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04/01/2023

Belgique: Un marché des matériaux incertain et volatil en 2023

Les prix de certains matériaux de construction affichent tantôt une hausse tantôt une baisse. Quelles sont les tendances actuelles et les prévisions pour 2023?

Les prix des matériaux de construction grimpent depuis de nombreux mois, faisant grincer des dents entrepreneurs, architectes et même assureurs. De fait, l’indice Abex, qui est calculé sur leur base et qui sert lui-même au calcul du montant des primes d’assurances-incendie, a progressé de près de 11% entre novembre 2021 et novembre 2022. "Nous avons constaté que les entrepreneurs délivraient des devis encore plus élevés cette année qu’en 2021", reconnaît le président de l’Abex, Alain Coppe. "Les trois principaux secteurs où les prix ont grimpé au premier semestre sont le bois, l’acier et les isolants", détaille-t-il. "L’ensemble des matériaux est plus cher aujourd’hui qu’avant la crise sanitaire et surtout la crise énergétique", appuie Jean-Pierre Liebaert, directeur du service d’études d'Embuild, l'association belge de la construction. Il précise: "Ce sont surtout les matériaux nécessitant un temps de cuisson ou du transport qui sont les plus impactés par les augmentations de prix ces derniers mois (ciment, tuiles, etc., NDLR). »

"Les trois principaux secteurs où les prix ont grimpé au premier semestre sont le bois, l’acier et les isolants."

Alain Coppe, président de l’Abex

Accalmie sur le bois et les métaux

Mais le soufflé semble désormais partiellement retomber. De fait, la tendance généralisée à la hausse n’est plus depuis quelques semaines. Embuild observe des baisses de prix, notamment pour le bois, les métaux et les produits chimiques. "Une série de matériaux, essentiellement les métaux et le bois, ont connu un recul à partir de mai, avec une baisse moyenne de 8%. Le ralentissement économique et les marchés internationaux pèsent sur la demande mondiale, ce qui fait baisser le prix de certains matériaux", explique Jean-Pierre Liebaert.

Les prix des métaux et du bois ont reculé de 8% depuis le mois de mai, selon Embuild.

"Les bois de charpente, c’est-à-dire les bois de construction, ont diminué", confirme Jean-Marie Godefroid, gérant de Bois Emoi. "Cela nous permet d’être plus concurrentiels face aux autres techniques de construction (béton...) qui continuent d’augmenter", se réjouit l’entrepreneur, qui cite le sapin comme étant l’essence de bois ayant le plus baissé ces dernières semaines.

Le recul de prix ne concerne toutefois que le bois de charpente. Les bois pour la menuiserie (chêne, hêtre et les bois régionaux comme le cèdre ou le mélèze) restent plus chers ou plus difficiles à trouver.

Le ciment et les tuiles en forte hausse

Les autres matériaux ont connu une évolution haussière au cours de la même période, avec une hausse moyenne de 6%, chiffre la Embuild. Les plus énergivores sont les plus concernés par les hausses de prix, notamment la terre cuite ou encore le ciment.

"Les disponibilités et les prix se compliquent pour les matériaux en terre cuite, comme les tuiles."

Jean-Marie Godefroid, gérant de Bois Emoi

"Les disponibilités et les prix se compliquent pour les matériaux en terre cuite, comme les tuiles", prévient le gérant de Bois Emoi. En plus de ces deux contraintes, une troisième s’ajoute pour les entrepreneurs qui rénovent ou construisent des toitures en tuiles: "Les fournisseurs nous préviennent déjà que certains matériaux en terre cuite ne seront plus commandables par quantité minimum, mais par toiture complète. On ne pourra donc plus réparer une toiture dont une série de tuiles s’est envolée lors d’une tempête", s’inquiète Jean-Marie Godefroid.

Côté châssis, si les prix du bois, du PVC et de l’aluminium ont augmenté ces deux dernières années, le secteur est désormais confronté à la hausse des prix du vitrage depuis la fin de l’été. "Leur prix a augmenté de plus de 20% depuis le mois de septembre", chiffre Gauthier Courtin, directeur commercial d’Abihome, qui voit également les délais s’allonger dans ce secteur.

"Le prix des vitrages a augmenté de plus de 20% depuis le mois de septembre."

Gauthier Courtin, directeur commercial d’Abihome

Volatilité et incertitude en 2023

Gaultier Courtin anticipe pour 2023 des prix toujours haussiers pour le vitrage. "Et l'on s’attend à des prix plus élevés d'environ 10% pour l’aluminium et d’environ 5 ou 6% pour le PVC", précise le spécialiste.

Jean-Marie Godefroid, de son côté, ne sait pas à quoi s’attendre après deux années de hausses de prix: "On ne maîtrise absolument plus les coûts, on ne sait pas vers quoi on va." L’architecte Fabrizio Trobbiani décrit un climat d’incertitude pour le secteur. "Même quand les prix descendent, nous sommes devenus méfiants. La situation n’est pas stable et il faudra certainement encore attendre avant qu’elle le devienne."

Pour Embuild, il faut distinguer les produits dont les prix sont liés aux matières premières et ceux dont les prix sont liés à l’énergie. "On ne s’attend pas, suite au ralentissement de l’économie mondiale, à une forte reprise durant le 1er semestre de 2023. Dès lors, on aura probablement une poursuite des baisses pour les matériaux liés aux matières premières, comme le bois et les métaux. Toutefois, pour ceux liés aux prix de l’énergie, les perspectives sont plus difficiles à donner, dans la mesure où cela dépendra de l’évolution des prix du gaz et de l’électricité, qui sont très volatils, et de leur impact sur les contrats énergétiques des producteurs de matériaux", détaille Jean-Pierre Liebaert. 

Des prix plus stables pour les photovoltaïques

Les prix des panneaux photovoltaïques ont, eux aussi, grimpé sans cesse ces deux dernières années. "Les tarifs des composants (silicium, métaux...), ainsi que les coûts de transport restaient élevés. Cela, conjugué à une demande de plus en plus forte et une augmentation des capacités des fabricants qui tardait à venir, a mené à une augmentation des prix des photovoltaïques de plus de 30% depuis 2019", détaille Benoît Fosseprez, directeur de Green Energy. "Mais aujourd’hui, les tarifs des composants refluent et les fabricants ont davantage de capacités", selon le spécialiste. Le secteur entrevoit une stabilisation des prix pour les mois à venir. "Nous préférons rester prudents et ne pas envisager de baisse des prix, mais plutôt de la stabilité pour 2023", soutient Alexis Vander Putten, CEO d’Energreen.

Source L'Echo par Mathilde Ridole