
Treize projets validés, quatre en attente C'est également l'un des objectifs du pôle Céramique, centré sur le Limousin, le Berry (région Centre) et les Hautes-Pyrénées (zone de Tarbes), qui a été l'un des premiers labellisés à décrocher, en décembre dernier, une subvention de 1,2 million d'euros du ministère de l'Industrie et 300 000 euros de la région Limousin. Le bénéficiaire ? La Compagnie industrielle des lasers (Cilas), basée à Orléans, dans le Loiret. En collaboration avec le SPCTS, cette filiale d'EADS et d'Areva, leader en Europe dans son domaine, travaille sur un projet expérimental de développement de céramiques transparentes destinées à remplacer les monocristaux dans les lasers. Mené sur trois ans, ce projet lui permet de s'implanter à Limoges (trois emplois à terme). Par ailleurs, le comité de gouvernance du pôle a validé 13 projets de recherche et développement en février, pour un budget total de 20 millions d'euros, tandis que quatre autres sont en attente. Les quatre plus importants (entre 2 et 3 millions d'euros chacun) espèrent obtenir, ces jours-ci, une réponse positive de la part du Fonds de compétitivité des entreprises. Car si les projets fourmillent, des financements restent en suspens... « Avant de valider d'autres projets au deuxième semestre, nous devrons trouver des financements européens pour ceux en cours, estime Vincent Collins, chef de projet du pôle, car les 40 millions d'euros au total à se partager pour cet appel à projets seront insuffisants. » Certains projets ont été développés à partir des laboratoires de recherche de Limoges, reconnus à l'international. C'est le cas de celui d'Alcan, portant sur l'amélioration des cuves d'électrolyse de l'aluminium, en collaboration avec le SPCTS et le CRMHT d'Orléans (Centre de recherche sur les matériaux à haute température). L'industriel s'est adossé à une filiale de Bodycote, spécialiste du traitement de surface. Une belle opportunité pour cette PME de 15 salariés qui maîtrise les dépôts céramiques et métalliques. « Nous attendons que cela débouche sur du concret et nous disposons de tous les moyens pour passer en phase de production dans cinq ans, estime David Dublanche, responsable développement et qualité. Etre en amont sur ces marchés nous permet d'avoir une avance sur la concur-rence. Quatre embauches sont envisagées à terme. Sans le pôle nous n'aurions pas pu être en développement sur ce projet à long terme. » Le verrier Saint-Gobain a monté deux projets de coopération pour améliorer la qualité des réfractaires employés dans l'industrie, en s'associant notamment avec le Groupe d'étude des matériaux hétérogènes (GEMH), implanté à l'Ecole nationale supérieure de céramique industrielle de Limo- ges, et à la Société française de Céramique. Nombreuses implantations en cours dans le Limousin Premier effet positif de cette collaboration transversale, cette dernière a ouvert une antenne sur la technopole de Limoges, forte de trois salariés. « Notre installation à Limoges était inévitable à terme, le pôle l'a donc accélérée, remarque son directeur, Eric Poulain. Car, notre mission vise à soutenir les PME-PMI qui n'ont pas les moyens de faire de la R & D. » Cette dynamique collective aura donc eu le mérite d'attirer en Limousin de grands noms de la céramique, conscients qu'ils ne devaient pas manquer ce rendez-vous. L'arrivée, cet été, du Centre technique des tuiles et des briques (CTTB), basé à Clamart (Hauts-de-Seine), procède du même raisonnement. Désirant se recentrer sur son métier premier qui est la couverture maçonnerie, le CTTB mise sur le savoir-faire des chercheurs limougeauds pour mener de front quatre projets ambitieux. Les deux premiers, évalués à 300 000 euros, attendent une subvention de la région. Il s'agit de concevoir une brique légère, nécessitant moins d'énergie pour la fabriquer, et de prévenir le verdissement des tuiles. Les deux autres sont axés sur l'amélioration du séchage. « Notre motivation profonde est de profiter des connaissances et des compétences céramiques de Limoges et du GEMH en particulier, précise le directeur Bruno Martinet. Nous allons recruter deux ingénieurs cet été, en comptant sur les exonérations de charges afférentes au pôle. Nous pensions à cette ins-tallation depuis quelques mois, mais la mise en place du pôle nous permet de voir plus grand. » Trois à six postes d'ingénieurs sont prévus. « L'objectif final est de créer sur Limoges un tissu d'entreprises de haute technologie dans le domaine des céramiques. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, explique Jean-François Baumard, directeur du SPCTS. Sans le pôle, tous ces projets de coopération seraient sortis plus difficilement. Il fallait bien que les deux logiques industrie/recherche, parfois opposées, se rencon-trent un jour. » En 2005, Cinq projets auxquels est associé le SPCTS ont été financés par l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour 3,76 millions d'euros et une réponse est attendue d'ici à deux mois pour deux autres. La synergie est donc bien enclenchée. 1 DE NOTRE CORRESPONDANTE CORINNE MÉRIGAUD LES OBJECTIFS le 04/05/2006 N°3008 > Abaisser les coûts, augmenter la flexibilité des industriels de la porcelaine et des arts de la table, et diversifier leurs produits (design, créativité...) et les marchés à l'international. > Valoriser la recherche privée et publique, dans la santé (prothèses, matériaux poreux), l'électronique et l'optoélectronique, la bioénergie (pile à combustible) et le bâtiment (tuiles, briques, matériaux isolants). LES PARTENAIRES le 04/05/2006 N°3008 > Plus de 120 fournisseurs, équipementiers, porcelainiers, céramistes... sont impliqués : Imérys, Céric, Elmeceram, Emix, SFC, Saint-Gobain, Bernardaud, Pall Exekia, Pillivuyt, Avignon Industries, Deshoulières, SCT, ESK Ceramics, Areva Parafoudres, Diatomic, Boostec, Cerlase, Sorevi... UNE NOUVELLE TECHNIQUE DE DÉCOR SUR LA PORCELAINE le 04/05/2006 N°3008 Neuf porcelainiers et faïenciers travaillent ensemble sur sur le projet Célisys Color qui vise à abaisser leurs coûts de production. Spécialisé dans le frittage laser sur céramique, le limougeaud Cerlase achève ainsi la mise au point d'une machine prototype de décors en couleur pouvant produire une pièce toutes les deux secondes à un coût d'estampillage dix fois inférieur au procédé traditionnel Chromos. Les premiers essais sont prévus cet été, après le recrutement d'un ingénieur. Puis le prototype sera à la disposition des porcelainiers, qui pourront l'adapter à leurs besoins avant de commander leur machine pour un prix allant de 80 000 à 250 000 euros. « Ce projet peut nous apporter une grande avancée technique, se réjouit Bertrand Raynaud, président de l'Union des fabricants de porcelaine. Les décors seront plus sophistiqués et les grandes séries réalisées à des coûts inférieurs. Les hôtels-restaurants sont déjà demandeurs. » Ce projet de 225 000 euros, financé par les entreprises participantes (15 %) et Cerlase (15 %), fait l'objet d'une demande d'aide de 157 500 euros, à part égale auprès de l'Etat et des Conseils régionaux.