Annoncée jeudi 23 janvier aux salariés, la fermeture de la Française des tuiles et briques (LFTB) a été suspendue le lendemain par le groupe Edilians, qui a racheté en 2010 cet établissement installé à Doyet depuis 1951, près de Montluçon, dans l’Allier. "Maintenant, on nous parle de chômage partiel. On ne sait plus sur quel pied danser…", réagit, abattu, un des ouvriers, à la sortie d’usine, lundi 27 janvier, à midi.
Du chômage partiel mis en place
Des banderoles dans le centre du bourg et sur les grilles de l’entreprise évoquent 40 emplois menacés. Elle compte en fait 23 salariés en CDI (contrat à durée indéterminée) et des intérimaires. Ces derniers "sont en contrat jusqu’au 31 janvier normalement. Nous, on continue de travailler pour fermer l’usine dans de bonnes conditions, arrêter les machines proprement et espérer repartir après", analyse un autre salarié.
La procédure d’APLD (activité partielle de longue durée), déclenchée vendredi 24 janvier, devrait entrer en vigueur "début février", croit-il. Pour combien de temps ? "On ne sait pas."
Il faudrait d’abord écouler les stocks importants qui s’accumulent : "Le parc est plein. On a des tonnes de palettes en attente", montre un troisième ouvrier.
Des investissements trop importants
Dans un communiqué, la direction de LFTB évoque un « contexte de marché au plus bas » pour justifier son choix initial. Ce "projet de cessation d’activité » fait suite « à l’impossibilité de supporter de nouveaux investissements majeurs sur un site structurellement plus compétitif malgré trois millions d’euros déjà investis depuis 2010", continue-t-elle. Et c’est l’intervention des pouvoirs publics, notamment du conseil départemental de l’Allier, qui a donné un sursis au site bourbonnais.Le site emploie vingt-trois personnes en CDI et des intérimaires.
Le Département dans la boucle
Contacté directement par Edilians, "j’ai demandé au directeur général [France, NDLR] qu’on trouve une autre solution que la fermeture sèche. Le lendemain, nous avons eu une visio de trois quarts d’heure, à la suite de laquelle ils [Edilians] ont décidé de suspendre la décision de fermeture définitive du site", confirme Claude Riboulet, président du Département de l'Allier.
"Nous allons voir s’il est possible de mettre en place des accompagnements pour les investissements", poursuit l’élu, très prudent.
Une équipe a été montée au sein d’Edilians pour imaginer d’autres solutions. J’ai moi-même mobilisé l’Agence Auvergne Rhône-Alpes Entreprise et le sous-préfet de Montluçon. Je ne dis pas que c’est parfait et je ne sais pas si ça aboutira, mais je suis ça de très près. À voir si on peut mettre en place des accompagnements sur les investissements nécessaires.
Après le Covid-19 et les épisodes de grêle
Les événements sont difficiles à supporter pour le personnel, rapporte un des membres. L’équipe ne s’y attendait pas, suite à l’après Covid-19, dit-il : "L’usine a fait des bénéfices, mais pas assez pour vivre… Au niveau moral, psychologique, c’était difficile de continuer, vendredi dernier…"
Il y a un peu plus de deux ans, LFTB annonçait un carnet de commandes avec "six à sept mois de délai" avant livraison. Il y avait les rénovations liées à l’après pandémie et les épisodes grêleux à Vichy notamment. Mais la direction parlait aussi des difficultés liées à la hausse des coûts de l’énergie et de l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché.