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30/12/2021

Les matériaux et minéraux de construction effacent presque la crise

 L’activité constatée sur les granulats et le béton prêt à l’emploi reviendrait, en 2021, quasiment à son niveau de 2019. Prochains défis pour la filière : la RE2020 et la REP bâtiment.

Retour à la normale pour les matériaux de construction. Ou presque. En 2021, les volumes produits de béton prêt à l’emploi progresseraient de 10% par rapport à 2020, année marquée par les confinements, et de 0,5% par rapport à 2019. La production de granulats grimperait, elle, de 10%, et serait stable par rapport à 2019. « Nous n’imaginions pas que le niveau d’activité en 2021 serait aussi soutenu et constant », se réjouit Alain Boisselon, président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem, 7100 sites industriels, 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 31 000 salariés).

L’année 2021 s’est toutefois révélée assez chahutée, en raison d’effets de base sur un an : l’activité, tous matériaux confondus (granulats, béton prêt à l’emploi, adjuvants, ciment, tuiles, briques) a progressé de 21,2% au premier trimestre 2021 par rapport au premier trimestre 2020 et de 28,4% au deuxième trimestre, avant de plonger (-8,1%) au troisième trimestre, puis de se reprendre (+11,5% au quatrième trimestre en données arrêtées fin septembre). En 2022, la production de béton prêt à l’emploi resterait proche de son niveau de 2021, portée par la hausse des permis de construire, tandis que les granulats devraient se contenter d’un léger rebond de 1%.

Point de satisfaction pour la profession : les matériaux ont été disponibles immédiatement, sans pénuries de béton prêt à l’emploi ni de granulats. Un maillage « très local » ainsi que des pré-stocks, réalisées en amont de grosses commandes, ont permis de satisfaire la demande. D’après l’Insee, 60% des entreprises du gros œuvre sont tout de même confrontées à des goulots de production et ne peuvent absorber de commandes supplémentaires. D’où la baisse enregistrée au troisième trimestre : « les tensions sur les capacités productives du secteur BTP et les difficultés d’approvisionnement ont contribué à ralentir les chantiers, pesant sur la dynamique d’activité dès le début de l’été ».

Des mises en chantier proches de celles de 2021 devraient permettre à la filière de bénéficier d’un maintien de l’activité sur le logement. « La demande de logements est encore portée par des conditions de crédit attractives, malgré le changement des critères du haut conseil de stabilité financière ainsi que différentes mesures (Pinel, prêt à taux zéro…), mais les prix immobiliers sont orientés à la hausse », commente Carole Deneuve, responsable du service économie et statistiques de l’Unicem. La situation s’annonce plus difficile sur les locaux d’activité, dont les mises en chantier devraient baisser en 2022. Côté travaux publics, une reprise des investissements des collectivités locales est à noter.

RE2020 et REP bâtiment au programme de 2022

La méthode de l’analyse du cycle de vie dynamique des bâtiments, retenue dans le cadre de la réglementation environnementale RE2020 qui démarre en janvier, provoque l’ire d’Alain Boisselon. « La demande en matériaux biosourcés ne pourra pas être suivie par l’offre, nous allons devoir en importer. Nous demandons à compter l’ensemble du cycle de vie des matériaux, ainsi qu’une taxe carbone aux frontières de l’Europe. On continuera à se battre sur ce point. »

Autre dossier sur la table à compter du mois de janvier, celui du démarrage d’Ecominero, projet d’éco-organisme opérant sur la future filière de responsabilité élargie du producteur (REP) des matériaux du bâtiment. Celle-ci prévoit que les producteurs et distributeurs de matériaux pour la construction financent, via une éco-contribution, leur collecte et leur fin de vie. L’occasion de soulever un point de complexité pour la filière: les granulats sont destinés à 82% au génie civil et à la voirie (non concernés par la REP). Le béton prêt à l’emploi est dirigé à hauteur de 68% de la production vers le bâtiment (soumis à l’éco-contribution)... Enfin, 43,7% des roches extraites sont achetées par des acteurs du bâtiment, 43% par la filière funéraire et 13,3% pour la voirie. Le ou les éco-organismes retenus auront, entre autres, vocation à définir ces règles de comptage de la production soumise à éco-contribution.

Source L'Usine Nouvelle