"On nous prend pour des imbéciles"
"Après moult augmentations durant toute cette année 2023, Terreal nous annonce une nouvelle hausse des tuiles en terre cuite de 26 % au 1er janvier, alors que rien ne le justifie", poursuit le patron des Matériaux de la Cité. La Covid, la guerre en Ukraine, la hausse de l’énergie ont bon dos selon eux, et nos interlocuteurs optent sur le fait qu’ayant été bridés durant une dizaine d’années sur les hausses tarifaires, les différents fabricants se rattrapent en 2023 et profitent de la situation.
Un gros tas de feuilles de papier dans les mains, Sylvain Pascaud rajoute : "Jusqu’alors nous avions un tarif. Désormais, vous les avez là, ce sont trois par mois bien souvent pour certains de nos fournisseurs. Nous avons dû embaucher une personne qui ne fait que classer les différents tarifs et réajuster les prix. Nous n’avons plus aucune visibilité et nos clients artisans sont confrontés à ces différentes hausses en vue d’établir un devis fiable dans le temps". Pour Olivier Coulon, cela entraîne des marchés qui ne sont plus chiffrés tant la volatilité des prix est de plus en plus importante. Les deux hommes disent stop à toutes ces hausses, sous le couvert de la crise, une excuse à tout. Le négociant en matériaux va plus loin encore : "Lorsque des fournisseurs nous livrent des marchandises fabriquées en février 2022 et facturent aujourd’hui avec un écart de 60 %, on nous prend pour des imbéciles". Le président de la Capeb y va d’un autre exemple : "Alors que le cours de l’acier est revenu à celui de 2018, on nous annonce des augmentations de 80 % par rapport à il y a quatre ans". Alors que le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Lemaire a institué une commission de transparence des prix dans l’agroalimentaire, on regrette ici que cela n’est pas fait pour la filière du bâtiment. Si y est ajoutée la hausse des prêts bancaires, le client ne peut plus suivre les répercussions des prix des fournisseurs : une mise en péril du carnet de commandes des artisans. Pour rester sur une note optimiste, Olivier Coulon aspire à trouver des solutions en espérant que chacun puisse faire un effort grâce à une charte de solidarité, l’union sacrée des industriels du BTP.