Le marché français de la tuile représente 42 millions de m² de toitures en 2021, soit autour de 320.000 toits. Terreal (699 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021, 3.228 collaborateurs dans le monde), deuxième fabricant européen de tuiles en terre cuite, représente autour d'un tiers des toits français, soit un peu plus de 105.000 toits par an. Or, la fabrication des tuiles une industrie dont le procédé de production consomme beaucoup d'énergie électrique et thermique. Chez Terreal, les énergies nécessaires à la fabrication des tuiles sont réparties comme suit : 85% de gaz naturel et 15% de l'électricité.
L'entreprise face à un prix du gaz presque multiplié par dix
« Le gaz qu'on achetait entre 15 et 20 euros du kilowattheure avant la crise, varie désormais de 120 à 140 euros du kilowattheure, à cause de la baisse des livraisons du gaz russe vers l'Europe », constate Jean-Baptiste Fayet, directeur général de Terreal.
Des augmentations significatives qui ont des conséquences sur les coûts de production. « L'énergie représente 20% du coût total de la fabrication d'une tuile », précise-t-il. Et par ricochet, sur les prix à la vente :
« Nous avons passé des hausses importantes, à deux chiffres, en janvier sur le prix des tuiles, puis en avril alors que, d'habitude, les augmentations annuelles sont de l'ordre de 3% », confie Jean-Baptiste Fayet.
Le fabricant français de matériaux de construction en terre cuite a même été contraint d'arrêter la production durant deux à trois semaines en début d'année, sur deux de ses sites français, à cause de la hausse du prix du gaz... Toutefois, l'industriel reste positif car le marché du bâtiment est bien orienté pour 2022 et les carnets de commandes sont remplis. « Pour des contrats en rénovation de toiture, la fourniture de matériaux représente 30% du devis. Certes, la hausse de nos prix entraîne une répercussion sur les devis des couvreurs à leurs clients. Mais, finalement, elle ne pèse qu'un tiers du devis, soit entre 10% et 15% de hausse sur les devis des couvreurs pour les clients finaux », précise-t-il.
À Chagny, on récupère la chaleur pour réduire la consommation de gaz
Depuis juin, le site de Chagny est le deuxième du groupe - après celui du site de Mureaux (Yvelines) - à se doter d'un échangeur thermique, fruit d'un travail de recherche qui a débuté en 2016. « Le principe est de transformer la chaleur issue de la cuisson des tuiles qui avoisine les 1.000°C, via un échangeur tubulaire, en énergie pour alimenter le site de production des matières premières et ainsi réduire la consommation de gaz », explique Xavier Grosjean, responsable du pôle ingénierie chez Terreal.
Cela représente une économie de 9.000 MWh pour un fonctionnement de 5.200 heures par an, soit l'équivalent de 900 maisons individuelles chauffées. L'échangeur permet aussi d'éviter 1.675 tonnes de rejets de CO2 par an, soit une baisse d'environ -15% des émissions directes du site.
Le projet de Chagny a été financé à 45% par l'Ademe et la Région Bourgogne-Franche-Comté.
Objectifs : diminuer de 30% ses émissions de CO2 à l'horizon 2030
« Ce type d'investissement fait partie de notre feuille de route de décarbonation. Nous sommes plus que jamais axés sur ces projets afin d'être plus efficaces en termes d'énergie et plus vertueux en émissions de carbone », souligne Jean-Baptiste Fayet.
Certifiée ISO 5001 pour le management de l'énergie, l'entreprise est engagée dans une démarche d'amélioration continue. Deux autres sites français sont déjà à l'étude pour engager des projets similaires dès cette année. « Chagny a servi de pilote en termes de choix technologiques et surtout de matériaux », indique-t-il.
Dans son programme de réduction énergétique, Terreal envisage une soixantaine de projets pour arriver à son objectif de diminuer de 30% ses émissions de CO2 d'ici à 2030 : substitution du gaz par d'autres énergies, telles que la biomasse, le gaz de synthèse avec des productions en local, le biogaz (le site de Chagny est alimenté par une usine de méthanisation à hauteur de 30% de ses consommations d'énergie), des systèmes solaires électriques, de la production d'eau chaude électrique, etc. « C'est l'ensemble de tous ces projets qui va nous permettre d'atteindre nos objectifs », assure Jean-Baptiste Fayet.
Source La Tribune par Amandine Ibled