Depuis le 15 octobre et jusqu’au 15 décembre, l’exposition "Le Tarn en céramiques", prêtée gracieusement par les Archives Départementales, fait escale à l’Archéocrypte de Lagrave, dans la salle dédiée aux présentations temporaires. Le public peut la visiter les mercredis, samedis et dimanches entre 14 heures et 19 heures. Briques et tuiles, avant d’inspirer les photographes qui captent leurs flamboiements au couchant, ont marqué les toponymes : combien de hameaux et de rues La Briquèterie, La Tuilerie ? L’argile était abondante du côté de Marssac et Montans – entre autres- et bonne à ériger des murs et couvrir des toits. Les panneaux tracent, avec des explications claires et de nombreuses photos, la longue histoire de ces métiers de première nécessité. On remonte les siècles : une cheminée de briquetier à Loupiac, un four arasé d’une faïencerie à L’Albinque, un autre "L’écuelle" à Saint-Benoît. Le XIXème réglemente déjà et interdit les fours ouverts qui enfumaient le voisinage. Place aux fours fermés et aux cheminées.
Les modèles se diversifient : les intermittents font une seule fournée, les "flammes réversibles" se répandent à partir de 1920, les "droits (verticaux) où la flamme monte, les "continus" avec leurs trois "zones" de précuisson, cuisson et refroidissement.
Les teuliers eux aussi répartissent leur savoir-faire sur les tuiles canal, les barrots pour les cloisons et les carreaux de sol. La production mécanique arrive, mais l’esprit d’artisan conduit certains à signer leurs briquettes (P. Fedou Algans, Camboulives Réalmont) comme leurs lointains devanciers de Montans. La céramique a sa place dans l’exposition : vases à poucier de Broze, "pegaus" de Montans, et, plus luxueux, un grand plat vernissé du XVIIIe siècle produit àGiroussens. Les derniers panneaux évoquent les teuliers albigeois du Bout du Pont. Ils étaient nombreux : 17 briqueteries en 1844, déjà suspectés d’enfumer le quartier. Un décret impérial de 1 810 diligentait une enquête, le riverain pétitionnaire existait déjà. Certaines fabriques se sont transmises depuis le XVIe siècle comme celle d’Alfred Monestiès à Fonvialane qui fut maire d’Albi de 1890 à 1892. La brique et la tuile ont marqué la vie et les paysages, elles sont devenues "patrimoine" des villes roses. Matériaux identitaires et identifiants d’un sud qui plaît et attire.