Pour autant, en 2021, les livraisons de granulats et de BPE devraient quasiment retrouver leur niveau d’avant crise à la faveur d’un contexte conjoncturel plutôt porteur côté Bâtiment. Dans ce secteur en effet, le climat des affaires demeure très favorable et la demande ne faiblit pas.
Côté travaux publics, en revanche, l’activité n’a pas encore retrouvé le niveau de 2019 et les carnets de commandes, notamment de la clientèle publique, tardent à se regarnir.
Climat des affaires au beau fixe dans le bâtiment
Le moral des chefs d’entreprise du bâtiment ne faiblit pas. En effet, selon l’enquête menée en décembre par l’INSEE, le climat des affaires gagne encore deux points se situant 16 % au-dessus de sa moyenne de long terme. Encore plus optimistes sur l’évolution à venir de leur activité que le mois précédent, les entrepreneurs sont également plus nombreux à juger que le niveau de leurs carnets de commandes est supérieur à la normale.
Dans le gros œuvre, avec 9,8 mois de travaux en stock, les carnets surpassent de 3,5 mois leur niveau moyen de long terme. En dépit d’une hausse des effectifs, les chefs d’entreprise sont toujours confrontés à un manque de personnel et les difficultés d’approvisionnement continuent de limiter leur production.
Dans le segment du gros œuvre, plus de la moitié des entreprises (57,3 %) ne pourrait produire plus s’il en était besoin compte tenu de leurs moyens actuels (contre 33,7 % en moyenne sur longue période) et 71,8 % éprouvent des difficultés à recruter (contre 50,8 % en moyenne).
Quant aux problèmes d’approvisionnement de matériaux, ils continuent de se durcir : près d’un tiers des entreprises du bâtiment y sont confrontées en décembre, contre un quart d’entre elles il y a 6 mois, soit beaucoup plus qu’en situation “normale” (moins de 5 %).
Côté construction, l’activité de mise en chantier de logements a gagné + 0,6 % de septembre à novembre, sur le trimestre précédent, une hausse surtout liée à la dynamique de la maison individuelle (+ 4,4 % contre - 2,1 % pour le collectif, données CVS-CJO).
En cumul depuis janvier, on enregistre une hausse de + 13,6 % sur un an des logements commencés (soit + 2,6 % comparé à 2019), la progression étant partagée entre l’individuel (+ 14,3 % et + 6,4 % comparé à 2019) et le collectif (+ 13,1 % et 0 % comparé à 2019). S’agissant des permis, leur nombre a reculé de - 1 % au cours de trois derniers mois (septembre à novembre) comparé aux trois mois précédents avec une dynamique contrastée entre le segment de l’individuel (- 4,2 %) et celui du collectif (+ 1,7 %) (données CVS-CJO). Au total, sur les onze mois de 2021, les autorisations de construire des logements augmentent de + 21,5 % sur un an (dont + 29 % pour l’individuel et + 15,9 % pour le collectif hors résidence) et affichent également une hausse au regard de 2019 (+ 5,9 % dont + 11 % pour l’individuel et- 0,6 % pour le collectif hors résidence).
Cette dynamique devrait alimenter l’activité constructive en 2022 : dans son dernier scénario prévisionnel, la Fédération Française du Bâtiment table sur une hausse des mises en chantier de + 2,1 % en 2022 (à 398 000 unités).
En revanche, côté non résidentiel, les surfaces de locaux commencés ne devraient guère évoluer en 2022 (- 0,2 % à 25,1 Millions de m²). À ce jour, ce segment demeure en crise avec des ouvertures de chantier, certes en hausse de + 10,2 % sur les onze mois de 2021 mais encore en recul de - 10,2 % au regard de 2019. Quant aux permis, malgré le rebond de + 14,5 % enregistré en 2021, leur niveau reste - 9,1 % en dessous de celui de 2019. Ces évolutions sont cependant assez peu cohérentes avec, d'une part, le jugement très favorable que portent les entreprises du bâtiment sur l’activité dans le non résidentiel (enquêtes INSEE) et, d’autre part,les budgets primitifs des collectivités locales qui annonçaient une forte progression des dépenses de bâtiment pour 2021.
L’exercice annuel de révision des données sur l’activité constructive qui interviendra le mois prochain permettra peut-être de lever certaines interrogations.