Quand on fabriquait des tuiles et des briques à Oingt
Tout commence au XIXe siècle par l’implantation d’une tuilerie à Oingt, suite aux recherches minières de charbon restées infructueuses. Le sous-sol près du château de Prony se révèle cependant riche en argile, suite au creusement de puits. Alexandre Dejoux qui avait établi sa tuilerie et son auberge aux Pont Tarrets, cède ses installations pour s'installer à Oingt en 1865.
Il ouvre une carrière pour extraire l'argile, fait construire un four à bois et un petit bâtiment, puis une habitation pour sa famille et un hangar en bois. Mais l'histoire s'arrête en 1875 par sa faillite et la tuilerie est cédée à Michel Dubet.
En 1900, le bois est remplacé par le charbon pour la cuisson au four, la production est de 96 000 tuiles, 18 000 plotets, 2 400 carreaux et près de 2 000 briques.
Ces briques sont fabriquées par une main d'oeuvre creusoise, venant de mars à fin novembre. La Première Guerre mondiale se profile et Antoine Dubet succède à son père.
La tâche est ardue d'autant plus que le puits a la fâcheuse tendance d'être inondé, ce qui produit un argile trop gras. Il faut le mélanger avec un grès plus siliceux, trouvé sur la route du Saule d'Oingt.
L'ère de la mécanisation
La Seconde Guerre mondiale arrive, avec pour conséquences une perte de main d'oeuvre. Parallèlement, la machine à vapeur puis à pétrole et l'électricité entraînent la mécanisation et une production de 400 à 600 briques par heure.En 1943, la Tuilerie de Prony devenue société anonyme, se transmet de fils en arrière-petit-fils jusqu'en 1974 où débute une nouvelle ère industrielle, avec la fabrication en grande série des briques, des tuiles dites "mécaniques", tout en gardant le savoir-faire transmis de génération en génération.
L'entreprise se dirige vers la restauration du patrimoine bâti, au niveau local et hexagonal, voire international, avec une dizaine de salariés et participe à la restauration du monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse, des aqueducs de Beaunant, ses cathédrales de Grenoble, Vienne ou Lyon, de la basilique de Fourvière, de l’abbatiale d’Issoire ou encore du monastère de la Grande Chartreuse.
La grande histoire de la tuilerie de Oingt se termine au printemps 2013, lorsque Bernard Dubet cesse son activité et confie sa tuilerie en gérance, reprise qui ne durera que six ans. La Tuilerie de Prony ferme définitivement ses carrières, ateliers, séchoirs et fours en 2019. Plusieurs projets avortés n'ont pas vu le jour.
Source Le Patriote Beaujolais par Denis Brudzynski