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17/03/2007

L'ampleur de la crise immobilière aux Etats-Unis fait ‘flipper’ les économistes

Les économistes ont brusquement pris conscience, après le bond des défauts de paiements sur les prêts hypothécaires, que la crise immobilière était loin d'être finie aux Etats-Unis et pourrait avoir de vastes répercussions financières et économiques.
Ces défauts de paiement ont concerné 4,95% des prêts immobiliers au quatrième trimestre 2006, le niveau le plus élevé en trois ans et demi. Et "il faut s'attendre à des chiffres encore pires, étant donné que cette étude reflète uniquement la situation à la fin 2006", souligne Gina Martin, analyste de la banque Wachovia. Tout le problème vient des prêts "subprime", ces prêts immobiliers à risques consentis par les banques à des publics peu solvables. Quasiment ignorés il y a encore un mois, malgré les mises en garde répétées de la banque centrale, ils concentrent aujourd'hui toutes les inquiétudes des marchés qui apprennent chaque jour ou presque de mauvaises nouvelles.
Faillites, durcissement de la législation... mardi la publication du rapport sur les défauts de paiement a remis le feu aux poudres, faisant plonger la Bourse. Les marchés se sont surtout inquiétés de voir que les défauts de paiement concernaient un large éventail de prêts, qu'ils soient détenus par des ménages "à risque" ou non.
"Le problème n'est par le marché ‘subprime’ risqué en soi, mais l'ajustement de grosses quantités d'emprunts à taux variables à des taux plus élevés dans un environnement de stagnation ou de baisse des prix des logements aux Etats-Unis", souligne Jan Hatzius de Goldman Sachs.
Cette contagion est la crainte numéro un des analystes, car cela signifierait que la crise immobilière pourrait toucher l'ensemble des Américains. Une part du problème vient du système de prêts hypothécaires en vigueur aux Etats-Unis, qui a permis au pays d'éviter une récession prolongée en 2001 mais menace aujourd'hui d'un retour de bâton.
Les ménages empruntent sur la valeur de leur logement, et si celle-ci s'apprécie ils peuvent renégocier un montant plus élevé. Cet argent peut servir à consommer ou, dans le cas des montages les plus acrobatiques, à rembourser le prêt précédent.
Le système fonctionne tant que le marché immobilier augmente. Mais aujourd'hui que les prix stagnent ou baissent, la renégociation des prêts est impossible. Et les ménages ayant des prêts particulièrement exotiques -- à taux variables, à remboursement différé du capital... -- se trouvent acculés.
Cela crée un effet boule de neige qui pourrait aussi affecter la consommation, premier moteur de la croissance. Les économistes ont jusqu'à présent écarté les scénarios les plus alarmistes. Mais "maintenant que le génie hypothécaire est sorti de la bouteille, ce n'est par avec la méthode Coué qu'on le fera rentrer dedans", avertit l'économiste Nouriel Roubini.
Les analystes jugent généralement que, tant que le marché de l'emploi tient bon, cela devrait permettre aux marchés de digérer le problème. Certains jugent même la crise actuelle saine, car elle permettra de faire le ménage dans des pratiques de prêts douteuses -- sans vérification des revenus, des antécédents bancaires, sans apport.
Mais les inquiétudes grandissent sur les craintes d'une récession, évoquée récemment par l'ancien président de la Réserve fédérale Alan Greenspan. Face à ces risques, le sénateur démocrate Christopher Dodd, président de la commission bancaire du Sénat, n'a pas exclu de légiférer. "En pointillé, cela signifie que le pourrissement dans les prêts ‘subprime’ est tel que le secteur pourrait avoir besoin d'un sauvetage indirect de la part de l'Etat", estiment les analystes de Prudential Equity Group.