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08/01/2022

A Combronde (Puy-de-Dôme), comment la terre déblayée pour la construction de la zone d'activité va devenir une ressource innovante

En cours de constitution, la société Terre de Combronde souhaite exploiter les dizaines de milliers de mètres cubes de terre qui ont été dégagées à l’occasion de la construction de bâtiments sur la zone d’activité de l’Aize, à Combronde (Puy-de-Dôme). Car l’argile a de l’avenir, notamment dans le secteur de la construction.

Présentation du projet Terre de Combronde, pour exploiter la terre amassée au niveau de la zone artisanale de l'Aize 

D’abord près de 70.000 mètres cubes. Puis encore 60.000 mètres cubes ! Pour construire les bâtiments de Dachser sur la zone d’activités du parc de l’Aize, à Combronde, les engins de chantier ont déblayé et déplacé des monceaux d’argile pour les stocker un peu plus loin, sans destination, sur une parcelle que le syndicat du parc de l’Aize gardait en réserve foncière.

Ce gigantesque tas de terre n’est pas passé inaperçu de Jacky Jeannet. Depuis plusieurs décennies, cet architecte installé à Loubeyrat s’intéresse de près aux techniques de construction en terre crue. Alors, en douce, d’abord, il en a glané une ou deux brouettes « pour faire des tests ». Puis il est revenu avec un camion (et des autorisations, cette fois), pour en récupérer de nouveau et les utiliser dans ses projets architecturaux. C’est ainsi qu’est née l’idée d’exploiter à plus grande échelle cette argile encombrant par le biais d’une société en cours de constitution, qui sera baptisée Terre de Combronde.

Un très large panel de possibilités d’utilisation

L’utilisation de la terre dans les constructions est loin d’être une nouveauté. Elle est utilisée depuis près de 11.000 ans. Ces dernières décennies en France, pourtant, les partisans de la terre crue ont longtemps eu l’impression de « prêcher dans le désert ». Ce sentiment s’est aujourd’hui un peu dissipé. Les techniques de construction avec de la terre crue font leur grand retour depuis quelques années. Car les qualités de ce matériau se sont imposées. La nouvelle école de Maringues, par exemple, ce sont 150 mètres cubes de terre crue coulée (provenant de Sermentizon) qui ont été utilisés pour les murs intérieurs du bâtiment. « La terre n’a pas de concurrent pour l’inertie. Son avenir, il est là », insiste l’architecte.

Les tests réalisés sur la terre de Combronde permettent d’imaginer une large utilisation à ce matériau : enduits, torchis, mortiers isolants, terre coulée pour être utilisée comme du béton, brique de terre pressée, adobe…  « La seule chose qu’on ne peut pas faire avec la terre de Combronde, c’est du pisé », modère Jacky Jeannet.

L’objectif d’être vertueuse dès le démarrage

C’est donc pour offrir des débouchés à cette ressource locale, de qualité, abondante, bon marché et écologique que la société Terre de Combronde va être créée, probablement sous la forme d’une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). 

« L’objectif principal est de mettre du matériel et des matériaux à disposition des entreprises et des particuliers. On veut vendre localement, jusque dans les départements limitrophes. S’il y a de la demande plus loin, on ne transportera pas les matériaux mais on trouvera d’autres sources pour monter d’autres projets. »

Car l’entreprise souhaite être vertueuse dès son démarrage : positive en énergie, tendre vers le zéro plastique et travailler sur un rythme de 32 heures hebdomadaires. L’activité devrait se mette en place dans le courant du mois de janvier et monter progressivement en puissance avec l’envie d’arriver à l’équilibre en six à huit mois. 

Tant du côté du syndicat mixte du parc de l’Aize que de la communauté de communes Combrailles Sioule et Morge, ce projet de laisse pas insensible. Il attire même ces deux structures. « Le développement des filières locales de matériaux bio-sourcées est l’un des objectifs du plan climat air énergie territorial », souligne Sylvain Lelièvre, chargé de mission développement économique pour la collectivité. « Au-delà de l’impact écologique, c’est aussi un projet de développement économique, qui a cet intérêt de ne pas être délocalisable », complète Grégory Bonnet, vice-président en charge de la transition écologique.

Source La Montagne par Jean-Baptiste Ledys