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30/12/2024

Dans l'Ain, les professionnels du BTP en ont assez d’attendre

Le rapport annuel de l'Observatoire de la commande publique de la fédération du BTP de l'Ain reflète l'inquiétude des entreprises.

L'ambiance était morose au siège de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l'Ain, à Bourg-en-Bresse. La 12e présentation de l'Observatoire de la commande publique par Stéphanie Pépin, la technicienne de la CERC, structure chargée d'analyser la santé de la construction en Auvergne-Rhône-Alpes, a mis en évidence la difficile situation dans laquelle se trouvent les professionnels du secteur. 

La commande publique, une bouée de sauvetage qui ne fonctionne plus pour le BTP de l'Ain

La bonne tenue de la commande provenant des collectivités est essentielle dans ce contexte pour les 2 490 entreprises de l'Ain et leurs 15 000 collaborateurs (dont un millier d'intérimaires). Elle représente 80 % des carnets de commande dans les TP et 50 % dans le bâtiment. Lorsque les donneurs d'ordre se font rares, c'est toute l'activité qui s'enrhume, voire pire… Selon Stéphanie Pépin, "la conjoncture est actuellement compliquée… Les indicateurs sont dans le rouge", a-t-elle déclaré en introduction. 

Globalement, la construction neuve est à l'arrêt. Les mises en chantier sont en panne (-35 %). Idem pour les locaux professionnels (-5 %). Du côté des travaux publics, les entreprises ont, en moyenne, une visibilité légèrement supérieure à cinq mois. Mais le dynamisme de la métropole lyonnaise masque les réalités. 

Les défaillances d’entreprise se multiplient pour le BTP dans l'Ain

Le nombre de défaillances d'entreprises a progressé de 42 % (145). "Sans compter celles qui connaissent des soucis de trésorerie", précise un professionnel du bâtiment. L'un de ses collègues va plus loin : "on n'emploie plus d'intérimaires. Le vert (comme la rénovation énergétique) est certes un marché, mais il pèse très peu. Ça va très mal et il n'existe aucun signal positif pour demain. De nombreux projets sont en stand-by." 

Du côté de la Banque de France, l'optimisme est également laissé de côté : "les prévisions ne sont pas favorables dans le gros œuvre et l'attentisme est fort dans le second œuvre", souligne son directeur Thierry Métayer. 

Plus que jamais, la commande publique est vue par les acteurs du BTP comme la bouée de sauvetage. Les communes restent les premières demandeuses, devant les bailleurs sociaux, les intercommunalités et le Département.

Le problème est que la plupart des donneurs d'ordre potentiels n'en finissent plus d'attendre. L'Ain est en plus le mauvais élève de la région Auvergne-Rhône-Alpes en ce qui concerne le taux de réalisation des projets. Seul le Département affiche un joli 100 %.

La hausse des délais de paiement, un vrai problème pour le BTP dans l'Ain

A ce panorama peu réjouissant s’ajoutent quelques mauvaises pratiques. "Dans les travaux publics, les retards de paiement sont de plus en plus nombreux, dénonce Patrice Fontenat, chef d’entreprise et président de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ain. La moyenne est de 62 jours en plus des 30 jours légaux. La moitié des entreprises du département sont confrontées à ce phénomène. Quand on s’en inquiète, on nous répond que c’est le manque de personnel ou de formation qui provoque le retard."

David Soret, dirigeant du groupe Floriot, lui emboîte le pas : "et pendant ce temps, nous devons payer les salaires tous les mois !" Plusieurs voix s’élèvent alors pour réclamer l’application de pénalités dissuasives.

La préfète de l’Ain, Chantal Mauchet, a pris bonne note : "nous ferons une relance en direction des collectivités pour demander le règlement des factures sans attendre." Le mot de la fin est revenu au président de la Fédération de l'Ain du BTP, Mathieu Bielokopytoff : "espérons que le bâtiment reparte et que la commande publique se tienne. Il y a urgence !"

Source Mes Infos