Pages

13/08/2025

Estuaire de la Gironde : la vase, une ressource possible pour la construction ? Les avancées d’un collectif de recherche

Faire de la vase un matériau d’avenir, c’est l’objectif du collectif scientifique et artistique qui a investi pendant plusieurs semaines la Maison de Grave, au Verdon-sur-Mer. L’enjeu est grand : des millions de tonnes d’alluvions doivent être draguées chaque année dans l’estuaire de la Gironde

Des briques faites à partir de vase. Des carreaux. De l’émail. Depuis le 21 juin et jusqu’au 31 août 2025, une équipe mêlant compétences scientifiques et artistiques expose les fruits de son travail de recherche sur les alluvions à la Maison de Grave, au Verdon-sur-Mer. C’est que cette matière, souvent considérée comme inutile et problématique, se retrouve en très grande quantité dans l’estuaire de la Gironde.

Un bouchon de vase

« On parle d’un bouchon de vase. En fait, il faut imaginer que ces particules, qui proviennent de l’érosion des sols, sont portées par le fleuve. Au moment où cette eau douce rencontre l’eau salée de l’océan, il se forme un précipité. Les sédiments commencent alors à se déposer », explique Mélanie Bouissière, architecte et céramiste, membre du collectif. Des alluvions charriées par la Garonne et la Dordogne envasent l’estuaire dans des quantités très importantes : un million et demi à 3 millions de tonnes de particules en suspension se déposent ainsi annuellement dans la Gironde.

Autant de sédiments qu’il va falloir draguer. « Pour assurer la navigabilité de l’estuaire comme de la Garonne, ce sont des bateaux qui, toute l’année, sept jours sur sept, aspirent la matière », assure Quentin Prost, membre de l’équipe et docteur en architecture. Un fonctionnement simple mais un travail de fourmi : sous la coque du bateau, un long tube traînant – l’élinde – racle lentement le fond du chenal. Une pompe aspire la vase. L’intervention permet de regagner des dizaines de centimètres de profondeur et assure aux bateaux la navigabilité dans les chenaux.

Près de 10 millions de mètres cubes sont aspirés et… rejetés plus loin en mer

Dans la Gironde, l’opération est fondamentale, la quantité excavée très importante. Non seulement le bouchon de vase est très actif dans le plus grand estuaire d’Europe, mais le Port de Bordeaux, spécialisé dans le commerce de vrac liquide et solide, accueille des navires de grande taille. Le dragage, géré par le Grand Port maritime de Bordeaux, est donc chaque année un chantier de grande envergure : près de 10 millions de mètres cubes sont aspirés et… rejetés plus loin en mer.

Source Sud Ouest par Matthieu Gaillard